Poison et hôpital

Elle l’avait accompagné comme il l’avait souhaité.
Il ne pensait pas que cela tournerait mal.
Ils se firent inviter dans une salle privée pour discuter de choses sérieuses et au calme.
Elle se fit entraîner dans cette réunion.
Elle était habillée d’une très belle robe luxueuse qui mettait ses formes en valeur, et surtout ses clavicules et ses épaules à la peau blanche.
Les gens de cette haute société ne désiraient qu’une chose, que l’homme qu’elle accompagnait, tombe. Pour qu’ils puissent récuperer son business. Elle resta à ses côtés et ils s’assirent.
Quelqu’un amena des apéritifs, il y avait un verre d’alcool qui lui était destiné.
Il savait qu’il était dangereux de boire à cette table. Le poison était une pratique courante. Il accepta le verre et le posa devant lui, sans aucune intention d’y tremper ses lèvres.
Sa compagne était tendue. Elle n’était pas dans son élément.
Elle resta cependant très calme et silencieuse.
Sa beauté muette attirait le regard des invités.
Les mains posées sur ses jambes, son regard tombant et ses longs cils qui accentuaient ses yeux.
Elle avait une peau aussi claire que de la porcelaine.
Il était assez fier de sa fleur.
Elle avait deviné le contenu de la coupe.
Au milieu de la soirée, alors que les personnes n’attendaient que ça, elle décida de faire le premier pas et attrapa innocemment le verre de son « maître » et vida le contenu dans sa gorge.
Les propriétaires la fixèrent les yeux ronds, ne s’attendant pas du tout à ce geste, furent surpris.
Son ami, lui-même, fut étonné et ne sut comment réagir.
Elle reposa le verre vide comme si de rien n’était puis repris sa pose.

Elle commença à se sentir mal, le poison faisait effet dans son corps, elle sentait la chaleur monter en elle et dans ses joues.
Elle avait la tête dans un nuage et les alentours étaient flous.
Elle devint de plus en plus rose, plus rouge.
Il lui toucha la main puis le front et l’utilisa comme excuse pour se retirer et rentrer chez eux.
Le poison faisait effet mais sa constitution permettait de ralentir de manière très minime les effets. Ce poison était censé tuer la personne en lui faisant perdre connaissance de manière rapide.
Il dit qu’elle était fatiguée de cette soirée comme prétexte pour s’extirper de cette situation.
Elle ne tenait presque plus debout, elle luttait pour marcher droit.
Il lui tenait le bras, et ils essayaient d’être naturels.
Lorsqu’ils sortirent du bâtiment, il passa son bras sous ses jambes et la porta jusqu’à leur voiture.
Elle s’endormit sur le siège, il dut l’installer du côté passager et attacher sa ceinture. Sa température montait et elle avait perdu connaissance.

Il ne pouvait rien faire de plus.
Elle était allongée sur son lit, encore toute habillée.
C’était un ange et elle ne pouvait pas mourir de cette manière.
Elle allait juste mettre plusieurs jours à se remettre de ce poison.

*

Elle avait été agressée. Battue, violée, violentée, mais elle était encore vivante. Ils avaient voulu lui extirper un renseignement qu’elle ignorait ou qu’elle refusait de leur donner.
Elle était à sang et la personne qu’elle voulait couvrir n’était pas là pour la soutenir. Elle riat d’elle-même avant de perdre connaissance.
Ils la jetèrent dans la rue, et un passant découvrit son corps et appela une ambulance.
Quel comble, alors qu’elle était elle-même infirmière. Elle ne gagnait pas bien sa vie et n’avait pas assez pour rembourser ses soins. Lorsqu’elle se réveilla, incapable de bouger et sous anti-douleurs, elle souhaita sa propre mort.
Quelqu’un ou quelque chose lui rendit visite la nuit.
Ce n’était en aucun cas son sauveur.
Elle guettait quelque chose.
Pourquoi elle ?
Clouée au lit, l’ombre s’approcha d’elle et mis plusieurs jours avant de se décider et de la tuer.
Elle eut pitié d’elle ou alors elle voulut juste la faire mourir le plus lentement possible.
Elle planta sa faux dans son abdomen et la retira pour qu’elle se vide de son sang. Elle l’étrangla juste assez pour qu’elle continue à vivre.
C’est là qu’il intervint, il tua l’ombre d’un seul coup et vérifia qu’il n’y avait plus rien aux alentours.
Il débrancha les machines et vérifia si elle était encore en vie.
Elle reconnu sa corpulence.
Il était pressé ou paniqué.

— Je suis désolé…
Murmura t-il, à plusieurs reprises.

Elle le supplia de la tuer, mais il n’en fit rien.
Il approcha son visage de sa nuque et lui murmura de lui pardonner.
Elle était en sang et souffrait.

2015.11.21

3 réflexions sur “Poison et hôpital

  1. james dit :

    j’ai lâché un « oh la vache » à la fin de la lecture.

    déjà que c’est pas toujours simple pour les personnages de survivre, c’est visiblement aussi compliqué de mourir.
    j’imagine que c’est l’ange qui a été agressé dans le début du 2eme paragraphe. la même qui a bu le poison pour sauver/montrer son dévouement à l’homme qui l’accompagnait dans le premier paragraphe. donc une personne qui ne mérite pas spécialement de souffrir.
    après, je peux comprendre pourquoi l’homme qui tue l’ombre ne veut pas la tuer elle. mais on arrive dans cette situation incroyable où le « méchant » la fait souffrir et la maintient en vie pour la faire encore plus souffrir (on suppose), et le « gentil » fait exactement la même chose.
    ça m’angoisse et ça m’énerve, y’a pas de justice

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