Séparation

Il arriva en pleine nuit paniqué.
Elle l’avait alerté dès qu’elle avait su pour sa fille.
Les enfants dormaient dans leur chambre.
Il n’était pas courant qu’ils recoivent de la visite à cette heure-ci.
Ils entendirent une voix masculine, bien que ce furent des chuchotements.
Leur mère discutait avec quelqu’un.
Ils se réveillèrent peu à peu, somnolants.
Elle fut la première à ouvrir les yeux et secoua doucement son frère qui était à ses côtés.
Il dormait fermement et grommela en se réveillant.
Elle posa son index sur sa bouche et souffla un « ssh ».
Il se figea et fut autant surpris qu’elle qu’il puisse y avoir quelqu’un avec leur mère à une heure aussi tardive.
Ils se déplacèrent à pas feutrés jusqu’à la porte entrouverte, et tentèrent d’écouter la conversation.

— Je pense qu’elle a hérite de tes…

— Es-tu sure… ?

— Je l’ai vu de mes propres yeux. J’en suis sure et certaine. On était au supermarché…
Elle prit une pause et ravala sa salive.

— Qu’est-ce qu’on va faire… ?!

Ils étaient tous les deux dans le salon, autour de la table à manger.
Lui, avec son manteau sur le dos, ses chaussures aux pieds. Il avait une grande carrure et les cheveux mi-courts noirs, tout comme ses yeux. Les mains croisées au niveau de son menton. Il réfléchissait.
Elle, en robe de chambre et un châle sur les épaules qu’elle tenait dans ses petites mains.
Il sortit de sa méditation et reprit la parole.

— Si c’est bien ça… Il n’y aura pas d’autre solution… On va devoir les séparer…

Elle cacha son visage dans ses mains.
Il la consola de son mieux en caressant son épaule.
Lorsqu’il regarda en direction de la chambre des enfants, il perçut des mouvements derrière la porte.
Ils avaient paniqué en pensant qu’il aurait pu les voir dans l’ouverture.
Elle était dos à la porte et ne s’était rendue compte de rien.
En regardant l’homme et son mouvement de tête, elle comprit que les enfants étaient debouts.
Elle se leva et se forca à sourire. Elle marcha en direction de la chambre.
Elle entendit des petits pas précipités jusqu’au lit et ouvrit la porte.
Ils firent semblant de se réveiller lorsqu’elle s’assit à côté d’eux et caressa la couette.

— Venez les enfants. J’ai quelqu’un à vous présenter.

Lorsqu’elle sortit de la chambre, ils se cachèrent derrière elle.
Ils regardèrent discrètement l’homme de plus près.
N’osant pas s’approcher ni dire un mot.
Il ne put s’empêcher d’être ému.
Il avait dû les quitter peu après leur naissance, ne pouvant pas les voir grandir.
Il nota la nette ressemblance avec leur mère. Ils avaient tous les deux les cheveux et le visage doux de leur génitrice, mais ils avaient ses yeux noirs.
Et elle leur raconta toute la vérité.
Que cet homme était leur père.
Qu’il n’était pas à proprement parler « humain », qu’il possédait des pouvoirs et des responsabilités dans un autre endroit à la fois proche et lointain.
Que s’il ne pouvait pas rester c’est parce qu’il pourrait mettre en danger sa famille.
Les enfants ne portaient pas leur père dans leur coeur.
Il s’en doutait vu qu’il avait fait promettre à sa femme de leur dire le moins de choses sur lui. Moins ils en savaient, mieux c’était pour leur sécurité.

Ceci expliquant l’étrangeté de l’immeuble qui lui appartenait et que le peu de résidents étaient en réalité des gardes du corps à son service.
Après ces explications, il s’approcha de sa fille.

— Alexandra… Tu dois partir avec moi. Ce soir. Maintenant.

Elle recula et prit la main de son frère.

— Pourquoi ?!
Dit-elle panique.

Son frère serrait fort sa main et ne voulait pas non plus qu’elle le quitte.

— Il s’est passé des choses étranges autour de toi dernièrement, n’est-ce pas… ?

