Elle était partie.
Elle s’était enfuie.
Elle en avait marre.
Marre de jouer le rôle de la petite fille modèle. C’est ce qu’elle avait fait toute sa scolarité et son père lui avait proposé de reprendre sa suite.
C’était trop de responsabilité pour elle et elle avait fui.
Parce qu’une part d’elle la poussait à écouter ses parents, continuer à essayer de les rendre fiers d’elle, de faire de son mieux pour valoir quelque chose à leurs yeux, mais. Elle était fatiguée, de devoir porter ce fardeau, de faire son possible pour eux et pas pour elle. C’était trop de pression. Son père avait trop d’espoir dans ses yeux lorsqu’il la regardait et qu’il voyait quelque chose en elle qu’elle n’arrivait pas à comprendre.
Elle ne voulait plus de ce cadre. Elle voulait juste être tranquille. Penser à elle.
C’était égoïste, mais elle en avait marre de devoir faire attention à ses faits et gestes, que tout le monde la regarde en la considérant comme quelqu’un qu’elle n’était pas, qu’au moindre faux-pas cela risquait de porter tort à sa famille, ou juste la blesser elle-même dans son for intérieur. Elle avait peur de ne pas être à la hauteur, alors elle était partie.
Elle avait fugué, chez son cousin sur qui elle pouvait compter, à qui elle s’était un peu confiée, à qui elle avait demandé de l’aide.
Avec un petit sac à dos avec le stricte minimum, elle s’était rendue chez lui et il l’avait serrée dans ses bras. Ten’ l’avait également suivie. Elle avait essayé de lui faire entendre raison mais il avait insisté pour venir avec elle et elle n’avait rien pu faire pour l’en empêcher.
Jasper n’était pas regardant sur la situation. Il avait accepté Aurore tout comme Ten.
Elle lui avait assuré qu’il n’aurait pas à se charger de son animal, et il lui avait proposé de dormir dans son lit. Il avait un petit appartement plutôt bien agencé et assez grand pour deux.
Le lit était double et Aurore pouvait dormir dedans avec Jasper mais elle avait insisté pour dormir sur le canapé.
Jasper réussit à la convaincre de dormir ensemble puisqu’il n’était pas gêné et cela lui permettrait de discuter avec elle de ce qui n’allait pas.
— Tu sais… je vais devoir prévenir tes parents que tu es ici. Ils risquent de s’inquiéter si tu ne rentres pas…
Ils étaient allongés sur le lit, l’un à côté de l’autre et il jouait avec les mèches de cheveux de sa cousine.
Il voyait qu’elle réfléchissait et qu’elle craignait les conséquences, alors il la rassura.
— Ne t’inquiète pas, tu restes ici et personne ne te forcera à partir. Je ne te forcerai pas à partir non plus. Tu restes autant de temps que tu veux chez moi, d’accord ?
Elle hocha timidement la tête, rassurée mais pas convaincue.
— Mais je dois les prévenir sinon ils risquent de vraiment s’inquiéter et lancer des recherches pour te retrouver, n’est-ce pas ?
Elle aquiesça lentement. Il avait raison, même si l’idée ne l’enchantait pas.
Elle resta en boule avec Ten’ à ses côtés qu’elle caressait tout en étant perdue dans ses pensées. Elle entendait Jasper au téléphone et elle appréhendait la suite.
— Aurore est chez moi.
Il entendit un soupir de soulagement à l’autre bout du téléphone.
— Ah. Est-ce qu’il y a un problème ? On a pas réussi à la joindre sur son téléphone.
— Hm… je voulais juste vous prévenir qu’elle est en sécurité. Ten’ est avec elle. Je raccroche.
Il n’avait pas voulu s’éterniser alors qu’Aurore écoutait.
Il était revenu dans la chambre et elle le remercia même s’il était encore sur ses gardes.
Elle avait peur que d’un moment à un autre on vienne la forcer à rentrer mais Jasper lui avait assuré qu’il n’autoriserait pas ça.
Son père avait raccroché et était resté bouche bée.
