Réputation

Marianne avait emmené Annabelle avec elle à cette soirée professionnelle.
Elle voulait lui montrer et lui faire découvrir le monde dans lequel elle vivait, mais également montrer aux autres à quel point elle était épanouie d’être avec Annabelle. Elle n’avait aucune raison d’avoir honte d’elle. Elles avait passé un certain temps pour choisir une tenue adéquate.

Marianne portait une robe à grand décolté noire et longue, qui laissait apparaître ses épaules larges et son dos musclé. Des boucles d’oreilles longues et fines et un collier un peu plus large au ras du cou.
Elle avait coiffé ses cheveux en une queue de cheval haute, fluide et sombre qui retombait derrière elle.

Annabelle était dans une robe blanc cassé qui accentuait son teint pâle et la blondeur de ses cheveux.
Ceintrée comme il fallait à la taille, elle mettait en valeur sa poitrine généreuse sans trop en faire, la coupe de la robe était en col V, et des boutons en tissu descendaient jusqu’en bas.
Ses longs cheveux blonds étaient coiffés dans un style bohémien très léger.

Annabelle s’était accrochée au bras de Marianne et n’osait pas regarder les autres. Elle ne se sentait pas à sa place. Marianne la rassurait et lui rappelait qu’elle était très belle et qu’elle n’avait aucune raison de se cacher ni baisser la tête.
Tout était trop lumineux pour elle, les lustres, la moquette trop propre, les meubles vernis et brillants, les bijoux des invités qui scintillaient à la lumière, tout.
C’était trop luxueux que c’en était gênant.
Alors elle resta accrochée au bras de Marianne, de peur de se faire engloutir par cette foule qui semblait la juger.

Duncan faisait partie des convives, et il remarqua l’arrivée de ces deux femmes. Il sortit discrètement son téléphone pour prendre une photo d’elles.
Elles étaient toutes les deux sublimes et il savait que cela ferait plaisir à Marianne d’avoir une photo souvenir de cette soirée.
Depuis le dernier épisode où il avait merdé, il savait que Marianne était un peu en froid avec lui.
Surtout Annabelle qui faisait tout pour l’éviter et il ne pouvait pas lui en vouloir. Il savait qu’elle ne le portait pas dans son coeur et il resta à l’écart pour respecter cela. Il espérait au fond de lui qu’elle lui pardonne un jour. Il devait réfléchir à un moyen de se faire pardonner. Il s’éloigna en les laissant profiter de cette soirée sans lui.

*

Marianne avait dû s’éloigner et aller aux toilettes.
Laissant Annabelle seule sur le comptoir du bar.
Au bout de quelques minutes à peine, quelques hommes étaient venus l’aborder.
Ils connaissaient Marianne de loin, de réputation et ils n’auraient jamais osé s’approcher en sachant qu’elle était dans les parages, mais la petite perle qu’elle protégeait était maintenant seule et ils ne se gênèrent pas pour aller faire connaissance avec la jeune femme.
Annabelle paniqua. Elle ne savait pas comment réagir ni quoi dire sans la crainte de mal faire.
Les hommes étaient déjà un peu alcoolisés par la soirée et joyeux, ils lui forcèrent un peu la main pour la décoincer et qu’elle accepte de les suivre pour s’amuser plus.
Annabelle ne savait pas refuser sans paraître impolie.

Duncan avait repéré ces hommes et il cherchait des yeux Marianne en espérant qu’elle intervienne.
Malheureusement elle n’était pas à côté et il soupira.
Il devait faire quelque chose.
Il s’approcha d’Annabelle et jeta un regard noir aux hommes qui essayaient de l’emmener ailleurs.

— Est-ce que je peux vous aider, messieurs ?

Ils blêmirent et décidèrent de s’en aller.
Annabelle ne savait pas qui elle devait craindre le plus.
À la vision de Duncan, elle se crispa et n’osa pas le regarder. Cela lui rappelait trop de mauvais souvenirs.

— Bonsoir Annabelle… je ne vais pas t’importuner longtemps… où est Marianne ?
— Elle… elle est partie aux toilettes.
— Ah… l’appel de la nature… bon, je m’en vais dès qu’elle reviendra. Est-ce que je peux te commander quelque chose en attendant ? Je vois que tu n’as rien à boire.
— …
— J’imagine que tu n’as pas osé demander au barman ? Ou alors tu ne sais pas quoi choisir… ?
— Si c’est pour vous moquer de moi, je crois que je préfère encore la compagnie des autres hommes.

Elle n’y pouvait rien, ses poils se hérissaient à sa vue et à sa proximité. Cela lui rappelait les mauvais moments comme s’ils s’étaient déroulés la veille.

— Ecoute… je suis vraiment désolé pour ce que j’ai fait…
— Vous comprenez que je ne peux pas juste vous pardonner et oublier….

