Assistante

Gabriel se réveilla et revit la silouhette qu’il avait aperçu avant de perdre connaissance.
Elle était à côté de lui et semblait le regarder, du moins ce qu’il pouvait deviner, son visage avait l’air d’être tourné vers lui.

— Ah, il est reveillé.
Prononça cette voix étrangement familière.

Sa vision devint un peu plus nette, il reconnut alors la jeune fille qu’il avait accueilli chez lui quelques années auparavant.

— Bouge pas.

Cette fois-ci, ce fut une autre voix féminine autoritaire qu’il entendit, celle de sa médecin.
Elle s’approcha de lui sur la droite et utilisa un stylo lampe sur ses yeux.
Il grogna.

— C’est toujours un plaisir, Chrystal.
— Contente de voir que tu n’as pas perdu ta voix, ni ta bonne humeur, Gabriel.
— Est-ce que je peux savoir ce qu’il se passe… ? J’ai dormi pendant combien de temps… ?
— À peine 2 jours. Tu étais sacrèment amoché, tu te souviens ? Heureusement qu’Alexandra et Chris étaient là.
— 2 jours ?! Et qu’est-ce qu’il s’est passé pendant tout ce temps… ?! Je-

Gabriel voulu se relever.

— Stop. Tu restes là et tu te calmes tout de suite. On s’est occupé des choses urgentes, ne t’en fais pas. Je me suis permis d’autoriser Alexandra d’accéder à ton bureau.

Chrystal plaqua Gabriel sur le lit et appuya sur sa plaie pour le dissuader de recommencer.
Il étouffa un cri et ne bougea plus.

— Je n’ai pas fouiné dans vos dossiers confidentiels, je vous rassure. J’ai juste… fait le tri et pris en main certaines choses pendant votre absence. J’aurais besoin de quelques informations maintenant que vous êtes parmi nous.
Expliqua Alexandra, qui prit la parole pour ne pas qu il y ait de malentendu.

— P-pardon ? Comment… ?
— Je n’avais pas le choix, Gabriel. Alexandra a été vraiment d’une grande aide.
— J’ai fait ce que j’ai pu…
— Non, pas seulement, elle nous a tiré une grande épine du pied, avec Chris, ils se sont occupés de rappatrier les blessés et elle a même reconstruit quelques parties détruites du château.
— Colmaté.. seulement… l’architecture n’est pas mon fort…
— Quoi qu’il en soit, tu n’es pas en état de te lever, pas aujourd’hui. Je te fais apporter de quoi manger et tu dois te reposer. Tu as été empoisonné et la plaie ne commence à peine à cicatriser. Tu viens de loin, alors ménage toi.
— Monsieur Gabriel… si cela ne vous dérange pas, je reviendrai après votre repas pour vous faire part de ce que j’ai fait. J’en profiterai pour vous poser d’autres questions…

Alexandra s’inclina et sortit de la pièce, laissant Chrystal et Gabriel.

— Est-ce que je suis en train de rêver… ? Elle fait quoi ici ? Explique moi, Chrystal, j’ai un mal de tête hallucinant…
S’exprima Gabriel, après le départ d’Alexandra.

— Je ne te le fais pas dire ! Il semblerait qu’ils ait reçu le message que tu as fait envoyer, et elle est venue avec son garde du corps… ? Il la suit partout, Chris. J’ai pas trop compris qui il était, mais quoi qu’il en soit, ils t’ont sauvé. Tu m’as fait une de ces peurs, j’ai cru que c’était fini pour toi. Ils t’ont amené ici, et voilà.
— Je… je crois que je me souviens mais c’est flou. C’est tellement improbable. Elle a battu mon adversaire sans mal…

Gabriel essayait de se rappeler ses derniers souvenirs.

— Et ce n’est pas tout. Elle a géré les gens comme une chef. À se demander si c’est la même personne que nous avons rencontrée auparavant… je ne sais pas ce que nous aurions fait sans leur aide. Je pense qu’on peut leur faire confiance.
— Ou alors elle en a profité pour voler toutes mes dossiers privés et cela va se retourner contre nous…
— C’est aussi une possibilté… mais je n’y crois pas trop.
— J’ai eu trop de déceptions, Chrystal, tu sais ce que c’est.
— Oui… mais cette fois-ci, je pense et j’espère, qu’elle est honnête et sincère.
— Je l’espère aussi… au pire, je suis encore en vie…
— C’est vrai !
— Je vais te poser une question qui fâche… tu sais si j’ai perdu beaucoup de personnes… ?
— … Pas beaucoup. Il y a beaucoup plus de blessés qui se remettent comme ils le peuvent. Ne pense pas à ça tout de suite, d’accord ?

Elle lui donna une petite tape amicale, et elle ferma le rideau pour l’isoler et aller osculter d’autres patients.

*

Après le repas, Alexandra ne tarda pas et il put l’accueillir cette fois-ci, assis.
Il était torse nu avec des bandages sur une grande partie de sa peau.

