Elle était enfin rentrée chez elle.
Son père la fit tout de même examiner à cause de ses blessures aux mains et aux avant-bras, même si elle dut lui faire promettre de ne pas en vouloir à Gabriel.
L’infirmier l’osculta et confirma que les soins prodigués étaient bons, elle était en cours de cicatrisation et que tout devrait retourner dans l’ordre sans problème.
Après ce contrôle de routine, elle demanda des nouvelles de Chris.
À peine elle eut prononcé son prénom, qu’il franchi la porte de l’infirmerie et fut surpris de croiser Alexandra.
— Que fais-tu là ?! J’avais oublié que tu rentrais aujourd’hui-
— Chris !
Elle se leva et lui sauta dans les bras.
— Du calme, je suis encore en convalescence… moi aussi je suis content de te revoir…
Il lui sourit tendrement et caressa ses longs cheveux.
Il était également là pour un contrôle de routine.
Il s’installa et enleva son haut pour que l’infirmier l’osculte. Il vérifiait qu’il cicatrisait convenablement et que tout allait bien.
Chris lui expliqua que cela faisait une petite semaine qu’il venait de sortir de soin intensif et que pour l’instant il était interdit de faire de grands efforts.
Alexandra dut lui expliquer pour ses mains et il essaya de garder son calme.
— L’important c’est que je sois rentrée. Je ne veux plus entendre parler de ce Gabriel. D’accord ?
Dit-elle pour conclure la discussion à ce sujet.
Chris soupira et acquiesça.
Il lui fit visiter les rénovations et elle lui raconta ses déboires dans le château voisin.
— J’ai hâte de reprendre l’entraînement ! Je veux devenir plus forte et que tu n’aies plus à te sacrifier !
Avait-elle affirmé.
Au fond d’elle, c’était également pour rabattre le clapet à ce satané Gabriel, mais elle avait dit qu’elle ne voulait plus parler de lui. Elle voulait l’oublier et se concentrer sur elle et ses projets.
*
Quand ils purent s’isoler et discuter plus en privé, Chris dut s’excuser et parler de sa déclaration d’amour.
Alexandra ne sut pas comment réagir. Elle avait eut extrêmement peur lorsqu’il était blessé, et elle savait qu’elle tenait à lui.
Il était en train de lui dire qu’elle devrait oublier ces mots, mais quelque chose dans sa poitrine se resserait. Elle ne voulait pas faire comme si de rien n’était. Elle tenait à Chris.
Sans réfléchir aux conséquences, elle s’approcha de lui, et l’embrassa.
Son coeur battait à toutes allures
Elle ne savait pas si cela changerait quelque chose à leur quotidien, mais elle devait essayer, elle écoutait son coeur, qui semblait s’emballer.
Les secondes qui s’écoulèrent après son baiser parurent s’étendre et durer des minutes.
Elle se demandait si elle avait fait une bêtise, si Chris ne pensait pas ce qu’il avait dit.
Il la regarda dans les yeux et se demanda un instant s’il n’était pas en train de rêver.
Puis se rendant compte qu’elle attendait, qu’elle venait de l’embrasser.
Il ne put s’empêcher de lui rendre son baiser, puis un second plus passionnel.
Ils étaient dans une pièce où il y avait peu de passage mais Chris s’arrêta.
Ils ne pouvaient pas se montrer ainsi devant n’importe qui. Ils devaient discuter de manière plus sérieuse et il l’emmena dans sa chambre
Alexandra semblait gênée.
— Chris… je… c’est… que… j’ai jamais fait ça, et-
— Alexandra, ne t’inquiète pas. Je ne t’ai pas amenée ici pour ça… pas tout de suite… tout d’abord, on doit en parler… puis, nous sommes tous les deux en convalescence et je ne veux pas me retrouver à l’infirmerie à devoir m’expliquer si jamais… Cela devra attendre… et je ne sais pas ce que ton père va en penser si on-…
— Chris ! Mon père t’adore… et si on pouvait ne pas penser à mon père pendant…
Elle se cacha dans ses mains.
Attendrit, Chris retira les mains d’Alexandra pour voir son visage, et l’embrassa à nouveau.
— Je… je suis si heureux que mes sentiments soient réciproques… tu ne peux pas savoir à quel point j’ai rêvé de ce moment…
Elle était tout autant émue.