Elle savait et ce n’était pas la première fois qu’il essayait d’acheter son pardon, mais elle ne contrôlait pas ce qu’elle pouvait ressentir à son égard.

Marianne revint enfin et elle ne reconnut pas immédiatement Duncan de dos.

— Je peux vous aider ?
— Marianne.
— Duncan.
— Je vous laisse, bonne soirée.

Duncan s’éclipsa.

— Est-ce qu’il s’est passé quelque chose… ? Est-ce qu’il a fait quelque chose… ?
Demanda Marianne, inquiète.

— Non, enfin si… je me suis fait aborder par des hommes peu de temps après que tu sois partie… Duncan les a fait fuir…
— Je suis désolée, j’aurais dû-
— Non, ce n’est pas grave. Tu es là maintenant.

Annabelle sourit à Marianne, lui attrapa le bras à nouveau, et se colla à elle.
Elle ne voulait pas gâcher cette soirée.
Marianne serra la main d’Annabelle autour de son bras, et l’emmena ailleurs pour profiter de la soirée.

Elles burent quelques cocktails, grignotèrent quelques amuse-bouches.
Marianne présentait les invités les plus importants à Annabelle, de loin, racontant ce qu’ils faisaient et une partie de leur parcours.
Elles durent également saluer d’autres personnes importantes.
Annabelle était timide, elle avait l’impression que son statut était marqué au fer rouge sur son front.
Marianne la présentait pourtant comme sa compagne, sans entrer dans les détails.
Les interlocuteurs semblaient accepter cette présentation sans broncher, et ils la saluaient avec le même respect que pour Marianne, avant de s’éclipser retrouver d’autres personnes.

La soirée passa relativement vite.
Il y eut un discours, des verres à trinquer, une partie dansante avec de la musique classique, pour l’ouverture de la piste, puis progressivement la musique fut plus électronique et dans un rythme plus rapide.
L’acoustique avait été pensée pour que les salles adjacentes ne soient pas affectées par le bruit.

Elles s’étaient posées dans un fauteuil, profitant que la plupart des invités s’étaient orientés vers la salle dansante.
Annabelle était un peu fatiguée, c’était beaucoup d’émotions pour elle, et surtout beaucoup trop d’alcool, elle qui n’était pas tellement habituée à boire.
Le peu qu’elle avait grignoté n’avait pas réussi à éponger ce qu’elle avait ingéré en cocktails sucrés et alcoolisés.
Elle ne s’était pas rendue compte du taux d’alcool dans ses boissons.
Elle avait la tête qui tournait légèrement et elle commençait à s’assoupir.

— Annabelle… ?
Marianne l’interpellait pour la troisième fois.

— Hm… ?
Finit-elle par répondre, la tête posée sur l’épaule de Marianne, les yeux fermés.

L’effet inhibiteur décuplait sa sensation de bien-être et de bonheur aux côtés de Marianne. Elle se sentait comme dans du coton.
Elle était dans un état second.

— Tu es sûre que ça va… ?
S’inquiétait Marianne.

— Hm… oui… je me repose encore quelques secondes et on va aller danser…
— Je ne crois pas… On va rentrer… il commence à se faire tard.

— Oh non… pas maintenant…
Chouinait Annabelle, comme une enfant.

— Si si… tu n’es pas en état de danser de toute façon…

Annabelle essayait de tenir tête en insistant le contraire. Mollement.
Elle se releva et faillit perdre l’équilibre.
Marianne la rattrapa.

— Ca suffit maintenant… sois raisonnable.
Lui chuchota Marianne.

Essayant de ne pas la brusquer. Elle craignait qu’Annabelle fasse une scène mais elle se résigna et suivit Marianne en boudant.
Ce qui était une réaction plutôt attendrissante du point de vue de Marianne.

Dans la voiture, Annabelle s’endormit presque aussitôt, avec un sourire aux lèvres.
Marianne l’observait de temps en temps.
Elle espérait qu’Annabelle ait passé une bonne soirée et qu’elle en garde de bons souvenirs.

2022.02.08

2 réflexions sur “Réputation

  1. Fluo dit :

    C’est cool que tu aies continuée l’histoire de Marianne et Annabelle, j’aime beaucoup l’ambiance et le backstory qui s’en dégage.
    Par contre je suis comme Annabelle : jamais je ne pourrais pardonner à Duncan.

    Petites fautes à corriger :
    « Au bout de quelques minutes à peine, que quelques hommes étaient venus l’aborder » => je crois qu’il y a un « que » en trop
    « Il eut un discours » => je crois qu’on dit il y eut un discord. Avoir un discours c’est le posséder, y avoir un discours c’est ce qui s’est déroulé.
    « L’acoustique avait été pensée pour que les salles adjacente ne soient pas affectées par le bruit. » il manque à s à adjacentes

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