— C’était Jasper. Aurore est chez lui.
Elle avait quitté la maison comme si elle sortait se promener en plein milieu d’après-midi.
Ils ne s’étaient pas inquiétés jusqu’à l’heure du dîner, lorsqu’ils ne la virent nulle part et qu’ils n’arrivaient pas à la contacter. Son téléphone était coupé.
Ils avaient demandé à Vlad’ si elle n’était pas avec lui, il ne l’avait pas vue non plus.
Ils allaient appeler les cousins lorsque l’appel de Jasper retentit. Ils étaient rassurés mais dans l’incompréhension. Pourquoi Aurore était partie sans prévenir ?
— Oh, elle passe la nuit là-bas ? Okay.
La voix d’Alexandra était neutre, c’était normal pour elle. Elle était soulagée que ce ne soit rien de grave mais le visage de Gabriel était resté dur.
— C’est étrange… cela ne lui ressemble pas de ne pas nous prévenir.
— Si elle est avec Jasper, c’est que ça va. Elle a peut-être voulu fêter l’obtention de son baccalauréat avec son cousin préféré. Elle est grande tu sais.
— Hm… tu as raison…
Gabriel avait défroncé ses sourcils, enfin.
— Son téléphone ne doit plus avoir de batterie.
Son smartphone était resté dans sa chambre.
La batterie retirée, sur la table de son bureau.
Elle savait qu’elle pouvait être traquée.
Elle avait à peine des vêtements de rechange.
Il faisait encore doux dehors et elle avait un gros bomber qui lui tenait chaud et son jeans.
La premiere semaine, c’était comme si elle etait en vacances chez son cousin.
Ils avaient rattrapé le temps perdu puis Jasper lui avait prêté quelques vêtements de rechange et un pyjama.
Elle était dans un T-shirt un peu trop large et un boxer.
Ten’ dormait au pied du lit.
Jasper n’était pas à l’appartement en journée et il en profita pour téléphoner aux parents d’Aurore.
— Bonjour, c’est Jasper… j’espère que je ne vous dérange pas ?
Sa voix était hésitante mais il devait avoir cette conversation.
Gabriel décrocha et lui repondit.
— Bonjour Jasper, merci pour ton appel, tu ne déranges pas.
— Hm… est-ce qu’il s’est passé quelque chose récemment ? Je crois qu’Aurore ne souhaite pas rentrer à la maison pour l’instant…
— Quoi… ? Euh, je ne crois pas, excuse-moi mais c’est un peu soudain… elle a dit ça ? Je ne comprends pas.
— Elle n’a pas exactement dit ces mots mais elle n’a pas l’intention de rentrer tout de suite… elle avait l’air assez déprimée lorsqu’elle est venue frapper à ma porte…
*
Elle avait sonné chez lui en plein milieu de la nuit.
Les yeux rouges, elle avait forcé un sourire.
— Euh… salut… désolée de venir à l’improviste… est-ce que je peux entrer… ?
Il ne savait pas ce qu’il se passait mais il savait ce qu’il pouvait faire. Il l’invita aussitôt à entrer et il la metta à l’aise. Elle n’avait pas l’air bien.
Son chien l’accompagnait et elle s’installa timidement dans le canapé lorsqu’il lui dit de s’asseoir.
Il lui apporta de quoi boire et un plaid sur les épaules.
Elle avait l’air frigorifiée. Depuis combien de temps elle était dehors, à cette heure-ci ? Que faisait-elle dehors ?
Il n’osa pas la brusquer et la noyer de question, alors il réfléchit à la meilleure phrase qu’il pouvait dire pour briser ce silence.
— Est-ce que tout va bien … ?
— Pardon Jasper… je… je ne veux pas rentrer chez moi…
Il s’assit à côté d’elle et l’encouragea à lui raconter ce qui n’allait pas. Elle lui avoua ses craintes et elle pleura. Il la serra dans ses bras et la rassura du mieux qu’il put. Qu’il ne voyait pas d’inconvénient à ce qu’elle reste mais qu’il allait devoir prévenir ses parents.