— Par contre… je préfèrerai ne pas être trop expansif sur notre relation en dehors du cadre privé… je reste ton tuteur et cela serait certainement déplacé si nous étions trop proches aux yeux de tous.
— Je… oui. Je comprends, tu as raison…
*
Les jours passèrent et Chris sortit de sa convalescence et put reprendre des entraînements de manière progressive. Alexandra en fit de même.
Et un soir, elle se rendit dans la chambre de Chris, ce qui le surprit.
— Alexandra ! Tu ne devrais pas être ici à cette heure-ci !
— Mais… tu m’as dit que… après notre convalescence… puis… je suis prête…
Chris vira au rouge.
— ‘Xandra… tu… tu n’es pas obligée… ça peut attendre tu sais. Je ne suis pas pressé.
— Oui mais… moi… j’ai envie…
Elle ne savait plus où se mettre et elle se colla à Chris en n’osant pas le regarder dans les yeux.
— … Tu sais… que je t’aime… mais je ne veux pas te forcer la main…
Elle l’embrassa, une fois, puis plusieurs fois, jusqu’à le faire craquer, il lui rendit ses baisers.
*
Le lendemain, Sephyl lui en toucha quelques mots entre deux dossiers à traiter, et Chris crut mourir de honte, il fit tomber les documents qu’il avait dans ses mains.
— Je ne suis pas dupe, Chris, je sais ce qu’il se passe et ça ne me regarde pas. C’est la vie privée de ma famille. Cependant, j’espère que tu es prêt à prendre tes responsabilités si jamais il arrive quelque chose.
— Bien sûr… monsieur… je prends les précautions nécessaires. Soyez sans crainte.
Et ils retournèrentà leur travail sans aucune transition.
Alexandra dut affronter le même discours.
— ‘Xandra… je sais que tu n’es plus une enfant… et je n’ai rien à dire sur tes relations privées… surtout si tu les partages avec Chris. J’espère juste que vous vous protégez. Enfin, je n’ai rien sur le fait que tu me donnes des petits enfants mais il est peut-être un peu tôt-
— Papa !!! Aaaaah !!!
— Qu’est-ce qu’il y a… ? Je m’inquiète, c’est normal.
— Oui, on se protège, c’est tout ce que tu voulais savoir… ?
— Oui.
— Ok, on peut discuter d’autre chose, maintenant… ?
— Bien sûr.
*
Alexandra avait une faim insatiable concernant Chris.
Elle découvrait son corps et ses hormones s’exprimaient avant sa raison, elle avait envie d’en savoir d’avantage et surtout de pratiquer d’avantage.
Lors des entraînements qu’elle prenait très au sérieux, elle n’hésitait pas à jouer avec l’humeur de Chris, qui la rappelait à l’ordre aussitôt.
Il restait maître de lui-même et surtout souhaitait rester professionnel pour prouver à son patron qu’il pouvait continuer à exercer malgré leur relation.
Elle essayait de l’embrasser et Chris dut s’énerver et hausser le ton pour la calmer.
— Arrête ça ! Si tu n’es pas concentée pour l’entraînement, le cours est terminé.
Alexandra bouda et s’excusa, reprenant sans embêter son tuteur.
Cependant, à la toute fin du cours, elle se faufila dans le vestiaire des hommes, sachant qu’il n’y avait pratiquement personne durant leur cours.
Elle posa ses affaires dans un casier qu’elle prit soin de refermer pour ne pas éveiller les soupcons, et devina où se trouvait Chris puisque c’était la seule douche qui était utilisée.
Elle le fit sursauter et il vérifia paniqué, s’il n’y avait personne d’autre dans les vestiaires.
— Mais tu as perdu la tête ?! À quoi tu joues ?!
Chuchota t-il, énervé. En la plaquant au fond de la douche.
Elle ne se laissa pas malmener et elle lui attrapa le bras pour se tirer vers lui et l’embrasser.
— Maintenant que l’entraînement est terminé… on peut faire ça… non ?
— Tu— tu ne penses qu’à ça… ?! Tu sais qu’on risque d’avoir des problèmes si quelqu’un nous voit ici ! C’est de la folie !
— Il n’y a jamais personne… et s’il y a quelqu’un, il suffit juste de ne pas faire de bruit. Facile, non ?
Répondit Alexandra, avec un large sourire.
