Fiévreux

Elle, affalée sur le divan dans le bureau de son époux.
Un landeau à ses côtés.
Un enfant endormi dedans.
Elle s’était également assoupie.
Il lui jeta un regard amusé et attendri, de son bureau recouvert de papiers et dossiers.
Il était debout et légèrement incliné sur ses documents, un crayon à la main.

*

Il avait 2 ans et demi, ses journées étaient déjà bien remplies par le programme dont il avait droit.
Il avait un garde du corps qui le surveillait de loin et une institutrice éducatrice attitrée.
Elle avait été choisie avec soin, pour que ce ne soit pas un espion.
Lorsque sa mère finissait son travail ou lorsqu’elle avait une pause, elle n’hésitait pas à passer le voir, de même que son père.
Ses parents le récupéraient en fin d’après-midi pour passer du temps avec lui.

*

Il était malade, sa fièvre était montée et il était maintenant au lit, une serviette éponge pliée et essorée à l’eau froide sur le front.
Il était encore un enfant et il pâtissait du peu de temps qu’il pouvait avoir avec ses parents.
Le fait de voir son père et sa mère concentrés sur leur travail respectif.
Surtout que sa mère s occupait et passait plus de temps avec ses élèves qu’avec son propre fils.

Allité à cause de sa fièvre, il était sous la couverture.
La tête lourde et le corps brûlant, il tremblait pourtant.
Il se sentait s’enfoncer dans son oreiller et dans le matelas moelleux de son lit.
Son éducatrice et garde du corps était à ses côtés, ou pas très loin.
Chrystal, l’infirmière et médecin, était déjà passée le voir et avait signalé que ce n’était rien de grave. Qu’il lui fallait du repos et de laisser la température descendre.
Elle lui avait posé une petite serviette humide et fraîche sur le front pour le soulager et faire baisser un peu la fièvre.
Son garde du corps avait pris la relève.

— Je repasserai pour voir si la situation évolue mais normalement ça devrait aller.
Avait-elle dit, un peu pressée, certainement quelque chose de plus urgent à régler.

De temps en temps, elle trempait à nouveau la serviette dans la bassine d’eau froide et l’essorait pour la reposer sur son front.

— … Papa… Maman…
Murmurait-il à moitié dans les vapes.

— Ce n’est que moi. Tes parents doivent être occupés… ils viendront te voir plus tard.
Expliquait-elle alors, comme à son habitude.

Dans sa petite tête d’enfant, ses idées noires s’entrechoquaient et il se demandait si ses parents se préoccupaient de lui et de son état.
Peu importe ses efforts, ses parents n’étaient pas à ses côtés, et à ce moment précis où il avait besoin de leur présence à son chevet, il n’avait aucune idée de où ils pouvaient se trouver.
Comme si elle devinait le cheminement de ses pensées, elle reprit la parole.

— Ne t’en fais pas. Ils s’inquiètent à leur manière. Tu sais qu’ils ont beaucoup de responsabilité et qu’ils ne peuvent pas venir tout de suite, même s’ils en ont terriblement envie.

Il finit par s’endormir tout en ressassant ces dernières paroles.

*

Elle accourut, Chrystal l’avait prévenue et elle avait fait son possible pour se libérer lors de sa pause et parcourir les couloirs pour aller voir son fils.
Ce n’était pas la première fois qu’il était malade mais cela ne l’empêchait pas d’être tout de même inquiète.
Elle voulait attester de ses propres yeux, l’état de son enfant.
Elle arriva devant la porte de sa chambre, essouflée.
Lorsqu’elle ouvrit, lentement, elle vit que son époux était déjà là. Il avait eu la même idée qu’elle, sauf que son bureau se trouvait beaucoup plus près.
Il était à son chevet, le dos de sa main aposée sur les joues de leur enfant qui dormait.

— Sa température a un peu baissé, et il a l’air de mieux dormir maintenant.
Expliqua doucement sa protectrice, assise à ses côtés.

— Merci.
Dit-il, reconnaissant de ce qu’elle avait fait et ce qu’elle faisait encore en prenant soin du jeune maître.

La mère arriva à son tour pour toucher le dessus de la tête de sa paume, puis comme le père, elle frôla la joue de son enfant avec le revers de sa main.

— Effectivement, ça a l’air d’aller.
Dit-elle encore le souffle un peu court. En serrant son autre main dans celle de son compagnon qui s’était décalé pour qu’elle puisse s’approcher.

Dans son sommeil agité, il avait reconnu le timbre de voix de ses parents et il avait entrouvert ses paupières pour apercevoir leurs silhouettes floues.
Apaisé de les savoir à son chevet, il n’avait pas eu la force de se réveiller complètement et il se rendormit, le baume au coeur.
Ils repartirent aussitôt venus.

Ils repassèrent après leur journée de travail pour voir si tout allait bien.
Ils avait fait signe à sa garde du corps d’aller se reposer.
Elle voulut refuser mais son employeur insista et elle ne put décliner cette offre puisqu’elle était érintée de cette journée.
Ils prirent la relève de la garde du chevet
Il retira la serviette puisqu’il n’en avait plus besoin.
Elle partit rapporter la bassine et le reste.
Il dormait maintenant à poings fermés. La température était revenue à la normale.

Lorsqu’il reprit ses esprits.
Il lui posa alors la question, ne sachant plus si c’était la réalité ou si sa fièvre avait crée ces illusions de ses parents.
Elle lui avait alors confirmé que ses parents étaient bien passés.

Après s’être remis sur pieds et s’être lavé puis changé.
Il allait beaucoup mieux.

2019.12.30

2 réflexions sur “Fiévreux

  1. james dit :

    « Il avait 2 ans et demi, ses journées étaient déjà bien remplies par le programme dont il avait droit. »: « auquel il avait le droit », je me demande si ça sonne pas mieux.
    « Ils prirent la releve de la garde du chevet »: « la relève » (accent)

    Pauvre petit bout de chou, qui est malade alors que ses parents ne sont pas là.

    • Si, ça sonne mieux, toute ma phrase est bancale mais tant pis, ça sera pour la V2 !

      J’avais eu envie d’écrire d’un autre point de vue pour essayer.

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