Elle l’avait regardé avec des yeux paniqués mais il la rassura.
Elle avait fini par s’endormir enroulée dans le plaid et sur le canapé. Elle devait être épuisée pour s’endormir ainsi toute habillée.
Il en profita pour passer un coup de fil.
— Bonsoir… excusez-moi de vous déranger à cette heure-ci… mais Aurore est chez moi.
— Qui est-ce ?
Avait demandé la voix, sur ses gardes.
— Ah, c’est Jasper à l’appareil.
— Bonsoir Jasper… est-ce qu’elle va bien ?
— Oui, elle s’est endormie. Je me charge du reste, vous pouvez vous rassurer. Elle est en sécurité ici.
— Merci pour ton appel.
Il entendit un soupir de soulagement à l’autre bout du fil.
*
Elle avait disparu pendant plusieurs jours.
Personne ne savait où elle était.
Ten’ était parti avec elle.
Elle avait fini par franchir le pas et fuguer.
Elle ne pouvait pas compter sur sa soeur, elle aurait été prise dans ses problèmes. Puis elle était trop proche de la famille.
Au bout de quelques nuits dehors, à dormir à la belle étoile et survivre avec Ten à ses côtés.
Elle avait fini par arriver à court de nourriture et avoir froid. Elle n’avait pas de quoi payer, acheter de quoi manger.
Elle avait fait exprès de laisser son téléphone chez elle.
Elle ne voulait pas être suivie.
Elle se rappela l’adresse de son cousin et elle alla chez lui en dernier recours.
Elle ne pouvait demander de l’aide qu’à lui.
Il était assez éloigné de la famille pour ne pas être influencé par ses parents. Elle l’espérait.
Il l’avait reçue les bras grands ouverts.
Elle s’en doutait mais il ne chercha pas à la duper.
Il lui dit la vérité sur l’inquiétude de la famille, et qu’il devait prévenir ses parents.
Elle fit la moue lorsqu’il la tint au courant.
Il comprit qu’il s’était passé quelque chose.
Il voulait savoir le pourquoi du comment.
Après avoir regardé si elle allait bien et lui avoir posé plusieurs fois la question et qu’elle le rassure, ils s’asseyèrent et elle tenta de lui expliquer rapidement la situation.
*
Elle était fatiguée mais voir son cousin lui mit du baume au coeur. Elle avait les yeux rouges, des cernes et elle n’était pas fraîche. Cela faisait plusieurs jours qu’elle n’avait pas pu se laver, ni dormir correctement dehors.
Elle avait ses affaires de toilette dans son sac à dos mais elle n’avait pas pu souvent les utiliser.
Puis elle était gelée. Ses vêtements étaient chauds mais la nuit était froide et même avec Ten’ à ses côtés et blottie dans ses poils, elle avait froid. La fatigue et la faim n’aidant pas.
Elle lui sourit timidement et il ne la fit pas attendre, il la tira dans son appartement et la serra dans ses bras tout en regardant si elle n’était pas blessée.
— Tu n’as rien ? Où étais-tu… ?! La famille est morte d’inquiètude !
Elle ne savait pas quoi répondre à part sourire de manière crispée, tristement.
— Que s’est-il passé ? On t’a fait du mal ?
— Non, non… je… suis juste partie.
— Oh.
Elle baissa la tête et il ne sut pas quoi ajouter de plus.
— Tu as l’air frigorifiée, est-ce que tu as besoin de quelque chose ?
Elle le remercia de ne pas insister d’avantage.
Et il essaya de la mettre le plus à l’aise possible. Il ne comprenait pas encore bien la situation, mais si elle avait besoin d aide, il serait de son côté.
*
Elle avait eu son baccalauréat.
Lorsque ses parents la félicitèrent et qu’ils discutèrent avec elle de ses résultats autour de la table. Elle était anxieuse. Elle était heureuse que ses parents soient fiers d’elle et d’un autre côté, elle était tiraillée par d’autres sentiments.
