La tente installée, ainsi que la barrière magique, ils se posèrent à l’intérieur.
Il faisait encore jour mais le soleil était sur le point de décliner. Il avait été sage de commencer à mettre en place leur installation pour la nuit, tant qu’ils y voyaient encore.
Elle avait ramassé quelques branches de bois sec et ils avaient décidé de l’emplacement.
Ils étaient complémentaires et le montage se déroula sans accroc.
Ils étaient en plein milieu de la forêt.
Le lit était un bloc de racines dans lequel il y avait assez de feuilles mortes pour former un nid douillet.
Un drap assez épais fut posé par dessus pour servir de matelas.
Ils voyageaient léger.
La magie aidait grandement mais certaines choses étaient vitales comme la nourriture.
Leur dernier repas était déjà loin.
Gabriel partit chasser un petit animal tandit qu’Alexandra était allée ramasser des baies et des fruits comestibles.
Ils n’étaient pas loin d’un point d’eau et Gabriel revint assez rapidement avec du poisson qu’ils grillèrent autour d’un petit feu de bois.
Il semblait s’amuser comme un enfant.
Lorsqu’il fit nuit noire, éclairé que par les flammes de leur feu, ils se ressèrrent dans les bras l’un de l’autre et Gabriel lança un sort d’eau pour éteindre proprement les dernières braises avant de retourner dans leur tente de luxe.
Ils se couchèrent habillés parce qu’il ne faisait pas assez chaud pour dormir nus, et qu’il n’y avait pas de couverture. Le drap couette servant de matelas prenait déjà une grande place en plus de leur sacs de voyage.
Leur cape-manteau servirent de petite couverture.
Alexandra s’était roulée en boule dans la sienne et Gabriel s’était collé à elle pour lui donner en plus un pas de sa cape, et la prendre dans ses bras.
Elle semblait déjà s’être endormie et il ne tarda pas à la rejoindre au pays des songes.
Elle se réveilla, d’un coup, dans l’incapacité à se rendormir. Elle avait assez dormi mais il faisait encore nuit et elle pouvait deviner qu’ils étaient en plein milieu de la nuit.
Quelque chose n’allait pas et elle sut tout de suite qu’il y avait une présence dehors. Pas loin de la tente.
Elle ressentit sa présence mais Gabriel dormait à poings fermés.
Elle s’extirpa du lit en douceur pour ne pas le réveiller. Elle allait s’en charger.
Il gromela quelque chose mais se rendormi aussitôt lorsqu’elle se leva.
Elle sourit et sortit de la tente.
Elle ne fit pas quelques pas dehors qu’elle sut à peu près où se trouvait l’intrus, si elle pouvait l’appeler comme ça.
Elle s’arrêta et regarda autour d’elle. Une boule de lumière qu’elle avait invoquée éclairait faiblement les alentours.
— Que voulez-vous ? Sortez de votre cachette.
Dit-elle, en continuant de scruter autour d’elle.
Elle restait sur la défensive. Qui cela pouvait bien être ?
Elle n’eut pas à attendre longtemps que la présence se manifesta.
Une forme humaine, en tunique légère, la peau brune et les cheveux mi-longs, clairs. Ses yeux brillaients d’une couleur dorée. Son apparence était étrange.
— Ah, je ne suis pas déçu d’avoir tant attendu, délicieuse étrangère.
— Qui êtes vous ?!
— Un simple habitant de la forêt des plaisirs. Amusons nous un peu puisque nous sommes ici.
Elle ne comprenait pas, la forêt des plaisirs ? C’est vrai qu’elle n’avait pas regardé les zones alentours sur sa carte lorsqu’elle avait prévu ce voyage. Vaguement elle se rappelait qu’il y avait un lieu qui s’appelait comme ca, un peu plus loin, mais elle ne connaissait pas bien ses habitants.
Non, elle était prête à l’attaquer.
— Tu ne veux pas jouer ? Je ne te veux que du bien, tu peux te détendre, je ne te ferai aucun mal.
— Non, merci, partez.
— Ne dis pas ca.
Il avança vers elle, il s’approcha et elle recula.
Elle était prête à le frapper.
Lorsqu’il s’approcha trop près, tendant sa main vers elle, c’est ce qu’elle fit, elle repoussa violemment sa main, et il eut un mouvement de recul.
— Aïe, mais ça fait mal. Pas la peine d’être aussi violente.
— Je vous ai dit de partir. Je ne sais pas ce que vous voulez mais je ne suis pas intéressée.
— T’es une farouche… ça va me donner du fil à retordre mais c’est amusant…
Des racines vinrent enlacer les chevilles d’Alexandra et la prit par surprise. Elle tenta de se dégager immédiatement mais des lianes descendant des arbres tombèrent sur elle et lui agrippèrent les bras et le cou.
