Elle était venue dans cette maison où elle avait l’habitude de passer pour passer du bon temps et retrouver des amis, mais ce jour là, quelque chose clochait.
Elle était arrivée plus tôt dans la journée parce qu’elle n’avait ni de travail et n’était pas non plus étudiante.
Son amie avait l’habitude d’être là, c’était la propriétaire officieuse des lieux.
Elle ne travaillait pas ou peu, ce qui lui permettait de s’occuper de l’endroit, et en échange, ceux qui venaient ici lui apportaient souvent de quoi manger, des denrées alimentaires, des vivres, qu’elle pouvait consommer et ainsi continuer à mener ce train de vie.
Lorsqu’Aurore arriva, elle eut un mauvais pressentiment. Elle n’avait pas l’habitude de ressentir cela, mais aujourd’hui et en cet instant précis, elle n’était pas à l’aise et Ten’, qui l’accompagnait toujours, avait ressenti également quelque chose.
Il grognait et s’était avancé pour passer devant Aurore.
Elle avait peur.
Elle n’osait pas avancer dans ce lieu qui était d’habitude si accueillant.
Une boule dans la gorge et un poids dans l’estomac, elle s’avança prudemment pour avoir une vision d’ensemble.
Elle avait appris ça. Ce n’était vraiment pas grand chose et elle regretta de n’avoir pas suivi de manière plus assidue les cours que Chris lui avait donnée quand elle était plus jeune.
Elle observa la pièce à vivre, où se trouvait plusieurs canapés et une table basse.
Tout était rangé et propre ce qu’il signigiait que son amie était passée par là.
Aurore l’appela, à haute voix, en espérant une réponse.
Le son résonna dans la maison, sans réponse.
C’était angoissant.
Puis en s’approchant, elle aperçut le corps sur un des canapés. Il était allongé et la personne semblait s’être endormie mais quelque chose en Aurore craignait le pire.
Elle s’avança encore plus près, et elle reconnut son amie. Sa chère amie.
Elle voulut s’approcher et la toucher pour savoir si elle était encore en vie.
Elle ne savait pas comment réagir, elle avait envie de crier et hurler. Que se passait-il ?
Est-ce que c’était une mauvaise blague ?
C’était certainement le cas.
Une voix retentit derrière elle et l’arrêta.
— C’est un piège, n’approche pas.
Une voix masculine, froide et sèche prononça ces mots dans le creux de l’oreille d’Aurore, ce qui la fit sursauter.
Ten’ n’avait pas réagit, ce qui était étrange en y repensant, elle se souvenait de cette voix.
Elle se retourna et elle tomba nez à nez avec le jeune adolescent qu’elle avait croisé auparavant.
Elle était encore plus dans l’incompréhension.
Elle le regardait avec tellement de questions qui lui venaient à l’esprit qu’elle ne sut pas par quoi commencer.
Il ne l’aida pas et ne répondit en rien à ses questions non posées.
— Ne reste pas là. Sortez, et maintenant.
Dit-il, toujours aussi froid mais plus pressant.
Il lui attrapa le bras et l’entraina en dehors de la maison.
Ten’ les suivit aussitôt.
À l’extérieur, le garçon l’attira derrière un arbre et à l’écart de la maison.
Aurore était essoufflée et son coeur battait trop vite. Elle était encore secouée par les évènements.
Puis elle vit la maison prendre feu.
Elle se figea et était sur le point de s’effondrer quand le jeune homme posa sa main sur son épaule.
— Ce n’est qu’une illusion. Ce n’est pas réel. Quelqu’un en a après toi.
Aurore était en état de choc.
Est-ce qu’elle devait faire confiance à cet enfant ?
Est-ce que ce n’était pas plutôt lui, l’ennemi ? Pourtant Ten’ ne semblait pas être sur ses gardes.
Pendant qu’Aurore était perdue dans ses pensées, une attaque surgit de nulle part et allait s’abattre sur elle, Ten’ n’eut pas le temps de réagir et ne pouvait rien faire.
Le projectile magique fut dévié grâce au garçon qui poussa Aurore, il s’était jeté sur elle pour pouvoir éviter la trajectoire et il avait pu invoquer un bouclier qui dévia une partie de l’attaque.
Il ne regardait pas Aurore, il essayait de deviner d’où provenait l’assaut, malheureusement il n’avait pas eu le temps de voir et ils avaient été assez bons pour se camouffler à nouveau ou bien changer tout de suite d’endroit.
Il jura et se releva aussitôt, après avoir attendu assez pour s’assurer que la voie était libre.
Il tapa ses vêtements pour retirer les morceaux de feuilles mortes et la terre sur les tissus.
— Tu sais rien faire ?! T’as rien remarqué ? Tu n’es plus en sécurité ici.
Il continuait de guetter les environs, en craignant une autre attaque.
Il n’était pas spécialement agréable ni gentil avec Aurore et elle était trop en état de choc pour relever ses paroles.
Elle se força à se remettre debout, toute seule.
Cela ne lui était même pas venue à l’idée de lui demander de l’aide et il était trop occupé à scruter les alentours pour lui tendre la main.
Lorsqu’il la vit enfin debout.
— Suis moi.
Dit-il, aussi froidement qu’à son habitude.
Elle hésitait. Est-ce qu’elle devait vraiment le suivre… ? Il venait de la protéger, ce n’était pas rien.
Voyant son hésitation, il soupira.
— Je ne te veux rien, mais ça me ferait chier de te laisser mourir ici ou qu’on t’enlève alors que j’étais dans le coin. On discutera lorsqu’on sera arrivé.