Elle avait préparé sa réponse.
Chris était exaspéré.
— C’est que… tu me fais tellement de bien…
Supplia t-elle, en le prenant par les sentiments, elle attrapa sa main pour la placer entre ses jambes.
— Je… j’ai tout le temps envie de toi… je ne contrôle pas mon corps…
Murmura t-elle dans son oreille, ce qui eut pour effet de le faire rougir.
Elle l’avait pris au piège.
*
Elle lui sautait dessus à chaque occasion.
Lorsqu’il avait finit une réunion ou une mission, elle l’attendait au tournant et elle n’hésitait pas à l’embarquer dans une pièce inutilisée pour faire leur affaire.
— Alexandra… je t’aime, mais il va falloir que tu ralentisses la cadence… je vais finir par avoir des problèmes avec ton père si ça continue. Je dois rester professionnel et ce que… tu me fais faire est très limite. Tu comprends… ?
— … Oui… pardon… je pensais être assez discrète…
— Je le sais… je serai à toi après mon service, d’accord ? Ca m’embêterait que ton père m’interdise de te voir à cause de mon manque de professionalisme.
— D’accord…
*
Le soir, elle l’attendait patiemment en se préparant et après avoir fini ses propres devoirs, elle se rendait dans la chambre de Chris et à peine qu’il poussait la porte, qu’elle lui sautait dessus et l’embrassait langoureusement.
Dans cette chambre, ils avaient le temps et ils savaient qu’ils pouvait être moins discrets.
*
Leur relation dura un peu plus d’un an, avant que Chris rompe.
— Nous ne sommes pas du même monde, Alexandra… je ne peux pas te protéger tout en étant ton amant… comprends moi.
— Je ne vois pas de quoi tu parles ! De quel monde tu parles ? Si c’est de mon rang, je peux m’en débarrasser, je suis sure que mon père n’aura aucun inconvénient à ce que je sois une simple personne !
— Ce n’est pas aussi facile. Tu es promise à un destin et un futur beaucoup plus radieux. Je n’ai rien à t’apporter. Je ne suis rien, je ne suis qu’un simple garde.
— Je m’en fiche de ça. C’est toi que j’aime, je veux rester avec toi ! Peu importe ce que tu m’apportes…
— Ne rends pas la chose plus difficile…
— C’est toi qui rends tout difficile ! Pourquoi… ? Je ne suis pas assez bien pour toi… ? Tu t’es lassé de moi… ? J’ai fait quelque chose… ?!
— Non, Alexandra. Tu es parfaite, mais nous en avons profité, il faut que je te laisse reprendre ta vie et aspirer à mieux.
— Je comprends pas… Chris… tu ne m’aimes plus… ?
Alexandra était au bord des larmes et les sanglots dans sa voix faisaient vibrer ses mots.
Chris s’en alla sans ajouter un mot, la tête baissée, il quitta la pièce où elle se trouvait.
*
— Es-tu sûr de ta décision ?
— Oui…
— Tu sais que je n’ai jamais été dérangé par votre relation. N’est-ce pas ?
— Oui monsieur… mais je sais qu’elle est en âge de se marier et je vois l’avenir fade qu’elle aura avec moi, peu importe à quel point je l’aime, je ne veux pas la priver de ce qu’elle pourrait avoir avec quelqu’un de son rang.
— C’est gentil de ta part de penser à ça… mais rien ne l’oblige à choisir cette voie. Elle a le droit d’aspirer à une vie paisible avec toi, tu le sais ?
— Oui… elle n’a connu que moi jusqu’à aujourd’hui. Elle doit également découvrir si elle ressent des sentiments pour d’autres personnes.
— Je vois que tu es têtu… et que ta décision est prise… je sens que je vais devoir m’expliquer avec elle…
— Excusez moi.
*
Elle déboula dans le bureau de son père, les larmes aux yeux.
— Qu’est-ce que tu lui as dit ?!
— Si tu parles de Chris. Rien. Absolument rien.
— Alors pourquoi il a dit ces choses là, à propos de mon avenir ou j’sais pas quoi ! C’est stupide !
— C’est ce que je lui ai dit aussi. Tu dois respecter sa décision. C’est difficile pour lui aussi.
— Alors pourquoi… !?
Elle fondit en larmes encore une fois et son père vint la consoler.