Son père avait fait part de sa volonté qu’elle reprenne sa suite, et quelque chose s’était resserré dans sa poitrine.
Elle pourrait suivre cette voie, faire ce que ses parents attendaient d’elle, peut-être la seule chose dont elle était capable.
Contrairement à ses frères et sa soeur, elle n’avait pas de réel talent dans un domaine, ni de rêve, ni de passion. Tout ce qu elle avait c’étaient ses bonnes notes lors de son cursus scolaire, et même cela, son frère avait été un bien meilleur élève qu’elle, dans son cas on pouvait parler d’excellent élève. Elle faisait pâle figure à côté de lui, mais les notes sur son bulletin étaient au dessus de la moyenne, et même bien au dessus de la simple moyenne.
Elle rougissait un peu parce qu’elle ne se sentait pas particulièrement spéciale mais elle avait travaillé dur pour atteindre ce niveau et que ses parents le remarquent, cela la touchait. Elle ne pouvait pas le nier.
— Qu’en penses-tu ?
Avait demandé son père, avec beaucoup trop d’espoir dans ses yeux et dans sa voix pour qu’elle refuse.
Mais elle n’en avait pas envie. Cela lui faisait peur d’accepter. C’était trop de pression sur ses petites épaules et elle en avait déjà un peu marre de faire tant d’efforts pour être reconnue, pour ses parents, pour autrui.
Est-ce que c’est ce qu’elle voulait pour la suite ? Continuer à faire des efforts pour correspondre aux attentes de ses parents ?
Non.
Et pourtant, ses parents ne l’avaient jamais poussée à faire tous ces efforts. Au contraire, ils n’attendaient pas grand chose d’elle, sans pour autant la dénigrer. Ils la laissaient faire ce qu’elle voulait sans lui mettre la pression. Sans aucun doute, c’était elle-même qui se mettait cette pression, cette exigeance, que tout soit fait au mieux, pour surprendre ses parents. Qu’ils la regardent et qu’elle se demarque de la fratrie.
C’était tout ce qu’elle avait pour elle.
En voyant qu’elle n’osait pas répondre. Sa mère remarqua son hésitation et donna un coup de coude dans les côtes de son époux, une manière de le rappeler à l’ordre qu’il ne fallait pas qu il lui forcer la main.
Il toussa tout en se massant le flanc qui venait de se prendre un coude bien placé.
— Enfin, prends ton temps pour réfléchir à ma proposition.
*
Elle était retournée dans sa chambre.
Elle avait quitté ses parents sans se prononcer et ils l’avaient laissée réfléchir à leur proposition.
Après avoir fermé la porte de sa chambre, elle s’était jetée dans son lit, la tête dans enfouie dans son oreiller.
Elle pleurait. Elle ne savait pas exactement pourquoi mais elle se sentait piégée. Est-ce qu’elle aurait du parler à ses parents de son envie d’aller étudier en ville ? D’aller travailler en ville et d’être indépendante là-bas. Peut-être pas entièrement indépendante, mais au moins essayer de se débrouiller par elle-même. Pourquoi même pas quitter la maison familiale.
Elle avait trop peur de la réaction de ses parents.
Elle était encore colère contre elle-même de n’avoir pas eu le courage de s’exprimer. Et en colère parce qu’elle n’avait jamais osé s’interposer et refuser les propositions de ses parents.
Alors les larmes s’étaient mises à couler sur ses joues, absorbées par son oreiller.
Elle était seule à la maison.
Son frère était à son travail et ne rentrerait pas avant le soir. Sa soeur et son autre frère étaient en ville à leur boutique, et ne rentreraient certainement pas avant la fin de la semaine, s’ils n’étaient pas trop occupés par des projets.
Il ne restait qu’Aurore dans la maison familiale. La petite dernière de tout juste 18 ans.
Elle avait envie de hurler, crier.
Elle avait beau être mature sur certains points, elle restait une jeune fille sans réelle expérience et sans recul sur ses émotions et son ressenti.
