Opération

Hélène ouvrit boutique comme d’habitude.
Son frère, Alain arriva peu de temps après.
La première cliente de la journée, une personne âgée amicale, lui adressa la parole.

— Bonjour, vous avez vu le boucan qu’il y a eu ce matin dans la rue ?
— Bonjour. Il s’est passé quelque chose, ce matin ?
— Oui, juste à quelques mètres d’ici. Il y avait la police et une ambulance. Une pauvre petite s’est fait agresser au couteau il paraît. Heureusement ils ont pu arrêter le coupable… les rues ne sont plus aussi sûres qu’avant par ici. Quel drame…
— Une petite ?
— Une jeunette, sûrement une étudiante, je n’ai vu que sa chevelure blonde sur le trottoir, avant que les ambulanciers l’emmènent.

Hélène songeuse et inquiète, appela sa mère.

— Allô maman ? C’est moi, Hélène. Tu sais si Aurore est rentrée ce matin… ?

— Hm… d’habitude elle se réveille à peu près à cette heure-ci, je vais voir. Pourquoi ?
Dit-elle en marchant en direction de sa chambre.

— Une histoire par ici, je veux juste m’assurer qu’elle est avec vous.
— … Je suis dans sa chambre mais elle n’a pas l’air d’être rentrée, tout est en place et je ne vois pas ses affaires.

— … Je te rappelle.
Dit Hélène avant de couper.

Elle chercha le contact de sa soeur sur son téléphone et appela.
Ça sonna, et les secondes furent interminables.
Ça décrocha.

— AH ! Aurore ? T’es où ?
— … Allô ?

La voix masculine surpris Hélène.

— Allô… ? Excusez-moi, je me suis trompée de numéro-
— Non, attendez ! Je, euh, elle est à l’hôpital. Est-ce que vous êtes quelqu’un de sa famille ?
— …
— Allô ? Il y a quelqu’un ?…
— Ah pardon, je… Ma soeur est avec vous ?
— Oui, elle n’est pas encore réveillée, elle a été opérée.
— À quel hôpital êtes-vous ?
— Celui de la ville.
— Merci beaucoup, je vous rappelerai. Elle raccrocha avant même qu’il n’ait eu le temps de répondre.

Elle regarda de nouveau son téléphone pour appeler sa mère.

— Allô maman ? Tu as le numéro de téléphone de tonton Alexandre… ?
— Oui… ?
— Apparemment Aurore a été emmenée dans son hôpital. Je t’expliquerai les détails quand j’en saurai d’avantage, je vais aller la voir. Tu pourrais juste appeler pour confirmer qu’elle est bien là-bas, s’il te plaît ? Merci.

Telle une tornade, elle raccrocha de nouveau.
Elle se tourna vers son frère.

— Aurore est à l’hôpital, je te confie la boutique.

Il savait à quel point elles étaient proches et ne dit rien.
Elle attrapa son manteau et partit en coup de vent.

— Allô ? Alexandra ?
— Excuse-moi de te déranger, il paraît qu’Aurore est transférée à ton hôpital, est-ce que tu peux vérifier… ?

Sa voix était tremblante même si elle faisait tout pour la contrôler.

— Hm… Elle ne devait pas avoir sa carte d’identité j’imagine. Je vais aller voir.

Il se balada dans les couloirs et regarda les nouveaux arrivants section urgences.
Sur la liste il vit un descriptif qui l’intrigua.
Il alla vérifier sur place.
Il vit un homme à son chevet, et reconnut aussitôt la jeune fille dans le lit.

— Ok, elle est là. Je m’en occupe, t’en fais pas.

— … Merci. J’arrive dès que je peux.
Dit-elle rassurée.

*

Vlad était assis à ses côtés, il avait posé les affaires d’Aurore quelque part : son manteau et ses vêtements.
Il avait gardé son portable à portée de main, au cas où Hélène le rappelerai.
Il vit le médecin qui jeta un regard dans leur pièce et le suivit du regard.
L’homme en blouse blanche finit par entrer.

— Bonjour.
Dit Alexandre.

— Bonjour… ?
— Je m’appelle Alexandre. Je suis l’oncle d’Aurore.
— Je… suis Vlad. Juste une connaissance.
— Est-ce que tu peux me raconter ce qu’il s’est passé ? S’il te plaît.
— Je n’en sais pas beaucoup plus, monsieur. Lorsque je suis arrivé, elle était déjà blessée et son agresseur était inconscient. Je n’ai fait qu’appeler les secours…
— Je vois… merci à toi d’avoir été là pour elle.

Il s’approcha du lit puis se mit de l’autre côté pour soulever légèrement la couverture et examiner Aurore.
Il vit les bandages et tâta son pouls.
Il jeta un coup d’oeil sur la plaquette en face du lit, pour voir qui s’était occupé de l’opération.
Puis se retourna vers Vlad.

— Est-ce que tu peux rester avec elle jusqu’à l’arrivée de sa famille, s’il te plaît ? Je dois aller parler à un confrère.
— Euh… oui, bien sûr.

— Merci.
Dit-il tout simplement.

Il partit comme il était venu. Laissant Vlad presque aussi perdu qu’à son arrivée.

*

— Bonjour, est-ce que vous avez quelques minutes à m’accorder ?
Dit-il en interceptant son confrère.

— Bonjour, monsieur le directeur. Oui, bien sûr.
Répondit-il sur la défensive.

— Vous vous êtes occupés de la patiente de la chambre ?
— Euh oui, c’est bien moi, est-ce qu’il y a un problème… ?
— Non, pas du tout, est-ce que vous pouvez me raconter en détails l’état de la patiente à son arrivée, s’il vous plaît.
— Oui monsieur, elle était poignardée sur le flanc gauche, l’arme blanche était enfoncée assez profondément mais heureusement les organes vitaux n’ont pas été trop endommagés. Elle avait juste perdu connaissance à cause de l’hémorragie, qui n’était pas si importante, puisque l’arme était encore dans son corps à son arrivée. On a pu la prendre en charge rapidement.
— Merci beaucoup.

Alors qu’il était sur le point de repartir, l’autre médecin l’arrêta.

— Est-ce qu’il y a une raison derrière ces questions, monsieur ?
Osa t-il demander.

— Rien de très important, je connais l’identité de la patiente.

*

Hélène arriva le souffle coupé après avoir couru.
Elle demanda à l’accueil s’ils avaient une patiente du nom d’Aurore. La pauvre hôtesse ne pouvait pas lui répondre.
Hélène étant de sang chaud, commençait à perdre patience, lorsqu’Alexandre passa dans le hall d’entrée et s’interposa.

— On ne harcèle pas mes employés, mademoiselle.
Dit-il en se posant sur le bar d’accueil.

Hélène se calma sur le champ.

— E-… excusez-moi, mademoiselle… je n’aurais pas dû vous parler sur ce ton…
Dit-elle gênée.

— Ça ira pour cette fois… il rassura son employée qu’ils se chargeait du reste, en lui donnant une petite tape amicale sur son épaule.

Il passa de l’autre côté du guichet et s’adressa à Hélène.

— Bonjour, chère nièce.
— B-bonjour… cher oncle…

Elle gardait la tête baissée, peu fière de son comportement et de la réprimande qui a suivi.

— Suis-moi, je sais où est Aurore. L’hôtesse n’aurait pas pu te répondre parce qu’elle n’a pas été enregistrée sous son nom lorsqu’elle est arrivée.
Expliqua t-il.

2018.06.10

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