Il avait bien voulu m’accueillir sous son toit, à condition que je donne un coup de main.
C’était ainsi que j’avais commencé à vivre dans cette maisonnette en plein milieu de la montagne.
Ce jour là, j’avais démissionné de mon travail. Cette vie ne me plaisait pas. J’avais alors tout abandonné derrière moi et je m’apprêtais à faire une énorme bêtise. N’ayant pas le courage d’en finir avec ma propre vie, je m’étais dirigée vers cette forêt qui habillait la montagne à côté de la ville.
Et si je grimpais sur cette montagne et que je voyais jusqu’où je pouvais aller avant de mourir d’épuisement ?
Je ne me souviens que vaguement de la suite.
Les larmes aux yeux, en repensant à tout ce que j’avais fait durant ces années, le paysage se dérobait sous mes yeux.
Il faisait nuit et je crois m’être effondrée non loin d’une souche, de fatigue. Je m’étais endormie ou évanouie.
Je m’étais réveillée sur son lit.
Il m’avait nourrie et n’avait pas dit un mot.
J’avais dû prendre mon courage à deux mains pour le remercier.
Il était imposant et peut-être un peu effrayant. Une grande carrure, les épaules larges et solides. Une petite barbe entretenue tant bien que mal, et des cheveux attachés en chignon, légèrement ondulés et épais.
— Je, euh, merci.
— Rentre chez toi.
Son ton était sec et net. Cela me prit par surprise.
Je me mis à pleurer sans raison. Il détourna le regard. J’essuyais mon visage du revers de ma manche, et je lui supliai de me laisser rester dans la forêt.
— S’il-vous-plaît. Laissez-moi rester ! Je ferai ce que vous voudrez !
Je ne me rendais pas compte de ce que je disais et je n’aurais jamais pensé que mes mots puissent être mal interprétés.
2015.09.20