Et comme toute jeune personne, elle devait faire ses propres choix et des erreurs pour en apprendre plus sur elle-même et la vie.
Elle se sentait trop mal pour rester ici et elle n’avait personne à qui se confier.
William ne pourrait pas l’aider. Ses parents et lui étaient beaucoup trop influençables par les parents d’Aurore et ses frères et soeur ne comprendraient pas son mal être, ils seraient certainement du côté des parents. Elle serait incomprise.
Elle prit sa décision.
Elle ravala et essuya ses larmes.
Elle ne pouvait pas se plaindre intérieurement éternellement et pleurer en silence sans rien faire.
Elle éteint son téléphone et le posa sur son bureau.
Elle prit quelques nécessaires : sous-vêtements et trousse de toilette, qu’elle jeta dans un petit sac à dos, puis elle sortit de sa chambre.
Ten’ se doutant de quelque chose, était venu la voir.
Elle s’était agenouillée et malgreé ses efforts pour le faire rester à la maison, il n’avait pas obéit.
Il savait qu’elle allait partir et il ne pouvait pas la laisser partir seule.
Alors elle sourit et soupira. Il la suivit.
Elle se réfugia chez son cousin.
Quelle fut sa surprise lorsqu’elle arriva devant sa porte.
Elle était anxieuse. Elle ne l’avait pas prévenu, elle ne savait pas s’il était chez lui.
Il l’accueilli les bras ouvert.
— Est-ce qu’il faut qu’on vienne la chercher… ?
— Non, je ne pense pas. Elle est en sécurité ici. Ne vous inquiétez pas. Je garde un oeil sur elle.
Aurore n’était pas dupe.
Même si les premiers jours étaient amusants pour elle et Jasper. Agréables. Ils avaient rattrapé une partie du temps. Elle savait que Jasper avait besoin d’intimité et juste de se reposer sans à avoir à s’occuper ni se soucier d’elle.
Il sentit qu’elle allait partir et il lui laissa un double des clés.
— Reviens quand tu veux, si tu as besoin.
Il ne pouvait pas lui mentir. Même s’ils s’appréciaient énormément, il avait l’habitude de vivre seul et elle, elle ressentait son besoin d’être seul.
Elle avait alors prit le double de ses clés. Au cas où.
*
Elle errait dans les rues, dans la ville en plein milieu de la nuit.
C’était calme et elle appréciait ce silence pour réfléchir.
Elle était libre, en quelque sorte.
Ni ses frères ni sa soeur, ni ses parents étaient venues la raisonner. Jasper avait été convainquant et, même sans cela. Elle n’avait pas envie de les voir, pas tout de suite.
Elle voulait profiter encore de cet instant de liberté sans qu’on la rappelle à l’ordre.
Sans qu’elle se sente coupable et rabaissée par ce qu’elle était incapable d’accomplir comparé à sa fratrie.
Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas tout de suite les personnes qui étaient à quelques mètres d’elle.
Elle était dans un petit bois, et un groupe de 3 jeunes d’à peu près son âge, d’après leur acoutrement et leur manière de parler, discutaient sans trop se soucier de déranger les alentours.
À cette heure-ci, il n’y avait personne et les feuillages des arbres étouffaient le bruit qu’ils faisaient.
Puis, ils remarquèrent sa présence.
Ils s’arrêtèrent et Aurore aussi. Se regardant dans le blanc des yeux, sans trop savoir quoi faire.
Elle aurait pu avoir peur, peut-être avait-elle l’air sur ses gardes et le groupe de jeunes hommes s’échangèrent un regard et l’un d’eux se rendit compte qu’ils effrayaient peut-être la jeune fille qui avait l’air plus jeune, et surtout qui était seule, même accompagnée de son chien.
Le chien était sur ses gardes et elle dut lui faire signe de se calmer et de ne pas grogner tant qu’il n’y avait pas de danger imminent.
— Euh, salut. T’es toute seule… ?
Finit par prononcer celui qui semblait mieux lire l’atmosphère que ses compagnons.
Ces derniers avaient l’air déjà un peu trop joyeux et peut-être plus alcoolisés que lui.