— Comment…

— Je le sais… ? Parce que tu as hérité de mes… dons.
Ces dons ne sont pas biens perçus dans ce monde et tu seras malheureuse à cause de la méchanceté des autres à ton égard. Lorsque les gens se rendront compte que tu es… spéciale. Ils pourront faire du mal à ton frère ou bien à ta mère…
Aie confiance et crois-moi. Je ne fais pas ça par plaisir. Si ça ne tenait qu’à moi, je ne te séparerais pas de ta famille.

Il lui tendit la main.
Elle baissa la tête et se rappela l’isolement qu’elle subissait à cause de ses camarades qui la trouvaient bizarre et qui la traitaient de sorcière.
L’isolement que subissait son frère parce qu’il la défendait.
Le poids qu’elle était sur les épaules de sa mère.
Elle desserra peu à peu la main de son frère.
Il réagit aussitôt.

— Si elle part, je pars aussi !

Lui qui était de nature calme, sa réaction surpris sa mère et sa soeur.
Ils le regardèrent tous, les yeux ronds.

— Je ne veux pas quitter Sandra…

Des larmes commencèrent à couler sur ses joues roses.

— Je sais bien… Je ne peux pas t’emmener… C’est trop dangereux. Tu subirais la même chose qu’Alexandra. En pire. S’il y avait une meilleure solution, sache que je l’aurais choisie depuis longtemps.

— Je te protegerai !
Dit-il en s’adressant à sa soeur.

Ses larmes coulèrent également.

— Excuse-moi…
Dit-elle en le serrant fort dans ses bras.

Elle lacha la main d’Alexandre, se dirigea vers l’homme qui était son père, et prit sa main.
Ils se dirigèrent tous les deux vers la porte de sortie. Sa mère la prit dans ses bras une dernière fois.

— Sois sage et écoute ce que dit ton père. Promets-le-moi.

Elle essuya ses larmes du revers de sa main.

— Il faut vraiment y aller. S’ils se sont rendus compte que je me suis absenté trop longtemps…

Il tenait fermement la main de sa fille et scrutait les environs.
Sa femme le prit dans ses bras et l’embrassa avant qu’il ne s’en aille.

Lorsqu’ils furent sur le palier de la porte, une femme toute vétue de noir. Apparut à leur côté. Elle avait une capuche assez ample dont l’ombre cachait son visage. Elle s’inclina, la main sur l’épaule en face de son père.

— La voiture est prête, Monsieur.
— Merci bien.

Alexandra tenta d’apercevoir ses traits et cru reconnaitre un sourire amical de ce qu’elle a toujours cru être sa voisine.

Ils prirent l’ascenseur et arrivèrent au hall d’entrée.
L’employé qui était d’habitude ici etait debout et les attendait à la sortie.

— Rien à signaler, Monsieur.
Glissa-t-il, dans la même position que la femme à l’étage.

— Merci.

Lorsqu’elle passa devant lui, elle pu voir clairement un sourire aimable qui lui disait
« Et oui, pendant tout ce temps. »
Qu’allait-elle encore découvrir ?
Elle regarda le large dos de son paternel.
Depuis tout ce temps elle le détestait pour avoir toujours été absent. Jamais là pour eux.
Elle se méprenait. Il avait été là à sa manière.
Qu’allait-elle encore apprendre sur son père ?

