Fête

À chaque changement de saison, une fête se déroulait sur la grande place.
C’était l’occasion de réunir les habitants des différentes branches.
Pour les jeunes célibataires, une occasion en or de faire des rencontres.

Elle avait invité son amie de toujours, la jeune fille aux cheveux ébène.
Lorsqu’elle se présenta devant chez elle. Elle était plus que nerveuse.
Ses parents avaient insisté pour qu’elle mette les habits adéquats : une longue robe au bustier haut.
Un joli noeud était présent sur le haut de sa poitrine.
Le bas était fluide avec de nombreux volants.
La tenue appropriée pour cette fête dansante.
Un large cardigan sur les épaules qui descendait jusqu’au sol et aux longues manches.
De quoi mettre en valeur n’importe quelle personne durant la danse.
Les cheveux attachés en arrière, laissant quelques mèches trop courtes et frisées de part et d’autre de son visage.
Elle souriait nerveusement, à l’idée de voir son amie dans la même tenue. Puis se rendant compte qu’elle esquissait un sourire inconsciemment, elle essayait de reprendre une expression neutre.

Elle ne se fit pas trop attendre.
Elle se tournait vers sa maison, prévenant ses parents qu’elle était enfin prête pour sortir.
Ses longs cheveux noirs virevoltant autour d’elle lorsqu’elle se retourna vers elle, le sourire aux lèvres.
Quelques mèches étaient tressées et réunies en arrière. C’était une occasion rare pour arborer une coupe de cheveux plus sophistiquée que d’habitude.

Lorsqu’elle croisa le regard de son amie qui l’attendait devant chez elle, elle sourit de plus belle.
Elles se retrouvèrent à se sourire mutuellement.
La tenue était la même, mais les couleurs étaient différentes et selon les goûts de chacuns.
Les hommes tout comme les femmes, avaient le droit de porter ce costume et réciproquement.
Même s’il avait été conçu pour mettre en valeur des formes féminines, rien ne l’interdissait.

Les bras l’un par dessus et l’autre par dessous, elles se rendirent à la fête pour profiter de l’ambiance joyeuse plus que pour les rencontres.
Des petites échoppes étaient ouvertes la nuit spécialement pour cette date.
La fête battait son plein en soirée : un petit feu était allumé en plein milieu, donnant une source de lumière légère sans mettre en danger les lieux.
Des musiciens étaient assis non loin sur des gros coussins, et jouaient des airs rapides ou lents selon leur envie et ce qui se prêtait le mieux à l’atmosphère. Il y avait des instruments à cordes et des percutions, qui entraînaient les plus joyeux ou permettait un moment plus doux et romantique, pour les jeunes couples.

Elles s’étaient assises dans un coin tranquille et observaient les nombreuses petites lumières dans les branches au dessus d’elles.
Sur un banc pas très large, leur permettant d’être assises serrées l’une contre l’autre.
Cette période de l’année n’était pas très fraîche, c’était le passage à l’automne.
Il faisait encore bon pour porter cette tenue légère.
Discutant de banalités, elles parlaient également des autres passants qui dansaient ou ceux qui regardaient juste les moins timides.

Il s’était rendu à cette fête à contre-coeur, ses parents le lui avaient un peu forcé la main.
Il n’avait pas spécialement d’ami proche ni de personne en vue pour mener une vie de couple.
Cela préoccupait un peu ses parents. Plus au sujet d’avoir des amis à qui se confier que pour être en couple.
Il avait fini par céder, n’ayant pas mieux à faire.
Il avait fait l’effort de porter la tenue pour cette occasion. Une tenue similaire à celle des femmes, mais avec un col fermé.
Le par-dessus était également léger et aux longues manches.
Ses cheveux avaient été réunis en arrière et étaient attachés de manière lâche avec un petit ornement solide, sous lequel on pouvait voir le ruban blanc qui avait servi à serrer et maintenir les longues mèches rebelles.
Il avait pris une petite sucrerie à grignoter, sur le stand devant lequel il s’était arrêté. Une brochette de boulettes à base de riz et de sucre.
Remerciant gentiment la tenancière, il se tourna un peu pour observer les autres personnes danser autour du feux, ou encore discuter joyeusement à proximité.
Des boissons plus au moins fermentées étaient également proposées, à consommation modérée, elles désinhibaient certaines personnes sans non plus les pousser à l’excès et les rendre incontrôlables.
Les proches surveillaient et encadraient leurs amis pour que la fête reste un moment agréable.
Il reconnut au loin la jeune fille qu’il avait déjà croisé quelques fois, non loin du lieu où il s’entraînait.
Son apparence actuelle le fit ressentir quelque chose au plus profond de lui. Quelque chose qu’il n’avait pas encore ressenti.
Alors qu’il était perdu dans ses pensées à analyser la nature de cette émotion, il l’observait de loin.