Elle hocha la tête.
— C’est un peu dangereux de te balader toute seule… non ?
Ses amis n’avaient pas l’air de vouloir le soutenir ni l’aider. Ils se chamaillaient gentillement. Et ne prêtaient même plus attention à Aurore.
Elle put se relâcher un peu, elle n’avait vraisemblablement rien à craindre et elle caressa doucement Ten’ qui se détendit également.
Son interlocuteur jeta un oeil au chien et se sentit idiot de n’avoir pas plus intelligent à dire.
Ses deux amis étaient en train de continuer leur chemin en titubant et blaguant, mangeant à moitié leurs mots.
Il soupira.
— Fais attention à toi.
Ajouta t-il avant de lui jeter un dernier regard et rattraper les deux autres garçons qui ne l’avaient pas attendu.
Quelques jours plus tard, elle les recroisa dans le bois mais à un autre endroit.
L’heure n’était pas la même.
Il faisait encore jour et les garçons étaient beaucoup plus sobres. Sauf celui qui la reconnut et la salua timidement.
Les deux autres furent surpris qu’ils se saluent.
— Quoi ? Tu la connais et tu nous présentes pas ?
— Vous étiez trop torchés pour vous en souvenir !?
*
Au fil de la discussion il lui proposa de venir avec eux à une petite fête et comme elle n’avait rien de mieux à faire, elle accepta de les suivre.
— T’as qu’à l’inviter à venir avec nous.
Dit un de ses amis, qui voyait qu’il regardait d’un oeil intéressé la jeune fille. Peut-être pour l’aider à franchir le pas et le pousser à se rapprocher d’elle si elle l’intéressait.
— C’est pas bête, plus on est de fou, plus on rit.
Appuya son autre ami.
Les deux amis s’échangèrent un regard complice tandis qu’ils attendaient de voir sa réaction.
— C’est qu’elle a p’tre mieux à faire…
Il n’osa pas croiser son regard.
Elle n’avait effectivement rien d’autre à faire. Elle était libre comme l’air et maintenant qu’elle les observait discuter, en plein jour et sobres, ils n’avaientt pas l’air dangereux, mais plutôt sympathiques.
Puis elle était curieuse. Ten’ était avec elle dans le pire des cas et elle savait un peu se défendre.
Alors elle se décida à les suivre.
Ils étaient joyeux, et c’était peut-être cela qui l’attira.
Durant le trajet elle discuta ou plutôt, il discuta avec elle.
Celui qui était le plus mal à l’aise du groupe.
— Tu sais, ne te sens pas forcée de venir… mes potes sont du genre à forcer un peu la main…
Dit-il pour essayer d’alléger l’ambiance.
*
Ils arrivèrent à une demeure, au fin fond de la forêt, derrière des arbres et des buissons, du lierre et des vestiges d’un muret.
Il y avait une maison, et elle était occupée.
Des gens discutaient et ne s’étaient pas interrompus lorsqu’ils arrivèrent.
Ils étaient attendus et les personnes déjà présentes leurs jetèrent un regard pour les saluer ou juste un signe de tête ou de main. Tout en continuant leur conversation.
Elle entra en dernier et cela les interpela.
— Bah, vous avez amené une nouvelle tête ?
S’exprima une jeune femme à peu près du même âge qu’Aurore.
Elle se présenta rapidement et on l’invita à s’asseoir.
Ils déposèrent sur la table basse de la nourriture et des boissons et elle se sentit mal de n’avoir rien amené.
— Ah… excusez-moi, je suis venue les mains vides…
Dit-elle en baissant la tête, vraiment confuse.
Le jeune homme qui l’avait invitée s’installa à côté d’elle et la rassura, tout en expliquant aux autres.
— Ne t’en fais pas, il y en aura assez pour tout le monde puis tu ne pouvais pas savoir.
Dit-il en lui jetant un clin d’oeil.
C’était étrange comme ces inconnus étaient chaleureux avec elle alors qu’ils ne s’étaient jamais vus. Il était facile de leur parler.