2014.01.21

Adolescence

Ils vivaient avec leur mère dans un grand immeuble luxueux.
Ils n’avaient jamais connu leur père. Soit disant partit pour son travail.
Malgré cela la famille était heureuse, ils ne manquaient de rien, leur mère leur apportait l’amour de deux parents.
Les enfants allaient à l’ecole non loin d’ici.
Leur mère les accompagnait dans leur plus jeune âge, puis ils finirent par y aller seuls à partir du collège.
Bien évidemment, une mère au passé douteux qui ne semblait pas travailler, passant la plupart de son temps dans l’appartement, sucsitait des commérages et des rumeurs les plus farfelus les unes que les autres. Certains voisins des immeubles aux alentours, étaient jaloux et trouvaient n’importe quel prétexte pour médire sur la jeune femme.
Étrangement, de rares habitants entraient et sortaient de l’immeuble de cette famille.
À croire qu’il n’y avait que cette famille qui occupait les lieux.
Pourtant le bâtiment était grand.
A l’entrée, un hall assez vaste et brillant de propreté.
Un hôte d’accueil se tenait derrière un comptoir pour récupérer le courrier.
Les enfants entendaient souvent des propos blessants au sujet de leur tendre mère.
Au retour de l’école, ils lui posaient de nombreuses questions au sujet de leur père.
Elle finissait par répéter la même chose au sujet de son travail, et continuait à le défendre. Qu’il les aimait mais qu’il ne pouvait pas être parmi eux. Qu’il avait ses raisons. Et qu’il pensait à eux tous les jours.
Évidemment, n’étant pas satisfaits de ces réponses, ils finissèrent par haïr leur géniteur qu’ils ne connaissaient pas et dont ils ignoraient le visage.

Les jumeaux, Alexandra et Alexandre. Bien que de sexe différent, se ressemblaient comme deux gouttes d’eau lorsqu’ils étaient jeunes.
Les yeux noirs sombres, et les cheveux bruns épais et légèrement bouclés, tout comme ceux de leur mère.
Alexandra gardait la plupart du temps ses cheveux lâchés, tandis qu’Alexandre se les attachait en queue de cheval.
Ils étaient tout le temps ensemble : inséparables.
Ils étaient soudés face aux rumeurs circulant sur leur famille. Tout n’était pas joyeux à l’école mais Alexandre était un très bon élève, et Alexandra excellait dans les matières sportives.
Étant plutôt athlétique et possédant un fort caractère, elle défendait son frère aux moindres brimades.

Un jour, alors qu’ils étaient au lycée, son frère se fit racketter à la sortie des cours.
Elle intervint et il se passa quelque chose d’étrange.
Un groupe de jeunes de leur lycée avaient pris à part Alexandre et ne lui voulaient pas du bien.
Elle arriva par derrière et les interpella.
Surpris, ils se retournèrent et lorsqu’ils virent la jeune fille, ils s’exclaffèrent. Ne la connaissant pas, vu qu’elle était en seconde alors qu’ils étaient en terminale. Ils se moquèrent d’elle en pensant qu’elle n’était qu’une pauvre fille.
Ils n’eurent pas tort. Bien qu’elle se battait plutôt bien, elle ne pouvait lutter contre 3 garçons de deux ans son aînée.
Elle finit les fesses à terre.
Celui qui semblait être le leader du groupe lui fit signe de dégager le passage. En lui montrant bien qu’elle était faible et ne pouvait rien faire.
Son frère, tentant de l’aider, avait prit une baffe de la part d’un sbire et avait également fini au sol.
Elle ne put s’empêcher de haïr ce garçon et de vouloir lui faire regretter son geste.
Elle le fixa d’un regard empli de rage en pensant que ce genre de personnes ne méritaient pas de vivre.
À la seconde qui suivi, le jeune homme s’arrêta net et commença à tousser violemment. Il semblait ne plus pouvoir s’arrêter et ses quintes de toux étaient de plus en plus violentes. Ses deux sbires se regardèrent et fixèrent leur ami, plié en deux, en train de souffrir.
Ils s’approchèrent de lui, inquiets.
Alexandre et Alexandra observaient également la scène, les yeux écarquillés.
Ce grabuge attira rapidement l’attention d’adultes et les trois voleurs de bas étages s’enfuirent à toute vitesse.
L’adulte arriva au niveau des deux enfants à terre et leur demanda si tout allait bien. Ils firent « oui » de la tête et se remirent sur leur pieds pour rentrer chez eux.
Leur mère les attendait avec un bon goûter sur la table et souriante, comme à son habitude. Elle leur demandait ce qu’ils avaient fait de leur journée, et plein d’autres questions.

Quelques jours plus tard, alors que les enfants l’accompagnaient pour faire les courses, une femme du voisinage, qui se trouvait dans les rayons en compagnie de quelques autres de ses amies était là.
Lorsqu’elle vit la petite famille, elle commença à parler assez fort pour que la mère puisse les entendre et tenta de les ridiculiser.
La plupart des personnes présentes, spectacteurs de la scène, pensaient que la commère se ridiculisait elle-même mais la petite famille n’etait pas du même avis.