Elle s’était levée du banc, et voulait danser.
Son amie n’osant pas la rejoindre, refusa de l’accompagner et lui fit signe de danser pour elle.
Elle lui tenait les mains et souhaitait qu’elle se lève avec elle, mais elle finit par les lui lâcher.
Elle appréciait particulièrement cet air et se résolut à faire une danse rien que pour son amie.
Toujours souriante, mais tout de même un peu gênée. Elle se mit à tournoyer et appliquer les quelques mouvements que sa mère lui avait appris.
Le sourire de son amie s’effaça pour laisser place à un visage surpris et admiratif.
On pouvait voir l’émotion gagner ses pupilles.
Elle assistait à un magnifique spectacle.

Il assista également à ce spectacle de loin.
Il était resté figé devant cette scène.
Il aurait souhaité se rapprocher pour mieux pouvoir l’admirer mais il ne la connaissait pas, et c’était bien la première fois qu’il éprouvait ce genre d’attirance.
Ne se reconnaissant plus lui-même, il sortit de sa torpeur. Il songeait à un moyen de lui parler, même s’il ne savait pas quoi lui dire. Ce n’était pas dans son caractère de ne rien faire lorsque son coeur désirait quelque chose.

Figée sur le banc, lorsqu’elle finit de danser.
Un large sourire sur son visage, les cheveux légèrement emmêlés, elle se tourna vers son amie et lui demanda ce qu’elle en pensait, sachant qu’elle n’était pas douée pour ce genre d’activités.
Elle se leva et s’approcha d’elle avec un visage dur.
Elle lui remit ses mèches en place, d’un geste très délicat, s’approchant de son visage plus qu’à l’accoutumée. Elle en profita pour l’embrasser sur la joue. Puis doucement, elle décala son visage pour l’embrasser sur le coin des lèvres, et finalement, sur la bouche.

L’observateur au loin ne s’attendait pas à ce dénouement. Il faillit avaler de travers sa boulette qu’il était en train de mâcher.
Cette fois-ci, il se sentit envahi d’un autre sentiment, différent. Il ne savait pas mettre le doigt dessus, si c’était de la tristesse ou de la colère.
Il se revoyait la scène, et s’imaginait à la place de l’autre fille qui lui avait donné ce baiser, et se sentit bizarre. Une chaleur vint à ses joues.
La tenancière, le voyant ainsi lui demanda s’il ne serait pas amoureux. Ce à quoi il ne sut pas quoi répondre.

— Amoureux… ?
Répéta t-il, découvrant ce sentiment.

Il se tourna vers la tenancière lui demandant s’il pouvait reprendre une brochette.
Elle lui tendit volontiers.
Perdu à nouveau dans ses réflexions, il ne se rendit pas compte de la présence qui arriva à côté de lui.
C’étaient les deux jeunes filles qui s’étaient rapprochées du même stand et souhaitaient également déguster ces brochettes.
La tenancière souriante leur en distribua.
La jeune fille aux cheveux noirs salua par politesse l’homme qui était là avant elles, sans savoir qui cela pouvait être.
L’autre fille, le reconnut et ne cacha pas sa surprise de le voir. Elle savait qu’il n’était pas du genre à se rendre à ce genre d’évènements.
Elle le salua également et fit les présentations lorsque son amie se tourna vers elle pour en apprendre plus sur cette connaissance.
Il ne pensait pas qu’il aurait la chance de faire sa connaissance et d’être présenté à celle pour qui il avait des sentiments.
Un peu pataud, il fut avare en mots et ne fut que spectateur de ces échanges.
Il savait maintenant comment s’appelait cette jeune fille si spéciale pour lui.
Le voyant si silencieux, la fille aux bouclettes lui proposa de se joindre à elles s’il le désirait, par politesse.
Politesse qu’il ne refusa pour rien au monde.
Malgré la relation particulière qu’elles avaient, il ne put qu’être heureux de pouvoir être aux côtés de cette jeune fille mystérieuse, pour en apprendre un peu plus sur elle, et sur lui-même.

