Bain

Il était épuisé et faisait de son mieux pour ne rien laisser paraître, mais je le voyais. Des gouttes de sueur apparaissaient sur son front et sa respiration était plus forte.
Après le dernier endroit à inspecter, un homme vint vers nous et semblait avoir des nouvelles à divulguer.
Il lui fit signe qu’il pouvait parler.
Il me jugea de son regard et s’exprima.

— Maître, les lieux sont sécurisés. Nous attendons vos instructions.
— Que tout le monde se détende dans les bains. Vous avez quartier libre. Préparez-vous et réunissez-vous dans la grande salle d’ici deux, trois heures. Ce sera tout.
— Bien, maître.

Il s’inclina et repartit aussi vite qu’il était venu.
Le maître posa sur moi son regard bienveillant et me fit signe de le suivre.
Arrivés devant ses appartements, il m’emmena dans une pièce cachée. Il y avait dans un placard, un téléphone fixe.

— C’est ma ligne privée. Tu peux joindre ton père et le tenir au courant de la situation sans inquiétude. Je t’attends à l’extérieur de la pièce. Prends ton temps.

Après avoir composé le numéro privé de mon père, j’apportais l’engin à mon oreille.

— Oui ?

J’entendis sa voix que je reconnaîtrai entre mille. Il était méfiant.

— Papa ?
Demandais-je timidement, pour m’en assurer.

— Alexandra ?! C’est bien toi ?!
— Oui, c’est moi. Je vais bien, Gabriel va bien, nous sommes arrivés a temps. Je vais rester un moment ici pour l’instant. Ne t’inquiète pas trop, Chris n’est pas loin.

J’essayais d’être succinte et de rassurer mon père du mieux que je le pouvais.

— … D’accord. Surtout fais attention à toi. Tu es assez grande pour savoir ce que tu fais… Peux-tu me passer Gabriel ?

J’appelais Gabriel pour qu’il prenne l’appareil.
À moitié surpris, il répondit à mon père.

— Oui ? … Oui… Ne vous inquiétez pas. Oui. Merci.

Je n’entendais que les réponses.
Il raccrocha.
Mon regard interrogateur l’amusa et nous quittâmes la pièce et sa chambre.
Nous nous dirigeâmes vers les bains publics.
Je retrouvais Chrystal et Bellinda sur le chemin.
Gabriel me confia à elles, pendant que Chris et Charles partaient avec Gabriel en direction de leurs bains pour hommes.

Elles me prirent sous leurs ailes et nous entrâmes une à une dans le grand bain public réservé aux femmes.
De nombreuses personnes étaient déjà présentes dans l’eau.
Il y faisait chaud et bon.
Difficile de croire que le château avait été à moitié détruit quelques heures auparavant.
Cependant. Les personnes étaient plus au moins blessées. Les bandages étaient retirés et Chrystal m’expliquait que des substances curatives étaient présentes dans cette eau et dans la vapeur.
À mon arrivée, les femmes se retournèrent toutes dans ma direction.
J’étais consciente qu’elles me considéraient comme une étrangère, et je pensais que c’était pour cela qu’elles me fixaient si intensément.
Puis, je me rendis compte qu’elles me saluaient de manière très respectueuse, une à une. Je ne comprenais plus.
Bellinda s’approcha de moi et m’expliqua que les rumeurs avaient circulé très rapidement. Elles avaient entendu les dires d’un autre interne que j’étais la personne qui avait sauvé le maître des lieux.
Ce n’était pas vrai et pas faux en même temps. Chris avait également joué un rôle important. J’étais plus que gênée.
Je ne me sentais pas de faire un discours pour leur expliquer la situation.
Je me contentai de m’enfoncer le plus possible dans l’eau chaude du bain.
Bellinda et Chrystal restèrent près de moi, et je leur fus reconnaissante du plus profond de mon âme.
Je me souvins alors de la première fois que j’étais venue dans ce bain. Il était presque vide. Il n’y avait que moi et Bellinda. C’était à une période creuse.
J’étais tellement intimidée.
Bellinda regarda ma cicatrice au ventre.

— Tu as encore cette cicatrice ?

Normalement, les gens d’ici cicatrisaient assez rapidement et la marque disparaissait.
Chrystal me sauva la mise.

— C’était une blessure empoisonnée.

À ces mots, Bellinda blêmit.
Ils étaient tous conscient de la virulence d’une blessure infligée par poison. Pour que la cicatrice reste autant apparante, la blessure avait dû être grave.
Elle s’imagina la douleur de celle-ci et se tut.
Elle me regarda avec un certain respect d’avoir survécu à ceci.
Je m’en voulais de lui mentir sur ce point, mais cette blessure infligée à un humain était presque comparable à du poison.
Chrytal m’échangea un regard complice et je ne dis rien.
Les personnes les plus proches entendirent notre conversation et commencèrent à répandre les dires à mon propos.
Chrystal était fière d’elle.
Je soupirais et retins qu’il fallait faire attention à ce que je pouvais dire.
D’un autre point de vue, ce n’était pas une mauvaise chose de répandre des rumeurs que j’étais une dure à cuire, et que j’avais survécue à une blessure mortelle empoisonnée.
On ne pouvait se douter que j’étais une demi-humaine.

Elles m’emmenèrent dans une chambre et on changea de vêtements.
Elles insistèrent pour que je porte quelque chose de très habillé.

— Cela fera plaisir au Maître !
Disait Chrystal.

Bellinda était du même avis, mais sembla un peu gênée.
Je savais qu’elle éprouvait des sentiments à mon égard, malheureusement mon coeur battait déjà pour quelqu’un d’autre.
Elle le savait et m’en avait parlé en privé quelques minutes plus tôt.

— Je ne peux pas rivaliser avec mon Maître. Cela me rassure que c’est lui que tu aimes. Je t’aime depuis que nous nous sommes rencontrées… Je vais peut-être continuer à t’aimer encore un peu. Mais je vais pouvoir tourner la page. Merci.

Elle m’avait serrée dans ses bras et embrassée asur le front.

— Je continuerai à te protéger, encore plus que jamais.
M’avait-elle dit.

Chrystal était tellement insistante.
De plus, l’une des robes que je venais d’essayer avait tapé dans l’oeil de Bellinda.
Je refusais. Toutes ces robes gênaient mes mouvements, si une attaque survenait je ne pourrais me défendre.
Comme pour répondre à mes arguments.

— Nous serons là pour te protéger. Tu n’as aucune excuse.

La robe était beaucoup trop belle pour moi.
Chrystal me souffla que ces robes avaient été confectionnées pour que je les porte.

2014.09.18

3 réflexions sur “Bain

  1. james dit :

    tu mentionnes un téléphone fixe, ce qui sous entend aussi des mobiles. il y’a aussi des châteaux, des duels et des voitures. ça se passe quand cette histoire ?

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