2014.01.13

Réprimandes

Après s’être éclipsée du mouvement de foule qui accueillait l’homme qui avait porté secours à un blessé, elle voulu faire comme si de rien n’était en rentrant chez elle.
Tout ce qu’elle avait en tête à ce moment était de s’enfermer dans sa chambre pendant quelques minutes pour désinfecter sa plaie et constater l’ampleur des dégâts sur sa cheville.
Manque de chance, son père etait là, comme à son habitude, dans l’entrée en train de travailler sur le métal.
L’oeil avisé, il vit tout de suite que sa fille marchait étrangement et semblait pressée dans sa petite comédie.
Il l’interpella et lui demanda de venir le voir.
Elle venait de passer la porte et poussait un soupir de soulagement en pensant qu’elle était sauve mais, c’était crier victoire trop tôt.
Elle dû obéir et aller le voir.
Il s’occupait de son travail sans trop jeter de regards à son enfant.
Il lui dit de s’asseoir.

— Comment s’est passée ta journée ?
Demanda t-il en continuant son activité.

— … Bien… Pourquoi … ?

Elle sentait le piège venir.

— … Tu es retournée dans la forêt… ?

Il était au courant de ses escapades, mais cela ne l’empêchait pas d’être inquiet.

— Oui…

Il soupira.
Il posa ses outils et se tourna enfin vers elle.
Elle essayait de garder une posture normale et d’agir comme d’habitude.
Il l’observa attentivement et remarqua qu’elle était recouverte de terre.
Il approcha ses mains des chevilles et guetta la réaction de sa fille.
Elle ferma les yeux et grimaça.
Il s’arrêta et lui demanda de tout lui avouer.

— Que s’est-il passé ?
Son ton était dur et sévère.

Elle baissa les yeux et n’osa pas répondre.

— Je… Je suis tombée…

Elle pouvait ne pas dire toute la vérité, du moment que c’était plausible.
Elle savait que ses parents étaient au courant de sa maladresse légendaire, cela ne les étonnerait pas.
Puis il vit les tâches de sang.
Il remarqua la blessure dans sa main et lui prit directement le poignet.

— Qu’est-ce que tu t’es fait ?!
À moitié en colère et inquiet.

— Je…
Dit-elle appeurée. Elle avait peur de la réaction de son père.

— Il faut traiter ça tout de suite. Attends sagement ici, je reviens avec de la pommade.

Il revint rapidement avec des bandages, un bassin d’eau chaude et des onguants.
Il remarqua que la blessure avait été un minimum traitée, il pensa qu’elle avait du se lécher pour éviter toute infection.
Elle prit son courage à deux mains et tenta de s’expliquer.

— Je… Je me suis coupée avec… Les bocaux dans mon sac…

L’histoire de la chute et de la coupure tenait.

— Approche-toi.

Après lui avoir mis un bandage sur sa main ainsi que sur sa cheville foulée, il la porta jusqu’à sa chambre.

— Repose-toi.

Elle était réprimandée.

— Je suis privée de sortie… ?

— Oui. Tant que tu ne seras pas rétablie.

Elle comprennait sa décision mais boudait quand même.
Elle était assise au bout du lit.
Lorsqu’il partit, elle se laissa tomber sur la couverture, les bras croisés au dessus de la tête, et soupira.
Elle savait que ça allait finir ainsi.

2014.01.24

Désinfectant

Il lui prit la main vigoureusement.

— Montre-moi ça.

Son ton était froid et sévère.
Elle n’eut pas d’autres choix.
Elle s’était coupée la paume avec les morceaux de verre dans son sac. La plaie était profonde et cela saignait déjà beaucoup.
Il hésita à peine quelques secondes. Il lécha et suça le long de la coupure pour désinfecter le tout.
Elle sentit la chaleur de son souffle et le toucher de sa langue dans sa main.
C’était à la fois doux et humide.
Elle rougit et ne put s’empêcher de fermer les yeux.
Il recracha à côté de lui le sang et un peu de terre présent sur la peau, et s’essuya la bouche du revers de sa manche.