Elle était en danger.
Elle bougea, rapidement pour se dégager à temps, elle avait sous-estimé son adversaire. Destabilisée, elle était maintenant tombée par terre.
— Je suis dans mon habitat, tu n’arriveras pas à me vaincre aussi facilement.
Il s’approcha d’elle mais elle se débattait, et malgré les lianes qui entravaient ses mouvements, elle essayait de le frapper et elle réussit presque, s’il n’avait pas attrapé ses bras pour l’en empêcher.
Elle tenta de lui donner des coups de pieds.
— Oh, mais calme toi ! Je ne vais pas te blesser !
S’exclama t-il, dépassé par cette furie qui ne voulait pas baisser sa garde.
Il la fit inhaler des spores et elle retint sa respiration, le plus longtemps qu’elle put avant de ne plus pouvoir. Elle respira contre sa volonté ces particules fines, elle toussota et essayer de souffler pour dégager l’espace, sans succès. C’était trop tard.
Il pensa et commença à se réjouir qu’elle se laisserait maintenant faire.
Il avait tort. Elle s’arrêta de gigoter pendant quelques secondes avant de se débattre à nouveau.
— Mon aphrodisiaque n’a aucun effet… ? Impossible !
Il avait tort mais elle ne dit rien.
Elle avait ressenti les effets sur son corps. Une chaleur étrange l’avait envahi dans son bas ventre et tout son corps lui criait de se laisser porter par cette agréable sensation.
Elle avait un mental d’acier, du moins c’est ce qu’elle croyait.
— Tu ne me laisses pas le choix…
Elle sentit des picotements dans ses bras.
Lorsqu’elle regarda, des épines étaient en train de s’enfoncer dans sa chair au niveau de ses poignets et elle hurla. Pas très longtemps.
Une substance pénétra dans son sang, elle sentit comme un liquide froid couler dans ses veines et se propager sous sa peau.
Puis plus rien. Elle perdit connaissance.
— Que vais je faire de toi, maintenant… ? Attendre que ton compagnon vienne… ?
Il put l’observer de plus près, maintenant qu’elle était immobile, suspendue par les branches et les racines, les lianes l’entourant.
Il ne risquait plus d’être blessé par un coup de sa part, à présent.
Il caressa ses courbes de ses mains, elle ne pouvait pas réagir et il fut presque déçu de n’entendre aucun son sortir de sa bouche.
Il n’eut pas à attendre longtemps, son partenaire sortit de la tente quelques minutes après. Ne voyant pas revenir sa femme, il fut réveillé et inquiet.
Il avait ouvert les yeux après avoir tâté le lit et ne pas avoir sa femme à ses côtés.
Le cri qu’elle avait poussé n’avait pas réussit à lui parvenir. La tente avait été édifiée sous une barrière magique qui coupait les sons et bruits parasites pour assurer un confort optimal.
Il se rappela qu’elle lui avait dit quelque chose, ou pas, mais elle était sortie. Elle devrait être revenue, mais sa place avait eu le temps de refroidir.
Une angoisse l’envahit, puis il remarqua la présence d’un étranger à l’extérieur. Cela ne le rassurait pas, mais la présence de sa femme n’était pas loin. Elle nétait pas loin.
Il sortit de la tente en restant sur ses gardes, il observa les alentours, s’attendant à une embuscade.
Ils n’étaient pas loin. À une dizaine de mètres de là.
Et lorsqu’il vit cet étranger, il ressemblait à un homme mais il n’en était pas sûr, caresser sa femme. Il vit rouge.
Il était sur le point de le frapper, lorsqu’un nuage de spore vint l’entourer et, pris au dépourvu, il en inhala une partie.
Son érection fut tout de suite visible, à travers son pantalon, et l’inconnu ne se priva pas de le commenter.
— Oh, je vois que monsieur est plutôt bien monté. Vous voulez peut-être vous amuser av-
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Gabriel avait continué son chemin et lui avait écrasé son poing sur son visage, l’envoyant valser plusieurs mètres plus loin, contre un arbre, et raclant le sol.
Il délivra sa femme qui, détachée des lianes et des épines, commença tout de suite à reprendre ses esprits, dans les bras de son époux.
À moitié consciente, elle essaya de lui parler mais ses mots n’avaient aucun sens.
La colère était grande dans la poitrine de Gabriel, et il tremblait lorsqu’il la serrait contre lui.
Il vérifia rapidement qu’elle n’avait rien, et son attention retourna sur le trouble fêteur qui était en train de se relever tout en se massant la joue.