— Je ne le comprends pas non plus, je lui ai dit que cela ne me dérangeait pas, que veux-tu… c’est la vie… tu ne peux pas le forcer d’être en couple avec toi, non plus, pas vrai ?
Essaya de blaguer son père.
Alexandra pleura pendant encore un moment avant de se reprendre.
Elle continuait de croiser Chris de temps en temps et ils avaient toujours leurs entraînements ensemble.
Chris se comportait de manière froide et distante et cela brisa encore plus le coeur d’Alexandra.
Elle cherchait dans ses yeux la complicité et la pssion qu’ils partageaient auparavant, mais il ne laissait rien transparaître.
Rapidement, Alexandra se força à penser à autre chose et elle intensifia ses entraînements et se plongea dans ses cours.
En l’espace de plusieurs mois, ses progrès furent fulgurants et elle dépassa le niveau de Chris.
Elle en profita pour lui dire qu’elle n’avait plus rien à apprendre de lui et qu’il n’aurait plus besoin de la tutorer à ce sujet.
À partir de ce jour, elle s’entraîna avec son père.
*
Des propositions de mariage commencèrent par arriver de manière régulière et Alexandra refusa à chaque fois.
Elle rencontrait les prétendants qui faisaient l’effort de venir jusqu’à elle, mais elle ne les trouvait pas intéressants, elle avait l’impression qu’ils étaient trop faibles, et enfantins. Ils étaient censés être plus agés qu’elle.
*
Un jour, son père la convoqua.
Il avait reçu quelques nouvelles et il lui fit part d’une information pour l’impliquer dans les décisions.
Cela faisait maintenant un bon nombre d’années qu’elle apprenait à ses côtés et il était temps qu’il lui fasse confiance et lui demande son avis sur ce sujet particulier.
— Alexandra. Je n’ai pas l’habitude de te demander ton avis sur les sujets que je traite, mais je pense que cela va devenir de plus en plus courant. Tu as fais d’énormes progrès et je vois que tu travailles dur pour suivre mes pas.
Elle était assise dans le fauteuil juste en face du bureau de son père, elle le regardait et l’écoutait religieusement. Ses mots lui faisaient extrêmement plaisir et à la fois, elle craignait tellement de le decevoir. Et si elle n’était pas à la hauteur ?
Alors elle resta silencieuse, en attendant qu’il lui explique ce qu’il en était.
— Pour en venir droit au but… j’ai pensé que le sujet te concernait. Je ne sais pas si tu te souviens de Gabriel… ? Notre voisin le plus proche.
Elle acquiesça sans dire un mot. Elle ne voulait rien ajouter de désagréable.
— Eh bien, j’ai reçu des nouvelles assez urgentes, c’est arrivé il y a moins d’une heure. Il semblerait qu’il est en train de subir un assaut, et il nous a fait parvenir une demande d’aide assez critique. Je ne sais pas encore quoi faire, mais il va falloir prendre une décision rapide. Au vu de la situation et du manque d’information, je ne peux pas non plus lui envoyer beaucoup d’aide. Si c’était un piège et qu’on se faisait envahir également, ça serait terrible. Cependant, s’il est vraiment en danger, je ne peux pas non plus rester les bras croisés. Qu’en penses-tu, Alexandra… ?
— … Si cela est trop voyant et beaucoup trop risqué d’envoyer une véritable équipe, je pense que je peux y aller en éclaireuse. Je ne le porte pas dans mon coeur, mais il nous a aidé la fois ou nous étions dans une situation similaire. Même si ses méthodes étaient… particulières, je m’en voudrais de ne pas l’aider s’il a vraiment besoin de notre aide. Je pense que c’est l’occasion de lui rendre la pareille, sans trop nous mouiller et qu’on soit quitte, et que nous n’ayons pas cette dette invisible au dessus de nous.
— Tu n’as pas tort… mais. Je ne peux pas te laisser y aller seule. Même si je sais que tu t’es améliorée grandement depuis, et que j’ai confiance en tes capacités, je ne peux pas prendre le risque de te perdre si jamais il arrive quelque chose. Tu comprends ?
— Dans ce cas, n’importe qui avec qui je peux faire le chemin. Je peux être prête d’ici 10 minutes. Je te promets de faire attention et d’être prudente. Je ne suis plus une enfant.
