Chloé était assise dans un canapé, sa tablette entre les mains, elles semblaient naviguer entre des sites d’informations et sa boîte mail professionnelle.
Les cheveux longs d’un brun profond, attachés grossièrement dans une queue de cheval décontractée, des mèches rebelles se baladaient de part et d’autre de son visage.
Les jambes croisées et concentrée sur sa lecture.
Elle portait une chemise en lin d’un marron neutre et un pantalon porte-feuilles foncé.
Vladislaw était assis à la table, juste à côté, il lisait un livre et était concentré.
Les cheveux raides et mi-longs, châtins foncés et lâchés.
C’était calme.
Flora revint avec Nao et une autre personne.
Une invitée inattendue.
Chloé se doutait qu’il y avait quelque chose d’étrange mais rien de dangereux, elle fut à moitié surprise de voir une nouvelle tête.
La pièce était dans une cave mais l’aménagement avait été fait de manière que ce soit accueillant et agréable. La lumière n’était pas très forte, une aura tamisée mais assez pour voir et lire, était présente.
Ainsi, Aurore put distinguer plus précisement les personnes autour d’elle.
La rousse devant elle avait les cheveux lâchés, ondulés qui s’arrêtaient juste au niveau des épaules.
Elle avait un sourire radieux, ses taches de rousseur lui donnaient un air très chaleureux. Elle portait un T-shirt simple noir et un jeans droit cintré à sa taille.
Sa peau était blanche.
Le jeune garcon asiatique portait un parka et un jeans. Ses cheveux bruns foncés étaient courts jusqu’aux oreilles et il avait une sorte de frange.
Il avait l’air de froncer des sourcils et ne souriait pas du tout. Le regard fuyant et regardant principalement le sol. Son attitude n’était plus du tout la même depuis qu’ils étaient ici.
Chloé releva la tête et les observa arriver.
Flora vint s’installer à côté d’elle tandis que Nao et Aurore restèrent debout en face d’elle.
Nao n’osait pas encore s’exprimer ou cherchait ses mots, de peur d’avoir fait une bêtise.
Elle se leva, et salua l’invitée.
— Bonjour, je m’appelle Chloé. Installe-toi et mets-toi à l’aise, sois la bienvenue.
Commença t-elle, pour ouvrir la conversation.
Elle salua Nao de la tête, et il répondit timidement du même mouvement.
Ils prirent place sur le canapé, Aurore en face de Chloé et des autres.
Elle tremblottait et était intimidée.
*
Aurore s’était installée sur le canapé, en face de Chloé.
C’était une jeune fille qui devait à peine être plus âgée qu’elle-même, les cheveux bruns sombres, très longs et attachés en queue de cheval.
Elle avait une voix rassurante, douce et un visage amical. Elle lui souriait légèrement pour la mettre à l’aise et semblait remarquer le moindre détail.
C’était étrange pour Aurore qu’une fille peut-être plus jeune qu’elle semble si attentionnée et responsable.
C’était le terme. Chloé semblait diriger.
D’une manière très subtile mais Aurore avait remarqué que les autres personnes s’adaptaient en fonction d’elle.
Elle n’avait pas pu s’empêcher de tremblotter. Elle ne savait pas si c’était le froid ou l’émotion, mais elle était encore secouée par les derniers évènements qu’elle avait vécu et s’asseoir enfin l’avait fait redescendre sur terre.
— Flora, est-ce que tu peux nous préparer une boisson chaude, s’il te plait ? Nao… peux-tu apporter un plaid ?
Ils s’excécutèrent même si Flora contesta.
— Et Vlad’ ?!
— Laisse-le tranquille, il lit.
Répondit Chloé tout simplement, sans aucune animosité et Flora ne chercha même pas à argumenter. À croire que c’était juste pour le principe.
Chloé sourit à nouveau à son invitée et s’installa en face.
— Excuse-moi, comment appelles-tu ?
— Au… Aurore…
— Enchantée. Je suis Chloé. Je vois que tu as fait la connaissance de Nao et Flora. Le silencieux là-bas, c’est Vladislaw. Nous ne sommes que quatre ici mais tu n’as rien à craindre de nous.