— Bah dis donc, vous êtes du genre violent. C’est pas comme ça qu’on salut quelqu’un qui vous veut du bien…
— Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous allez me le payer. Qu’avez vous fait à ma femme ?!
— Oh là, il y a un malentendu, je n’ai voulu que son bien, j’ai juste dû l’endormir pour ma propre sécurité. Je ne vous veux aucun mal, croyez moi !
L’étranger commençait à paniquer, il ne comptait pas se battre contre lui, ni contre eux, si elle reprenait ses esprits.
Le voyant dubitatif, il continua ses arguments pour se défendre.
— Si j’avais voulu vous faire du mal, j’aurai pu tuer cette délicieuse femme pendant qu’elle était inconsciente… je vous en prie, laissez moi dissiper ce malentendu.
— C’est qui ce… malade… ?
Réussit à dire Alexandra, qui entendait ce qui se passait sans trop réussir à se relever.
— Je ne me suis pas présenté, quel idot je fais. Je suis un habitant de la forêt des plaisirs, on m’appelle Baïfa. J’ai senti votre présence non loin de notre région et je me suis dit que je pourrais vous faire un petit cadeau de bienvenue. Nous avons très peu de visite par chez nous…
— Sans blague, si vous accueillez ainsi tous les visiteurs.. pas étonnant que tout le monde évite votre territoire… !
— Que diriez-vous d’un petit champignon de notre cru ? Il ne nécessite que très peu d’entretien et il procurera un plaisir non négligeable à quiconque souhaiterait l’utiliser, j’en ai de différentes tailles et couleurs, de quoi satisfaire tous les goûts-
Gabriel s’en alla en ignorant le dialogue de vente, il retourna dans la tente pour y allonger sa femme et ressorti régler son différend avec le vendeur.
— Je vous l’offre, alors ne partez pas ! Nous avons mal commencé notre rencontre… pour vous, nous avons des modèles plus adaptés pour votre profil… que diriez-vous de cette mousse ? Elle épouse parfaitement la forme de votre pén-
— Ca ne m’intéresse pas. Ca ne nous intéresse pas et allez vous-en avant que je vous refasse l’autre côté de votre mâchoire.
— … Ne soyez pas comme ça, monsieur… c’est un présent, même des présents ! Je ne vous demande rien en retour !
— Sans façon. Partez avant que cela ne devienne désagreable pour vous.
— Mais… je n’ai rien fait de mal…
— Si c’est ce que vous pensez vraiment, vous allez devoir réfléchir sérieusement à vos actions…
Gabriel invoqua une bourrasque et l’inconnu disparut aussitôt de son champs de vision.
Retournant dans la tente, il se précipita auprès d’Alexandra qui était en train de reprendre ses esprits.
— Est-ce que… comment te sens-tu… ? Je suis tellement désolé… je…
Il était pataud et il ne savait pas quoi dire tellement il se sentait coupable.
— Gabriel… ça va…
Elle tendit la main vers lui pour le calmer. Il l’attrapa aussitôt et l’embrassa.
Assis à ses côtés, il l’enlaça.
— Il ne t’a pas… ?
— Non, je ne crois pas… je n’ai rien, mis à part ces satanées ronces… je crois que je vais bien. Qu’est-ce qu’il voulait… ?
Il la serrait dans ses bras musclés de toutes ses forces, comme s’il avait peur qu’elle disparaisse.
— Aucune idée. Je l’ai fait partir. Je ne pense pas qu’on puisse discuter avec lui.
— … Tu vas finir par me briser les os, si tu continues…
— Pardon… je m’en veux tellement…
— Ne le sois pas, j’ai été imprudente, c’est totalement de ma faute… alors cesse de te tourmenter et finissons cette nuit qui est déjà trop courte…
Il la regarda dans les yeux, et passa ses doigts sur sa joue avant de l’embrasser sur le front.
— D’accord… nous en discuterons demain… enfin dans quelques heures.
Il s’allongea près d’elle, et elle se blottit contre lui pour dormir.
— C’est… ton érection que je sens contre mes fesses… ?
— Oui… excuse moi, c’est l’aphrodisiaque de tout à l’heure qui fait encore effet… n’y prête pas attention…
— Et… tu vas réussir à t’endormir avec cette érection… ?
— … Peut-être.
Elle se retourna pour lui faire face.
Elle le regarda dans les yeux, il avait les joues rouges et il détourna son regard.
Elle approcha son visage du sien, et l’embrassa sur le coin de sa bouche, puis sur ses lèvres.
Il l’attrapa avec fougue pour lui rendre son baiser.
Elle avait eu trop honte de lui avouer, mais l’aphrodisiaque lui avait également fait de l’effet. Elle avait tout fait pour se contrôler et ne rien laisser paraître mais elle avait envie de lui.