— Je sais. Chris est disponible et je serai rassuré si tu partais avec lui.
Elle ne cacha pas sa déception.
Elle aurait voulu contester mais elle savait que le temps était compté et qu’il ne valait mieux pas se disputer avec son père pour lui faire changer de partenaire, pas aujourd’hui, pas maintenant.
Elle soupira et acquiesça à contre-coeur.
— Dans ce cas, je le préviens, je te l’envoie et vous pouvez partir sur le champ. Promets moi d’être prudente. Tiens moi au courant dès que tu en sais d’avantage. D’accord ?
— Oui papa. Prends soin de toi pendant mon absence. Je reviens vite.
Lorsque Chris la rejoignit, elle ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir encore, après sa décision, ils étaient en froid, elle le sentait et elle n’arrivait pas à envisager une autre manière de l’appréhender.
Depuis, elle avait tout fait pour l’éviter mais ce n’était pas possible aujourd’hui.
Elle se crispa et elle était de mauvaise humeur.
— Tâche de ne pas me ralentir. On y va, on prend note de la situation, et selon comment ça se passe, on avisera, mais le but c’est de se dépêcher et rentrer.
Elle ne lui adressa presque pas un regard.
Elle pouvait rester professionnelle avec Chris mais pour l’instant, chaque interraction inutile pouvait être évitée et elle le faisait.
Il resta neutre et se tint prêt pour partir.
Lorsqu’ils arrivèrent sur place, l’état des lieux la mit sur ses gardes.
Le bâtiment dont elle se souvenait était en ruines et beaucoup de personnes étaient blessées, certaines devaient être cachées parce que les couloirs étaient presque vides.
Elle crut entendre des armes s’entrechoquer.
— Reste sur tes gardes.
Lui dit Chris, qui se positionna aussitôt et passa en observant les alentours.
— Pas besoin de me le dire.
Répondit-elle sèchement, en prenant les mêmes précautions, elle s’avança et pénétra le château.
Elle se dirigea vers l’endroit où le bruit provenait, et sur le chemin, elle reconnut une jeune femme avec qui elle avait l’habitude de s’entraîner. Elle se pécipita sur elle, elle était adossée à un mur et semblait assomée. Les cheveux et les vêtements abîmés, en broussaille, un peu de sang au coin de sa bouche et le visage amoché.
Alexandra crut qu’elle était morte à première vue, puis en s’approchant d’elle, elle vérifia qu’elle respirait encore et essaya de la réveiller pour lui poser des questions.
— Ah… Alexandra…
— Où est Gabriel ?
— Je n’ai pas réussi… aide le, je t’en supplie…
Elle pointa le lieux où le son devenait plus fort.
— Tu as fait de ton mieux, je fais vite et je reviens, ok ? Tiens bon.
L’autre femme lui sourit doucement et la regarda partir avant de refermer les yeux.
Arrivés dans la salle immense, elle vit qu’il y a avait eu un combat acharné. Les meubles, le sol, tout avait été déplacé et détruit.
Est-ce qu’elle était arrivée trop tard ?
Une explosion eut lieu près d’elle et Chris s’interposa pour la protéger, même si elle était déjà en train de s’éloigner et d’éviter l’impact.
Ce qui eut tendance à l’agacer.
— Tu vas bien… ?
Demanda t-il, la surplombant.
— Oui oui…
Un débris faillit leur tomber dessus, elle le poussa pour le dégager et roula sur le côté pour l’éviter également.
— Occupe toi de toi, plutôt !!
Cria t-elle, avant de se relever en vitesse.
Les coups et échanges d’armes reprenaient et elle put voir Gabriel se battre avec son ennemi.
Elle se souvenait de son physique, il n’avait pas tellement vieilli en quelques années, peut-être qu’à un certain age on ne change plus tellement physiquement, se dit-elle.
Elle se rappelait avec quelle facilité il l’avait battue la fois où elle était chez lui. Et le voir en difficulté ne la laissa pas indifférente.
Elle analysa la situation pour prendre la décision la plus adéquate pour intervenir et lui venir en aide.
Ils étaient trop concentrés sur leur combat pour remarquer la présence d’Alexandra et de Chris.
Elle en profita pour se mettre à couvert et attendre le moment opportun pour participer.
Elle fit signe à Chris d’observer s’il ne voyait personne d’autre et de sécuriser les lieux.