Nao revint et Chloé lui fit un signe de tête pour qu’il la donne à Aurore. Il obéit, même si le coeur n’y était pas, il la posa sur les épaules de la blonde, qui le remercia après s’être emmitouflée dedans. Et il vint s’asseoir à côté de Chloé.
— Profitons que Flora ne soit pas encore revenue. Nao, peux-tu me raconter ce qu’il se passe… ?
*
Après des explications succinctes, Chloé posa d’autres questions à Aurore.
— Comme Nao te l’a dit, nous sommes ce qui se rapproche des vampires… tu n’as rien à craindre de nous, cependant, je crains que tu nous cache ta véritable identité. Pourquoi es-tu prise pour cible… ?
Demanda Chloé, songeuse.
Entre temps, Flora revint avec les boissons chaudes, du thé, du chocolat chaud, du café. Qu’elle posa sur la table basse et vint également s’asseoir à côté de Chloé.
Aurore était intimidée mais elle devait leur dire.
Elle leur avoua son identité et les circonstances de sa présence ici.
— Je comprends mieux… j’imagine que tu souhaiterais ne pas revoir tes parents mais je crains qu’on n’ait pas le choix… ils vont devoir venir te récupérer ici. C’est le plus sûr.
— Et pour mon cousin… ?
— S’il suffit juste de le prévenir pour qu’il ne s’inquiète pas… je pense que Flora pourra s’en charger. Elle pourra se faire passer pour une amie chez laquelle tu es en ce moment.
— Pas de problème !
S’exclama Flora, qui acceptait sa mission de manière joyeuse.
Chloé pensa intérieurement que cela n’était pas une bonne idée d’envoyer Vladislaw et encore moins Nao, pour rassurer le cousin d’Aurore.
— Je vais m’occuper d’envoyer un message à tes parents.
Rassura Chloé, mais Aurore semblait perdue dans ses pensées.
Aurore s’imaginait tous les scénarios possibles et la confrontation avec ses parents la paniquait.
Qu’allaient-ils penser ? Qu’allaient-ils lui dire alors qu’elle avait techniquement fugué.
Sans parler de ses cheveux. Personne n’était au courant. Qu’allaient être leurs réactions ?
Chloé comprit son état et n’en dit pas plus, elle laissa Aurore le temps nécessaire et voyant qu’elle ne l’écoutait déjà plus, trop prise par ses pensées.
— Laissons passer la nuit, on en rediscutera demain. Nao, est-ce que tu peux prêter ta chambre, s’il te plait ?
— Euh… oui…
— Je te laisse l’accompagner, je pense qu’elle a besoin de repos.
Nao s’excécuta.
*
Aurore resta silencieuse, et s’assit sur le lit puis se laissa tomber sans se déshabiller. Elle enleva tout de même ses chaussures et se recroquevilla sur elle-même, dans la petite couverture qu’elle avait sur ses épaules.
Elle appréhendait terriblement les retrouvailles avec ses parents. Il était trop tôt, elle n’était pas prête. Elle ne savait pas ce qu’elle devait leur dire.
Elle essayait de réfléchir à ses excuses, en fermant les yeux, la fatigue de la journée lui retomba dessus et elle s’endormie.
Nao n’était pas spécialement joyeux de céder sa chambre, il jeta un dernier coup d’oeil derrière lui lorsqu’il ferma la porte.
Il ressentait tout de même un peu de peine pour Aurore, il ne comprenait pas trop pourquoi mais elle avait l’air tellement désemparée et perdue qu’il n’eut pas le coeur à refuser, de plus que Chloé lui avait demandé cette faveur.
Il comptait occuper le canapé pour la nuit lorsqu’il sentit une main sur son épaule.
Chloé lui sourit chaleureusement, comme elle l’avait toujours fait.
— Tu peux dormir avec moi ce soir.
Dit-elle tout simplement.
Le coeur de Nao fit un bond, il ne s’attendait pas à cette proposition, et ne sut pas quoi répondre. Il était resté figé.
— Ah… peut-être que tu préfères pas… je peux comprendre que tu aies passé l’âge… enfin, pas de problème.
Chloé se ravisa, en voyant la non-réaction de Nao, à moitié gênée d’avoir pensé que ça lui ferait plaisir.
— N-non ! Avec plaisir ! C’est juste… ça m’a surpris.