— Notre nuit est déjà écourtée…
Dit-elle, à demi-mot, entre deux baisers passionnels.
Il grogna en réponse. Trop occupé à la caresser et la déshabiller.
Heureusement que la tente avait une barrière magique qui isolait le son dans les deux sens.
Ils purent laisser exprimer leur émoi sans se soucier de déranger le voisinage.
Le lendemain matin, ils n’étaient pas très frais.
Il l’embrassa dans le cou, pendant qu’elle essayait de se relever, décoiffée et nue, sous les capes qui avaient servi de couverture. Elle s’habilla et se recoiffa tandis qu’il la regardait, amusé.
— Qu’est-ce que tu es belle…
— Arrête de dire des sottises et dépêche toi… on lève le camp, il nous reste encore du chemin…
— Oui, oui… je serai prêt en un rien de temps, laisse moi juste t’admirer encore un peu.
Elle bailla et elle sortit de la tente pour se débarbouiller au point d’eau le plus proche.
Elle sentit la présence de l’inconnu et n’attendit pas comme hier qu il s approche pour l attaquer et l immboliser.
— Qu’est-ce que tu me veux cette fois ?!
— … Je… j’ai réfléchi à ce que votre mari a dit… hier soir… et je tenais à m’excuser… même si je ne comprends pas vraiment pourquoi… est-ce que vous pouvez me libérer… ? Je promets de ne rien faire…
— Au moindre geste suspect, je te sectionne un membre, compris ?!
Alexandra décida de le relâcher et attendit qu’il s’exprime.
— Euh… merci… enfin… est-ce que vous pourriez m’expliquer ce que j’ai fait de mal… hier soir ? Je sais que nos coutumes peuvent être différentes des autres éthnies, mais ça me dépasse…
Elle soupira.
— C’est peut-être pour ça qu’effectivement, les voyageurs évitent votre région. On ne force pas les gens, comme tu las fait hier soir. Même si c’est pour leur « faire du bien » comme tu le dis. S’ils ne sont pas d’accord, c’est non. Compris ?! Ca sappelle du harcèlement sexuel par chez nous.
— Harcèlement… ?! Oh non, ce n’est rien de tel-
— Ca ne se fait pas, c’est tout. C’est clair ? Je n’ai pas donné mon accord hier soir, et maintenant je veux qu’on me laisse tranquille. À cause de toi j’ai passé une nuit très courte !
— Ah, j’ai cru sentir que vous en aviez quand même profité !
S’exclama t-il, fier de lui.
Elle devint rouge et s’en alla, en l’ignorant.
— Je l’ai véxée… ? Mais il n’y a rien de mal à profiter des plaisirs de la vie… ces gens sont vraiment bizarres… chez nous, on ne se prend pas autant la tête. Hey, ne partez pas !
Il la suivit et ce fut au tour de Gabriel d’intervenir, il le projeta contre un autre arbre, avec la force de ses avant-bras qu’il cala sous son menton.
— Ne t’avise pas de t’approcher de nous une fois de plus, ou je t’explose la tête, la prochaine fois.
— … Oui monsieur…
Une voix au loin se fit entendre.
— Laisse le, Gabriel, on s’en va…
Alexandra était en train de réunir ses dernières affaires. La tente était déjà démontée.
Il le relâcha et retourna auprès d’elle.
— T’es sure… ? Je pourrais le finir maintenant.
— Ca n’en vaut pas la peine. C’est une culture différente, on fera attention à le signaler la prochaine fois qu’on passe pas loin de leur région.
Elle ignorait totalement l’habitant de la forêt, et il eut un pincement au coeur.
Il ne voulait pas causer du tort à son peuple par ses actions.
— S’il vous plaît… je ne veux pas que vous ayez une mauvaise image de mon peuple…
À voir son état abattu, Alexandra eut un peu de sympathie, Gabriel lâcha un soupir de désapprobation.
— Le problème, c’est que je crois que c’est le genre de situation qui arrive beaucoup trop souvent. Vos agissements nuisent à votre réputation.
— Je…
— Si vous êtes encore dans les parages à votre retour, nous en discuterons. J’ai peut-être une idée mais là nous sommes pressés
Finit par dire Alexandra.
— Tu es sure… ? Ou c’était un stratagème pour qu’il arrête de nous suivre… ?
Demanda Gabriel, en chuchottant.
— Non, je suis sincère… peut-être qu’une boutique pour adultes serait la bienvenue, dans notre région. Qu’en penses-tu… ?
— … C’est vrai que nous n’en avons pas… ça pourrait être une idée… tu es…
— Je n’ai encore rien décidé, on devra en discuter plus sérieusement après notre voyage d’affaire… !
2021.02.07