— Excusez moi de vous-
— Non non, tu n’as pas besoin de t’excuser, c’est plutôt à moi de le faire. Dis moi…

Il essaya de sourire gentiment, mais il ne réussit qu’à faire un sourire crispé. Il ne comprenait pas pourquoi elle l’aidait à ce point et il appréhendait sa trahison ou son chantage.

Elle était venue avec un porte-document et de quoi noter, alors elle s’approcha de lui, et lui montra ce qu’elle avait fait, avec des notes, les comptes rendus, puis toute une série de questions qu’elle souhaitait lui poser pour l’aider à mieux faire ce qu’elle avait déjà commencé.
Gabriel en tombait des nues.

— … Du coup, comme je ne savais pas trop comment vous avez l’habitude de gérer ces situations ici, j’ai fait ça en attendant… je comptais modifier et améliorer ça après votre réveil, si vous pouvez m’éclairer… ? Je peux aussi ne plus y toucher si vous préférez.

Elle attendait une réponse de sa part mais Gabriel semblait perdu dans ses pensées.

— Je… monsieur… ? Tout va bien ? Est-ce qu’il faut que j’appelle Chrystal… ?
— Oui, euh non. Je vais bien. C’est juste que… tu as fait ça toute seule… ?
— Non, bien sûr. Vos gardes m’ont un peu aide en me donnant quelques informations, et je ne suis pas seule. Chris, mon… ami, a également participé aux chantiers.
— Je veux dire… ces notes… elles sont de toi… ?
— Euh… oui. Je suis encore en formation avec mon père… du coup, c’est encore maladroit et fouilli… mais j’espère que je n’ai pas fait trop d’erreurs…

Alexandra avait baissé sa tête et serrait timidement son porte-document.

— Non non, au contraire. Je suis impressionné ! Merci pour ton aide ! Je vais répondre à toutes tes questions. Chrystal m’a interdit de bouger d’ici jusque demain, mais j’espère pouvoir me charger de tout ça le plus tôt possible.

Gabriel ne pouvait nier la tâche colossale qu’elle s’était imposée, même s’il restait méfiant et ne savait pas où elle voulait en venir, ni ce qu’elle souhaitait réellement, il devait lui laisser le bénifice du doute.
Il lui donna les réponses en tâchant d’anonymiser le plus possible, au cas où certaines personnes seraient concernés. Il devait rester prudent au cas où.

Alexandra ne fit pas attention et trouva cela presque normal, elle n’avait pas de mauvaises intentions mais elle comprenait ses craintes, même s’il ne laissait rien paraître.
Elle continuait de le vouvoyer, elle ne se sentait pas proche de lui, c’est juste qu’elle appréciait que les choses soient bien faites, c’est ce que son père lui avait enseigné. Puis elle avait encore son apriori et son jugement du caractère de Gabriel d’il y a quelques années, elle n’arrivait pas à lui faire confiance plus que ça, et elle ne souhaitait pas le connaitre d’avantage par crainte de son comportement.
Elle n’avait pourtant rien à craindre parce qu’elle savait se défendre, mais sa carrure était imposante et rien qu’à l’idée de sa silhouette surplombant et écrasant la sienne, elle préférait éviter cette confrontation si elle le pouvait. Elle s’éloigna dès qu’elle eut fini et s’en alla en s’inclinant légèrement. Ne sachant pas trop comment se comporter avec lui.

*

Les gens du château étaient occupés à aider au rétablissement des blessés, la réorganisation du château et des réparations nécessaires. Répartis entre ceux qui savait utiliser la magie et ceux qui ne le pouvaient pas.
La garde rapprochée de Gabriel était tous plus ou moins blessés, et celle qui était proche d’Alexandra avait un bras en soin.
Lorsqu’elle rencontra Chris, elle fut interpelée et surprise qu’il la suive comme son ombre.
Elle semblait l’ignorer voire même agacée à certains moments. Elle devina assez facilement qu’il était une sorte de garde du corps.

— Hé, Chris, c’est ça ?
Réussit-elle à l’interpeler pour lui parler en aparté.

Il se retourna en gardant un oeil sur Alexandra de temps en temps.
Les cheveux longs, lisses, noirs, attachés en queue de cheval haute, sa peau basanée, ses yeux sombres et profonds.
Son crane était rasé sur les côtés.
Il s’orienta vers la garde et attendit qu’elle formule sa requête ou sa question.

— Erm… je me demandais… t’es qui pour Alexandra… ? Tu es son garde du corps… ?
Demanda t-elle, en le jaugeant de haut en bas et en voyant bien que son attention était rivée sur Alexandra.

— On peut dire ça. Pourquoi ?
— Elle n’a pas l’air d’apprécier que tu la suives partout… tu sais, je pense pas qu’il soit nécessaire de l’avoir à l’oeil à ce point… enfin, je dis ça pour toi…

Chris ne dit rien et ne réagit même pas. Il comprenait ce qu’elle lui disait mais ne savait pas comment réagir.
Il la regarda de haut, parce qu’il était légèrement plus grand et essaya de sonder ce qu’elle avait derrière la tête.
Il n’arrivait pas à faire confiance à ce lieu.

2021.09.24

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