Le moment vint assez rapidement.
Gabriel avait réussi à repousser son adversaire de manière brève et s’était mis à l’écart pour reprendre son souffle.
Elle sauta sur l’occasion et prit par surprise l’ennemi lorsqu’il charga à nouveau sur Gabriel.
Elle l’intercepta, à la surprise des deux, et réussit à le désarmer puis, l’acheva sans même hésiter une seconde de plus.
Elle remarqua un second adversaire qui bondit sur elle, Chris avait maîtrisé un troisième.
Elle le repoussa puis évita ses attaques avant de l’attaquer à son tour.
Les échanges furent assez courts avant qu’elle ne les mette hors d’état de nuire.
Gabriel ne comprit pas tout de suite ce qu’il se passait
Elle regarda autour d’elle et aux alentours pour s’assurer qu’ils ne subiraient pas une autre attaque.
Puis chris lui fit signe qu’elle pouvait baisser sa garde pendant qu’il s’en chargeait.
Elle s’approcha de Gabriel et lui demanda s’il allait bien.
*
Il était à bout de force, il ne se souvenait plus de combien de salves d’attaques et d’assauts il avait subit sur sa personne depuis qu’il avait demandé d’envoyer un messager prévenir qu’il aurait besoin d’aide.
Il savait qu’il était submergé et il n’avait pas le temps de se demander comment allaient ses employés et ses combattants. Il devait leur faire confiance et défendre sa place tant qu’il le pouvait.
Il avait fini par craindre que son messager n’avait pu survivre et qu’il était maintenant livré à lui-même.
Des coups, des explosions, des débris, il essayait de rester concentré sur son ennemi et sa position pour ne pas le perdre de vue.
Il avait baissé sa garde une ou deux fois et il avait été surpris, blessé. Il était tellement pris par l’action qu’il ne pouvait pas faire attention à ses blessures, légères ou graves, il ne savait plus.
Il sentait comme un picotement sur son flanc, certainement l’endroit où la lame de son adversaire avait pénétré dans sa chair, elle n’était pas restée longtemps, mais ça avait suffit et même s’il savait qu’il était plus âgé et qu’il se faisait vieux, sa vue se troublait et la fatigue se faisait ressentir. Il supposait qu’il avait été empoisonné.
Il pouvait deviner la jubilation de son opposant qui faisait durer le combat exprès.
Il n’attendait qu’une chose, que le poison fasse effet et que le corps de Gabriel s’écroule devant lui.
Gabriel avait réussi à le repousser encore une fois, cette fois-ci, avec un peu plus d’insistance, de quoi l’éloigner pendant un instant, même court.
Il avait besoin de reprendre son souffle.
Il posa un genou à terre, il toussa, il cracha du sang, il essuya sa bouche avec le revers de son bras.
Ca y est, il sentait la fin. Il ne pouvait pas tenir indéfiniment. Il s’était battu de son mieux, il avait tout donné, s’il devait mourir ici, il n’aurait aucun regret.
Lorsqu’il se redressa, prêt au combat, il fut surprit de voir une chevelure châtin en face de lui.
Un corps de jeune, plutôt athlétique, des boucles qu’il reconnaissait, il avait le souvenir d’avoir déjà vu ces reflets chauds, mais il n’en était pas sûr. Cela parassait improbable que la personne à laquelle il pensait se trouve aujourd’hui ici.
Les yeux écarquillés, il vit cette silhouette se battre et mettre au sol, son adversaire, avec une telle facilité, puis une seconde personne fonça sur elle, tout se passa très vite.
Quelque chose n’allait pas, il n’avait pas le temps de réagir, tout se passait trop vite autour de lui.
Il aurait voulu prévenir son sauveur, ou sa sauveuse ?
Tout devenait flou et les sons qu’il percevait étaient étouffés.
Elle avait fini, elle se tourna vers lui.
Il la reconnut et il crut rêver.
Etait-ce bien la jeune fille qu’il avait rencontré à l’époque ?
Sa vision devint plus sombre.
— Hé, ça va ?!
La voix féminine s’estompa ainsi que sa silhouette.
Il se sentit chuter au ralenti, il s’attendait à ressentir le sol dur, mais quelqu’un l’attrapa avant qu’il ne touche terre.
*
— Ne le touche pas !
