Manipulation

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle était allongée dans un lit, elle ne reconnaissait pas le lieu. Il faisait sombre et la seule source de lumière était une petite lampe qui se trouvait à son chevet, qui diffusait une teinte rouge bordeaux autour d’elle.
Il y avait une personne à moitié affalée à côté d’elle, les jambes par terre et le haut de son torse ainsi que sa tête, étaient allongés près d’elle.
Il s’était endormi de cette manière.
Elle se pencha un peu pour voir qui était cet inconnu, et le reconnu.
Étrangement, elle le connaissait, elle savait que c’était une personne chère à son coeur, qu’il s’appelait Ruslan, il lui était familier. Elle passa ses doigts dans ses longs cheveux blancs et joua avec ses mèches.
Elle trouvait cela étrange, elle avait l’impression de ne pas le connaitre alors qu’elle se souvenait de tous les moments qu’ils avaient passés ensemble et de ses sentiments envers lui.

Il ne dormait pas vraiment, lorsqu’il sentit qu’elle jouait avec ses cheveux, il fut prit d’une certaine panique et par réflexe, il lui attrapa le poignet comme s’il se sentait menacé, puis il reprit ses esprits assez rapidement et mesura sa force, et la traita avec un peu plus de douceur.
Il caressa sa propre joue avec la main de Varvara, et observa sa réaction.
Il était épuisé d’avoir altéré sa mémoire, et devait s’assurer que cela avait marché.

Elle eut un petit sursaut au début, puis lui lança un regard plein de tendresse lorsqu’il lui prit la main.
Elle avait du mal à se souvenir de ce qui s’était passé avant, tout ce qu’elle ressentait c’était la douleur dans tout son corps.
Lorsqu’elle voulut bouger, les douleurs réveillèrent les mauvais souvenirs qu’elle voulait oublier.
Ruslan se leva pour vérifier si tout allait bien.

— Ne bouge pas trop, repose-toi…

Il avait une voix douce, elle avait l’impression de ne l’avoir jamais entendue apparavant.
Il l’allongea et s’assit à côté d’elle, sur un fauteuil qu’il amena.

— Quels sont tes derniers souvenirs… ?

Il n’y allait pas de main morte. Il fit attention à bien choisir ses mots, tout de même.

— … J’étais… enfermée dans une pièce… sombre… et je…

Cela lui faisait de la peine d’en parler.
Il lui serra la main.

— Ne t’inquiète pas, tout va bien maintenant, je vais m’occuper de toi…

Il jouait relativement bien la comédie, et donnait l’impression d’être triste pour elle.
Il l’embrassa sur le front.
Il lui fit croire qu’il était en réalite le chef de cette demeure et qu’elle ne craignait rien tant qu’elle restait ici.
Elle ne devait pas sortir parce qu’il la cachait pour l’instant.
Que le méchant n’était plus ici et qu’il prendrait soin d’elle.
Il quitta ensuite la pièce.

Elle entendit une porte s’ouvrir et se refermer, puis aucun bruit.
Elle entendait quelques pas à l’extérieur mais presque aucun bruit ne pénétrait dans cette pièce, ni la lumière.
Elle commença à s’habituer à l’obscurité, petit à petit.
Elle remarqua les bandages qu’elle avait au niveau de ses poignets.
Elle avait perdu beaucoup de sang et elle ne savait plus à quand remontait son dernier repas.
Elle était encore dans sa robe en laine complètement déchirée et sale.
Ruslan revint quelques minutes après, avec une pile de vêtements sous les bras, ainsi qu’un plateau de nourriture.

— Tu dois avoir faim, n’est-ce pas ?

Il posa le plateau sur le chevet.

— Est-ce que ça ira ?
Demanda t-il.

Il avait pu se rafraîchir les idées en quittant la pièce et tenter de réfléchir à quel genre de comportement il devait avoir.

— Je t’ai également apportée de quoi te changer…
— Je… pensais que tu étais mort…
Finit-elle par dire.

Ses souvenirs revenaient petits à petits ainsi que leur chronologie. Et des larmes coulèrent sur ses joues.
Il la serra dans ses bras.

— Je vais bien, je suis là maintenant.

