Arrosé

Gabriel avait un peu trop bu, lors d’une soirée pour fêter une occasion particulière.
Il buvait rarement et l’alcool avait rapidement fait effet.
Il n’était pas resté longtemps et était rentré avant que cela ne lui fasse trop tourner la tête. Il était un peu plus joyeux que d’habitude, plus dégrisé.
Il souriait et riait plus facilement.
Il avait senti les effets d’ébriété se manifester et avait préféré laisser ses collègues continuer la fête sans lui.
De retour à la maison, il s’était rendu dans la chambre après avoir retiré ses chaussures, et c’était directement affalé sur le lit.
La tête tournait et il se sentait plus lourd.
Il sentit la présence de quelqu’un et il l’attrapa.
Ses longs cheveux tombèrent sur son visage.
Il n’avait pas pris la peine d’allumer la lumière, son état ne lui permettait pas d’ouvrir les yeux et il la serra dans ses bras, l’enlaçant et lui sussurant des mots qu’il n’aurait jamais osé dire aussi facilement.

— Je t’aime tellement…

Aucune réponse.

Alexandra était rentrée après et lorsqu’elle se rendit dans la chambre, elle aperçut la silhouette de Gabriel sur le lit.
La porte était ouverte et laissait passer assez de lumière pour deviner qui se trouvait dans le lit.
Elle resta sans voix
Chris était dans les bras de Gabriel.
Ou plutôt, Chris semblait vouloir se dégager des bras de Gabriel tandis que ce dernier l’enlaçait par la taille.
Il ne semblait pas vouloir lâcher prise et il n’était pas totalement conscient de ses actes si on en croyait son visage à moitié endormi.
Alexandra entendit les marmonements de Gabriel, sa déclaration d’amour à Chris.
Lorsque Chris remarqua la présence d’Alexandra, il lui lança un regard de détresse, semblant lui demander de l’aide.
Elle ne sut pas comment réagir, un sourire ou un rictus sur son visage

— Bon… je crois que je vais vous laisser, hein…
Dit-elle simplement, en refermant la porte derrière elle.

Elle crut entendre la voix de Chris s’étrangler derrière la porte.

— Ce n’est pas ce que tu crois, Alexandra ! Ecoute moi !
Chris avait réussi à se sortir de cette situation et se sauver, laissant Gabriel ronfler dans la chambre.

Il était embarrassé et était dans le salon avec Alexandra.

— Non mais je te crois. Il n’y a aucun problème. Vous avez le droit de faire ce que vous voulez. Je ne voulais pas vous déranger.
Répondit-elle, en faisant mine de bouder

— … Alexandra. Il n’y a rien entre Gabriel et moi !
Chris était confus et essayait de se justifier autant qu’il pouvait.

Le voyant ainsi désemparé, elle arrêta de lui faire dos et le rassura.

— Ne fais pas cette tête, j’ai compris. Gabriel a dû boire avec ses collègues…
Lui sourit-elle.

— Tu faisais semblant de ne pas me croire… ?
— … Oui. Tu étais trop mignon à chercher à te justifier… pardon.

Il s’approcha d’elle et enfonça son visage dans son cou. Il bouda à son tour, ne voulant pas la lâcher et resserrant son étreinte encore un peu plus.

— Je… Chris… ?
— Encore un peu… pour te punir de t’être moquée de moi…

Elle baissa les bras et se laissa faire en lui carressant gentiment le dos.

— Ok… par contre, après, je vais devoir aller m’occuper de Gabriel. Il doit être encore tout habillé, j’imagine.
— Oui… et je ne veux pas m’approcher de lui dans son état. Qui aurait cru qu’il avait autant de force même à moitié conscient…
— C’est pour exprimer à quel point il t’adore.

— Oui oui, c’est ça…
Répondit-il ironiquement.