— Ca va ? Je ne t’ai pas trop fait mal ?

Elle secoua la tête.

Il relâcha sa main et se rapprocha du corps sans conscience de l’homme à terre.
Il le porta et lui fit signe de l’aider.
Elle dû se concentrer pour faire comme si de rien n’était pour sa cheville foulée.
Elle l’aida à soutenir l’autre bras.
Elle laissa son sac et son panier et ils remontèrent lentement les étages pour arriver jusqu’au village.

Il se rendit compte qu’elle marchait lentement mais ne dit rien.
Il pensa simplement que c’était parce qu’elle devait être de la bibliothèque, au vu de son uniforme.

2013.12.04

Sauvetage inattendu

Elle descendit au premier sous sol.
L’escalier en colimaçon était fait de racines, de cordes et de feuilles. Le tout était lié bien solidement et supportait n’importe quel poids sans broncher.
Cet étage était plus dangereux que le précédent, elle savait qu’elle devait redoubler de vigilance. Ses parents étaient réticents à ses petites aventures en terre hostile.
Arrivée ici, elle ne s’éloignait jamais trop de la sortie.
Au moindre bruit suspect elle pouvait alors se mettre à l’abri et prendre la fuite.
Ce n’était pas la première fois qu’elle venait mais ses craintes étaient toujours là.
L’étage n’était pas si effrayant, il se trouvait juste sous l’Arbre.
Ni la lumière du jour, ni la clarté de la lune ne pénétrait ici.
Des petits champignons luminescents présents un peu partout éclairaient légèrement les lieux de manière à voir et deviner les formes de ce que l’on pouvait rencontrer en chemin.
Les racines de l’Arbre et de la forêt au dessus descendaient jusqu’ici et soutenaient le plafond de terre.
Certaines racines descendaient encore plus bas et soutenaient le sol terreux. Ils formaient des sortes de pilliers.
Elle ne s’était jamais aventurée trop loin, même si la curiosité la titillait.
L’accès du second sous sol lui était même inconnu.
Il lui fallu quelques secondes pour que ses yeux s’habituent a l’obscurité partielle et elle se mit en route, tous ses sens aux aguets.
Elle vit un petit champs de pousses intéressant, elle s’avança en balayant les alentours du regard.
Elle devait s’assurer qu’il n’y avait pas le moindre danger, puis elle s’accroupit pour en prélever quelques échantillons.
Elle portait un grand sac en bandoulière en tissu épais.
Lorsqu’elle l’ouvrit, elle en sorti quelques bocaux et un petit carnet.
Elle nota le lieu de la trouvaille et esquissa la plante.
Elle sorti également une petite pelle et prit la racine d’une plante avec un peu de terre et mis le tout dans un bocal.
Elle portait également un panier à moitié rempli de feuilles et de racines. Il était destiné à remplir son stock d’espèces qu’elle connaissait dejà. Elle avait déjà un peu fait le tour à l’étage du dessus.
Elle le posa près d’elle durant sa manipulation.
Tout d’un coup elle entendit du bruit.
Elle se figea et tendit l’oreille.
Le bruit semblait se rapprocher.
Elle se leva lentement, en rangeant rapidement ses affaires dans le sac et recula vers la sortie à pas de feutre.
Elle cru reconnaître des pas humains, rapides, saccadés.
Elle vit alors une silhouette humaine se dessiner à quelques mètres d’elle, c’était un homme.
Il semblait fuir quelque chose.
C’est là qu’elle entendit le rugissement d’une bête au loin.
Elle avait le choix de s’enfuir et sauver sa peau et celle de tenter de sauver l’homme alors que la Règle l’interdissait.
Elle comptait partir, en se disant que l’homme s’en sortirait, mais il trebucha, et tomba au sol à quelques dizaines de mètres de la sortie. Elle redescendit l’escalier, posa son panier et courru vers lui.
Les rugissements de la bête semblaient assez loin pour lui laisser le temps de relever la personne et l’emmener jusqu’à la sortie.
En s’approchant elle pu s’apercevoir qu’il était gravement blessé. Il avait dû tenter de se mesurer à la bête et échouer.
Sa respiration était rapide et irrégulière.
Lorsqu’elle s’approcha de lui, elle pu lire la surprise dans ses yeux.