Ou bien c’était elle qui était agréable de compagnie mais elle s’entendit tout de suite bien avec eux.
Ils étaient à l’aise, et ils l’acceptèrent dans leur cercle d’amis aussitôt.
Elle se sentait bien avec eux.
Ils ne savaient pas son passé et elle pouvait se comporter librement sans craindre de regards ou de jugement. Elle voyait que tout le monde faisait cela et cela convenait.
Ils étaient presque tous du même âge. Ils étaient étudiants ou travaillaient dans un boulot alimentaire, encore chez leurs parents ou dans une colocation pour survivre en ville.
C’était ici leur petit havre de paix. Ils avaient apporté quelques meubles et affaires pour rendre l’endroit plus confortable. C’était une sorte de cabane dans les ruines d’une maison plein pied.
Tout le monde ne s’entendait pas forcément mais ils se toléraient, c’était ainsi.
Ten’ fut également accepté mais Aurore les prévint quil ne fallait pas lui chercher des problèmes. Que son chien pouvait être dangereux.
— Il ne devrait pas avoir une musolière ton chien… ? Il est grand et je me demandais si c’était pas un chien de catégorie.
— Si… mais, il a toujours été libre quand je vivais à la campagne, je me sens mal de lui imposer ça…
— Tu n’as pas peur qu’il attaque quelqu’un un jour ? Tu risques pas d’avoir des problèmes ?
— … Il attaque que s’il sent que je suis en danger.
— C’est pour ça que tu viens dans les bois pour le promener ?
— Oui, parce qu’il y a moins de monde et que je risque pas de croiser des gens, normalement. Surtout quand je viens le promener en plein milieu de la nuit.
— » as pas peur ?
— De quoi ?
— Bah, de te faire agresser, surtout en pleine nuit.
— J’ai Ten’.
Dit-elle, tout en le caressant. Et en souriant doucement
— J’avais pas remarqué hier soir, mais tu as les yeux verrons !
— O… oui…
— C’est pas commun, c’est la première fois que je vois ça, c’est
2020.12.14
j’suis désolé, j’ai pas eu le temps de tout relire. je pensais pouvoir ce jour, mais ça rentre pas dans le planning.
du coup, pourquoi je commente ? ben parce que le début, il me parle bcp. je l’ai très probablement déjà dit, mais vouloir tout plaquer, ça me parle. et en plus c’est le rêve que j’ai fais cette nuit. juste partir pour avoir la paix, ou changer de cadre, même si là où on est c’est pas si mal. rien que pour pouvoir se dire qu’on en est capable.
enfin bref.
je voulais surtout savoir, pourquoi y’a pas de fin ? 🙂
« Pourquoi y’a pas de fin »
Parce qu’en fait, comme la plupart de mes textes, j’ai dû l’écrire allongé dans le lit, en pleine nuit, et j’ai dû m’endormir avant de finir ma phrase.
C’est une chose courante 🙂
Qu’est ce qui t’empêcherait de tout plaquer ? On ne vit qu’une seule fois 🙂
ce qui m’empêche de tout plaquer ? cela – je pense – correspond à une envie de ne pas avoir de responsabilité. par exemple quand je me retrouve en touriste dans une ville, sans maison, sans voiture, sans personne à aller voir, sans famille à appeler pour prendre des nouvelles. mais c’est plus un fantasme qu’un souhait. dans la réalité, je pense que mon entourage me manquerait rapidement, ainsi que mon confort.
enfin bref tu vois le délire.
ok pour le texte sans fin 🙂
Ok, je vois, merci pour ton explication. Je comprends mieux. J’ai pas grand chose à y répondre à part que personnellement, j’essaye de faire en sorte d’avoir le moins de « responsabilités » désagréables si c’est possible, mais si pour toi, ce sont quand même des choses nécessaires et que tu arrives à t’échapper de temps en temps en allant te balader à Paris. C’est plutôt un bon équilibre, non ?
je pense que j’ai pas de quoi me plaindre en effet 🙂