Elle approcha son amie par derrière et croqua une de ses boulettes à même la brochette, par surprise.
Elle feint d’être indignée de son comportement puis ria.
Elle attrapa la seconde boulette avec ses petites dents pour la déguster.
Voyant que le jeune homme la fixait, elle se demanda s’il voulait également goûter.
Même s’il avait déjà mangé deux brochettes, il ne refusa pas sa proposition.
Ils se rapprochèrent et sa main frôla la sienne lorsqu’elle lui tendit la brochette en bois.
Son coeur battait à toute allure. Il fut le seul à y prêter attention.
Les deux filles étaient déjà parties à un autre stand pour déguster les divers et autres mets.

2018.11.16

4 réflexions sur “Fête

  1. james dit :

    « Ses longs cheveux noirs virevoltant autour d’elle lorsqu’elle se retourna vers elle, le sourire aux lèvres. » -> « Ses longs cheveux noirs virevoltent autour d’elle lorsqu’elle se retourna vers elle, le sourire aux lèvres. », pour avoir un verbe dans la phrase ? Mais pas sûr.

    « à la fete » -> « à la fête », quoique depuis la réforme, le ^ est facultatif peut être bien. Mais plus loin dans le texte, t’as mis l’accent.

    « Elles s’étaient assises dans un coin tranquille et observaient les nombreuses petites lumières dans les branches au dessus d’elles.
    Sur un banc pas très large, leur permettant d’être assises serrées l’une contre l’autre. » La deuxième phrase n’a pas de verbe. Du coup je mettrais « Elles s’étaient assises dans un coin tranquille et observaient les nombreuses petites lumières dans les branches au dessus d’elles, sur un banc pas très large, leur permettant d’être assises serrées l’une contre l’autre. ».
    Mais du coup ça fait long. Alors ptete « Dans un coin tranquille, elles s’étaient assises sur un banc pas très large, leur permettant d’être assises serrées l’une contre l’autre. Elles observaient les nombreuses petites lumières dans les branches au dessus d’elles. ».

    Bon, j’écris mon comm au fur et à mesure de la lecture, et je vois que tu réutilises une phrase sans verbe : « Il avait pris une petite sucrerie à grignoter, sur le stand devant lequel il s’était arrêté. Une brochette de boulettes à base de riz et de sucre. ». Alors je me demande si ma remarque précédente est pertinante. Perso j’ai pas l’habitude, mais peut-être devrais-je la prendre. Après, « Une brochette de boulette… » me fait moins bizarre que « Sur un banc pas très large, … ». Enfin bref, c’est subjectif tout ça.

    À part ça, comme d’hab, j’aimerais bien voir des prénoms 🙂 Là ça va, car c’est un mec et deux nanas, mais si ç’avait été 3 nanas par exemple, ç’aurait été plus compliqué à suivre.

    Mais le reste est bien, y’a la description, on ressent bien l’ambiance. L’histoire parle bien aussi, et c’est sympa. On sent que les filles s’amusent bien. Dommage pour le mec, mais ma foi, peut-être se recroiseront-ils.

    • james dit :

      Quand je dis ‘le reste est bien’, je devrais dire ‘le texte est bien’, car c’est pas les 3 broutilles qui entâche le texte en quoi que ce soit 🙂

      • Héhé, merci pour ton retour, encore et encore !
        Ouais, j’ai rédigé ça, paf, sans penser à la structure de la phrase, tu as totalement raison. Je vais laisser tel pour la postérité de ce texte, mais je prendrai en compte tes remarques si un jour je le reprends !

  2. Fluo dit :

    Je trouve ça bien écrit. Le point de vu du mec est intéressant et je suis curieux de mieux connaître ses sentiments et de ce qu’il va faire par la suite. Un texte court mais avec beaucoup d’émotions. J’aime beaucoup.

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