Elle pouffa et il finit par la relâcher.
Alexandra retourna dans la chambre.
Elle ouvrit la porte et la referma derrière elle.
Allumant une petite lampe de chevet, qui créa une petite ambiance feutrée, pour ne pas agresser l’homme endormi.
Elle s’assit à ses côtés et l’observa un instant.
Il avait un sourire béat sur son visage, les yeux clos, il semblait faire un doux rêve, un oreiller qu’il serrait entre ses bras.
Elle esquissa un sourire en imaginant Chris subtituant son corps contre cet oreiller qui servit de leurre.
Elle passa sa main sur les mèches de cheveux de Gabriel, attendrit par son visage si serein.
La douce lumière qui éclairait sa peau semblait le rajeunir, adoucir ses traits marqués par le temps et son âge.

— Comment faites-vous pour être si beau, mon vieux monsieur ?
Pensa t-elle, le sourire plus prononcé par le terme qu’elle avait utilisé. Imaginant très bien qu’il se vexerait s’il le savait.

Après cette contemplation, elle se décida enfin à le déshabiller.
Elle fit glisser l’oreiller pour pouvoir accéder à ses bras.
Il se tourna, ne montrant aucun signe de coopération.
Elle lâcha un léger soupir, et déboutonna la chemise de Gabriel.
Elle passa ses doigts lentement, n’osant pas le toucher pour perturber son sommeil, sur le col du tissu, puis méticuleusement, elle passa les boutons dans leurs ouvertures respectives.
Au premier contact, il ne réagit pas spécialement, alors elle continua, avec moins de scrupule.
Cela finit par le réveiller et il entrouvrit à peine ses paupières avant d’attraper les poignets d’Alexandra pour la blottir contre son torse.

— Non non non… Gabriel… si tu es réveillé, déshabille toi pour dormir…
Lui murmura t-elle, comme si elle parlait à un enfant.

*

Il roula pour surplomber sa femme et le sourire aux lèvres, il l’embrassa. Ses gestes montraient qu’il souhaitait plus.

— Tu empestes l’alcool, Gabriel ! Je ne ferai rien avec toi dans cet état ! Tu ne t’en souviendras certainement pas demain, en plus…

Il l’ignora et continua à l’embrasser dans le cou et ailleurs.
Il ne semblait pas l’entendre et agacée, elle finit par s’extirper de son emprise et éteindre la lumière pour le laisser désaouler et dormir.

— Bonne nuit.
Dit-elle avant de refermer la porte derrière elle, presque en claquant.

Chris la vit revenir les sourcils froncés et contrariée. Il s’en enquérit.

— Tout va bien… ?
— Oui. Non. Gabriel est saoul.
— Oui… je m’en doutais… et ?

Cette nuit-là.
Alexandra s’endormit dans les bras de Chris.
Le lit était assez grand pour trois personnes.
Le lendemain matin.
Gabriel se réveilla avec l’esprit un peu plus embrumé que d’habitude, même s’il avait passé une nuit plutôt agréable, puisqu’il ne se souvenait pas d’être rentré et qu’il avait souvenir d’avoir dormi d’une traite.
Il vit Alexandra du côté de Chris.
Il essaya de se remémorer les évènements de la veille, puis il se souvint de la soirée avec ses collègues.

-— Je suis rentré emmêché… ?
Se demanda t-il, la main sur sa tête, essayant de se rappeler la suite.

— Tu ne te souviens de rien… ?
Demanda Alexandra, encore un peu boudeuse.

— Non… pourquoi… ? Est-ce que j’ai fait quelque chose… ?
— Non… tu as juste essayé…
— Ah… pardonne moi, Alexandra…
— Tu devrais aussi demander pardon à Chris, je crois…
— Comment ça… ?

— Tu m’as pris pour Alexandra, hier soir…
Expliqua Chris, en detournant le regard, embarrassé.

— Q-quoi… ?! Je- je suis vraiment confus, pardon Chris… ! Il faut vraiment que je fasse attention à l’alcool… j’étais certain d’avoir été raisonnable en plus…
— C’était drôle de te voir dans cet état… mais la prochaine fois on saura qu’il ne faut pas t’approcher et garder nos distances.

2021.07.13

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