Il ressentait des sentiments inédits, c’était la première fois qu’il entendait la voix de Varvara dire autant de choses, en face de lui.

Elle lui rendit son étreinte et il se sentit encore plus mal. Jamais personne ne l’avait jamais étreint de cette manière.
Elle essuya ses propres larmes.
Elle n’avait jamais remarqué comme il avait de beaux cheveux.
Ils étaient longs et lisses et brillaient avec de jolis reflets rouges de la lampe.

Il avait du mal à gérer ses émotions et s’eclipsa peu après, prétexant qu’il avait des choses à faire.

Elle mangea ce qu’il avait amené sans poser de questions et porta les vêtements prévus. C’était une sorte de robe à longues manches fines et souples, le bas était également très long et recouvrait jusqu’à ses pieds. À croire qu’elle était faite sur mesure.
Malgré le tissu très fin, elle tenait chaud et les différentes couches étaient douces au toucher.
Elle eut sommeil, et s’allongea sur le lit en attendant.
Lorsqu’il revint, elle dormait à poings fermés.

Ainsi il la droguait tous les jours, avec de la nouritture pour qu’elle puisse récupérer un minimum, mais elle était prise de sommeil et passait son temps à somnoler.
Au bout de quelques jours, il la sortit et l’emmena dans la salle du trône où il donnait les ordres à ses sujets.
Il avait préparé un petit coussin assez grand pour qu’elle puisse y dormir recroquevillée, mais pas trop imposant non plus.
Elle était à côté de lui et s’endormait sur ses genoux. Ou bien même, il lui arrivait de s’endormir dans ses bras.
De temps en temps, elle dormait tel un animal de compagnie à ses pieds.

Ses sujets étaient impressionnés. Il avait comme dompté la jeune fille, qui, habillée de manière différente tous les jours, était un régal pour les yeux des gens qui venaient lui rendre visite.
Cependant, Robine haïssait cette petite.
Elle avait attiré l’attention de tout le monde, de plus elle avait toute l’attention de Ruslan et cela elle ne pouvait pas le supporter. Elle songeait déjà à un plan pour la tuer sans que cela ne se voit.

Varvara ne comprenait pas très bien la situation.
Elle était fatiguée mais Ruslan lui disait que c’était normal, qu’elle devait prendre le temps de se remettre de ses blessures.
Lorsqu’elle se réveillait, elle était parfois dans une salle sombre, elle entendait des voix au loin discuter de sujets qu’elle ne comprennait pas, elle ne voyait pas ce qu’il se passait.
C’était toujours Ruslan qui lui apportait à manger parce qu’il disait qu’il voulait être sûr que personne ne l’empoisonne.

Ils avaient prit l’habitude de dormir ensemble.
Elle se collait contre lui et s’assoupissait bien qu’elle dorme déjà tout le reste de la journée.
Il la serrait dans ses bras et lui disait qu’il se sentait merveilleusement bien avec elle.
Elle avait l’impression de redécouvrir quelqu’un mais elle ne fit pas attention. Elle l’aimait, même si elle avait du mal à l’appeler par son prénom. Ses lèvres ne se souvenaient pas d’avoir prononcé son prénom.

Un jour, quelqu’un entra dans la chambre qu’elle occupait avec Ruslan.
Ce jour là, elle était seule.
Ruslan l’avait laissée ici parce qu’il avait eu affaire ailleurs.
Personne n’était censé pouvoir entrer ici.
Elle crut qu’il était revenu, mais lorsqu’elle l’appela, il n’eut aucune réponse et les pas qui s’approchaient d’elle étaient inconnus.
Elle recula et s’approcha de la lampe.
Les pas se rapprochaient mais elle ne voyait toujours personne.

Robine eut l’occasion rêvée de tuer Varvara.
Elle savait que Ruslan n’était pas là pendant une courte durée ce jour-ci et elle en profita pour se faufiler dans sa chambre.
Elle savait qu’elle y trouverait Varvara.

2015.03.02

2 réflexions sur “Manipulation

  1. james dit :

    « Il avait pu se raffraîchir »: rafraîchir
    « s’exclipça »: s’eclipsa
    « Ses lèvres ne se souvennaient pas d’avoir prononcé son prénom. »: souvenaient

    et cette histoire est bien malaisante.

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