— Qu’es-…

— Vite ! La sortie est juste devant !
Elle lui tendit sa main pour qu’il se relève et se mit sur le côté pour le soutenir et avancer.

— Laisse-moi… Sauve-toi et laisse-moi ici…

— Continuons à avancer. Nous y sommes presque… !

Elle sentit que l’homme faiblissait de plus en plus, il se vidait de son sang.
Le pire arriva, il perdit connaissance quelques minutes après, alors que la sortie était à dix pas d’eux.
En perdant connaissance, son poids entraina la fille à terre. Ils s’écroulèrent tous les deux au sol.
Elle ne s’y attendait pas et tenta de se relever le plus rapidement possible, surtout que les déplacements de la bête se rapprochaient.
Dans sa chute, elle tomba sur sa cheville et se la foula.
Elle se dégagea du bras du garçon et tenta de le réveiller en le secouant.

Le temps qu’elle se dégage, l’animal hostile s’était rapproché.
Elle se retourna et vit la bête à quelques mètres d’elle.
Il était déjà trop tard pour fuir. Sa cheville froissée, elle resta aux côtes de l’homme, et attendait son sort.
À quelques centimètres de l’haleine du bourreau, elle ferma les yeux, trop effrayée de savoir ce qui allait se passer.

Pendant tout ce temps.
Un autre homme se trouvait non loin, il avait entendu les rugissements et se doutait qu’il se tramait quelque chose.
La bête se rapprochait trop de la sortie.
Il courru jusqu’à la source des sons, en esperant qu’il n’était pas déjà trop tard.
Il vit alors, la bête. Devant elle, deux personnes au sol, prêtes à se faire massacrer.
Il eut le temps de courir juste à temps, d’arriver et de porter un coup fatal à l’ennemie trop concentrée sur ses proies actuelles.
Elle tomba après un gros cri d’agonie. Au pied de la jeune fille.

Elle rouvrit les yeux, et se surprise d’être encore en vie.

2013.11.27

Doux réveil

Elle ouvrit doucement les yeux, il faisait déjà jour.
Un rayon de soleil coupait une partie de la chambre.
Allongée dans son lit, la couverture de travers recouvrait la moitié de son corps.
L’avant-bras droit sur son visage, pour se cacher de la lumière et se réveiller en douceur.
Cela n’avait pas d’importance, mais elle se demanda qu’elle heure il pouvait bien être.
Elle se décida enfin à se lever, elle s’assit sur le rebord du lit, les yeux dans le vague et se mit debout. Elle fit rapidement les draps et parti se changer et se débarbouiller.
Son uniforme était posé sur la chaise devant son bureau.
Elle se rendit dans la pièce d’à côté, elle prit un bac, se baissa pour ramasser un grand thermos rempli d’eau bouillante. Elle en versa un peu dans le bac et y laissa tremper une petite serviette.
Cette pièce n’était pas bien grande mais elle contenait le nécessaire.
Une table à manger, deux chaises. Des étagères et des armoires remplies d’assiettes et de couverts mais pas grand chose à manger.
À part des bocaux remplis à ras bord de plantes et autres racines diverses, qui trainaient un peu partout.
Elle s’essuya le visage, se brossa les cheveux, mit son uniforme et retourna dans sa chambre.
Elle jeta un regard à son bureau. Des feuilles annotées étaient éparpillées dessus. L’armoire à plusieurs emplacements et étiquettes indiquaient les plantes variées qu’elle étudiait et entreposait ici pour ses recherches.
Elle s’approcha et vérifia les stocks.
En sortant, elle prit le panier qui etait posé près de la porte et jeta un petit regard dans la chambre d’à côté.
Vide.
Depuis longtemps.

Cela faisait déjà plusieurs années que l’occupante avait quitté les lieux.
Cette personne si chère à son coeur.


2014.01.24