Cria Chris, qui attrapa le corps de Gabriel.
— Il a été empoisonné. Laisse moi m’en occuper.
Ajouta t-il, à voix basse.
Gabriel était beaucoup plus grand, musclé et imposant que Chris. Il eut un peu de mal à le stabiliser.
— Tu es sûr que tu n’as pas besoin de mon aide… ?
Demanda innocemment Alexandra, qui avait de la peine à le voir ainsi.
— Non… ça va… il est juste… encombrant.
Ce qui eut le mérité de faire pouffer Alexandra, avant de la faire racler le fond de sa gorge et faire semblant de tousser.
Chris eut un pincement au coeur.
Il ne se rappelait plus la dernière fois qu’il avait pu apercevoir son sourire.
Elle se souvint à peu près de l’emplacement de l’infirmerie et elle s’y précipita en faisant attention aux croisements dans les couloirs, elle resta sur ses gardes et Chris essayait tant bien que mal de la suivre avec le poids de Gabriel sur ses épaules.
La porte était entrouverte et elle la poussa avec beaucoup de précaution.
Elle vit Chrystal, des scalpels à sa main et sur le point d’en envoyer un dans sa direction.
— Wow, du calme, je suis là en tant qu’amie…
Alexandra leva ses mains.
— Ah… comment tu t’appelles déjà… ? Axelle ?
— Alex… andra…
— Ah oui, c’est ça… qu’est-ce que tu fais ici… ? Ce n’est pas le meilleur moment pour faire du tourisme…
Chrystal était adossée et assise avec la porte en visuel, elle essayait un peu d’humour pour détendre l’atmosphère mais elle était en mauvais point aussi. Des corps jonchaient le sol autour d’elle, des scalpels plantés à des endroits biens stratégiques. Elle avait du recevoir un ou plusieurs coups sur le visage, ses cheveux étaient légèrement décoiffés et ses vêtements avaient été froissés et déchirés par endroit.
Elle se releva avec un peu de mal en s’aidant du mur.
— Je ne viens pas pour les vacances… je t’amène Gabriel. Je crois qu’il a juste perdu connaissance mais Il est certainement empoisonné.
Sur ces paroles, Chris franchit également la porte, avec le corps de Gabriel.
Le visage de Chrystal blêmit, elle se redressa du mieux qu’elle put et, d’un coup de pied, poussa les corps autour d’elle qui semblaient la gêner, puis prépara un lit pour osculter Gabriel.
Elle n’avait pas les mots pour exprimer ce qu’elle ressentait, ni sa panique intérieure.
Gabriel, son maître, était dans cet état.
Alexandra essaya de ne pas déranger et à la réaction de Chrystal, elle ne prenait plus la situation à la légère.
Elle fit signe à Chris de lui amener Gabriel et de l’installer sur une table.
Elle tira un rideau et s’occupa de lui. Elle l’osculta puis elle vit aussitôt la blessure la plus préoccupante. Celle sur le flanc était la plus visible et elle comprit tout de suite que c’était un poison qui l’empêchait de se régénérer.
Elle sortit les outils dont elle aurait besoin pour extraire la substance toxique et l’isoler avec sa magie, puis de quoi recoudre et panser la plaie béante.
Il avait quelques égratinures par ci et par là, mais rien de grave. Il avait juste puisé sur ses forces et son énergie, et son corps était épuisé. Si on mettait de côté le poison, il aurait besoin de repos.
Chrystal fut plutôt rapide et elle ressortit presque aussitôt.
— M-merci de l’avoir amené. Il devrait être tiré d’affaire…
Dit Chrystal, en s’asseyant, essoufflée.
— … Tu es sure que tu vas bien… ?
— Oui oui… C’est juste que je suis aussi en train de taper dans mes réserves… Quelques minutes et je devrais aller mieux. Merci encore pour Gabriel. Si vous n’étiez pas là, il n’aurait pas…
— Il n y a pas de quoi. On a fait ce qu’on devait faire. D’ailleurs, est-ce que tu sais si on peut aider à autre chose, et dans quel ordre… ? C’est vraiment le chaos, je ne peux pas vous laisser comme ça, à vous regarder sans rien faire.
— Je n’en ai aucune idée… d’habitude c’est Gabriel qui donne des ordres et prends en main les actions par priorité…
2021.09.22