Expliqua t-il, en essayant de paraître sympathique.
C’était le maximum de ce qu’il pouvait faire.
Elle se laissa convaincre, elle n’avait pas le choix. Elle ne pouvait pas retourner chez son cousin et le mettre également en danger.
Elle espérait qu’il allait bien. Elle ne pouvait que l’espérer.
Elle hôcha la tête et le suivit.
*
Ils faisaient presque la même taille, il était légèrement plus petit qu’elle. Il faisait si jeune même s’il se donnait des airs de grande personne. La manière dont il s’habillait pouvait le faire passer pour un jeune étudiant mais son physique était vraiment plus jeune.
Elle se demanda si ce n’était pas parce qu’il était asiatique. Elle ne voulait pas être raciste mais c’était son fil de pensée.
Elle le suivit sans rien dire, elle n’osait rien dire et Ten’ ne semblait pas s’en méfier.
Elle jeta un regard sur son chien, en pensant très fort qu’elle faisait confiance à son flair.
Ils sortirent du bois assez rapidement et se retrouvèrent dans les ruelles de la ville assez rapidement.
C’était plus rassurant d’être entouré d’autres passants mais il ne semblait pas baisser sa garde.
Ils empruntèrent une petite ruelle et entrèrent par la porte de sortie.
Enfin à l’intérieur, il faisait sombre, une lumière rouge tamisée était prédominante mais avec la soleil à l’extérieur, Aurore avait des taches sombres devant les yeux et il lui fallut quelques minutes avant de s’habituer et voir quelque chose.
Elle aurait pu avoir peur, elle était plus que vulnérable.
— Bon, maintenant qu’on est ici, on va pouvoir prendre notre temps pour parler.
— Qui es-tu, réellement… ? »
— Un vampire. Je crois qu’on nous appelle encore comme ça, dans ce monde ?
— Pourquoi tu m’aides… ?
— … J’étais dans le coin. J’ai vu que quelqu’un avait récupéré tes cheveux, et ça m’a paru assez louche pour que je mène mon enquête… on se fait chier quand on peut vivre des centaines d’années, ouais.
— Tu aurais pu me laisser…
— Oui oui, simple acquis de conscience. J’aurais eu du mal à dormir en sachant que j’aurais pu faire une bonne action… quelqu’un doit avoir une mauvaise influence sur moi… bref. Ca n’a pas l’air de t’étonner qu’on en ait après toi. T’es qui, au juste ?
— …
— Je t’ai révélé mon identité. Tu n’es pas une simple humaine, apparemment. Sinon ils n’auraient pas pris tes cheveux pour te traquer et monter ce stratagème.
— Je ne suis pas complètement humaine… est-ce que mon cousin ne risque rien… ?
— Je sais pas qui c’est, mais normalement il ne rsique pas grand chose. Avec tes cheveux ils ne peuvent traquer que toi.
Elle lâcha un soupir de soulagement.
— Pourquoi on en a après toi ? Ca n’a pas l’air de t’inquiéter alors que tu y passais si je n’étais pas intervenu.
C’était à son tour d’être curieux.
Il n’eut pas le temps d’avoir sa réponse qu’il entendit quelqu’un approcher dans sa direction.
— Hé, que vois-je ?! Tu as amené quelqu’un ?! Et tu nous la présente pas… ?
Flora arriva, mi-amusée et surprise de cette nouvelle présence.
Ten’ restait sur ses gardes mais ne montrait pas les crocs.
— Bonjour… comment s’appelle ton amie ?
Demanda Flora, curieuse.
Il ne sut pas quoi répondre.
— Ne me dis pas que tu ne sais même pas son prénom… je te pensais cavalier mais pas à ce point !
Flora semblait outrée. Il ne releva pas mais il avait déjà envie qu’elle s’en aille.
— … Aurore… je m’appelle Aurore. Excusez moi, nous ne sommes pas vraiment amis… il m’a aidé et…
— Attends. Il t’a aidé ?!
Flora était choquée au point de la faire répéter puis, après avoir jaugé son compagnon de haut en bas, laissa Aurore continuer.
— Eh bien… je n’aurais jamais cru ça de lui. Je vois que Chloé à quand même une bonne influence sur toi.
— Je… ne voudrais pas déranger.
Aurore avait vu à quel point l’arrivée de cette femme le mettait mal à l’aise, et elle préférait ne pas s’éterniser. Est-ce qu’elle était également une vampire ?
— Oh non, Aurore, c’est ça ? Tu ne déranges pas du tout, si Nao t’as emmenée ici c’est qu’il y a une bonne raison. Par contre, mieux vaut en parler avec Chloé, c’est elle qui commande ici. Suis moi. Nao, tu viens aussi.
— Il n’est pas méchant tu sais, juste un peu farouche. Pardonne lui.
Flora parlait de lui comme s’il n’était pas là et Aurore pouvait très bien l’imaginer pester intérieurement et rouler des yeux.
Elle préféra rester silencieuse.
— Oh, j’ai oublié de me présenter, tu peux m’appeler Flora.
— Merci… pour votre hospitalité…
— Ce n’est rien. Nous sommes une famille ici, c’est normal de s’entraider. Et tu seras en sécurité ici, pour le moment.
Ils se rendirent dans une pièce un peu plus éclairée, c’était au sous-sol et cela avait été amenagé comme une pièce à vivre, un salon assez grand et spacieux, confortable.
La lumière restait tamisée mais était plus douce, jaune orangée.
Cela ressemblait à un studio appartement avec 4 chambres à coucher.
2021.04.21