Répondit Nao, précipitemment en voyant que cette occasion allait lui filer entre les doigts.
Il était trop timide pour demander cela de lui-même à Chloé. Il savait qu’elle n’aurait jamais refusé mais il avait cette peur de déranger, de la forcer parce qu’elle lui refusait rarement ses demandes.
Il savait que Flora n’était pas du genre à se gêner et se faufilait régulièrement dans la chambre de Chloé, parfois même sans demander, mais il n’était pas comme cela.
Il la respectait trop. Il l’admirait trop.
Que ce soit elle qui lui propose cela, c’était presque trop beau.
— Ah… j’avais peur de te forcer la main… on a rarement l’occasion de dormir ensemble, alors je me disais que prêter ta chambre à notre invitée était une bonne excuse… j’espère que tu ne m’en veux pas trop…
S’excusa Chloé, un peu embarrassée.
C’était si rare de la voir avec cette expression que Nao en eut le coeur serré.
Si elle savait à quel point cela lui faisait plaisir.
Il avait tellement de mal à exprimer ses émotions, ses sentiments. Il aurait eu envie de lui dire qu’il était prêt à céder sa chambre pour plus longtemps si cela lui permettait de passer plusieurs nuits en compagnie de Chloé, mais il savait que ces mots ne sortiraient pas de sa bouche.
— Au contaire…
Dit-il, cachant sa joie.
— D’accord.
Dit-elle, rassurée que cela ne l’avait pas froissé.
— Je dois aller envoyer un message à ses parents, tu peux m’attendre dans ma chambre, si tu veux. Je fais vite.
Nao acquiesça et la regarda s’éclipser avant de se rendre dans sa chambre.
Le souffle coupé, son coeur battait plus vite et plus fort, devant la porte, il mit un petit moment avant d’appuyer sur la clanche et pénétrer dans cette pièce.
Il avait honte de lui-même. C’était ridicule que cette situation le mette dans cet état.
Il était déjà venu mais qu’il soit cette fois invité par elle, c’était différent.
L’odeur, la décoration, les affaires de Chloé.
Elle lui était tellement précieuse.
Son souffle était plus court, il lâcha un long soupir d’exaspération de sa propre personne.
Cela faisait déjà quelques années qu’ils vivaient ensemble, mais cette passion et cette admiration, non. C’était une forme d’amour et de reconnaissance qu’il avait envers elle. Cela ne s’était pas éteint.
Il s’assit sur le rebord du lit, les mains posées sur la couverture. Le coeur battant encore la chamade.
— Je suis ridicule. Calme-toi, bon sang !
Se dit-il à lui-même.
*
Chloé réfléchit à un message assez neutre à envoyer.
[Votre fille est actuellement sous notre protection, soyez les bienvenus.]— Ca me semble assez bien… je signe, ils devraient savoir qui nous sommes rien qu’avec ces informations. J’espère…
*
Flora était allée sonner chez le cousin d’Aurore, elle lui avait donné l’adresse et le nom de l’interphone.
Il lui avait ouvert et elle était montée juste devant la porte de l’appartement, qui était restée entreouverte.
Il pensait que c’était Aurore et lorsqu’il vit entrer Flora, il était plus que surpris.
— Bonsoir… excusez-moi, je suis une amie d’Aurore.
— B-bonsoir… ?
Elle ne s’attendait pas à trouver un si bel homme, déjà que l’immeuble dans lequel il habitait était plutôt chic, il avait les cheveux longs fins et lâchés, un simple T-shirt à manches longues et un pantalon de survet confortable. Il ne cacha pas sa surprise lorsqu’il vit que ce n’était pas Aurore.
— Erm… elle m’a fait faire passer le message qu’elle ne se sentait pas très bien, du coup elle est chez moi pour la nuit…
— Est-ce que tout va bien… ?
— Oui oui… problème de filles…
— Ah, d’accord… merci et désolé que vous ayez dû faire le trajet. Elle est têtue de ne pas vouloir utiliser de téléphone…
— Aucun souci, je n’habite pas très loin. Euh… je vais y aller, bonne soirée.
Flora ne pensait pas qu’elle serait aussi intimidée.
Jasper n’eut pas le temps de lui demander quoi que ce soit, qu’elle était déjà partie.
2021.06.07