Elle sut dès son plus jeune âge qu’elle serait moine.
Aventurière comme le fut son père.
Bien qu’elle vivait seule depuis quelques années déjà, après la disparition de son père dans le labyrinthe, puis la mort de sa mere, de maladie.
Elle n’apprit que trop tard la raison de la mort de son père, il était parti chercher un remède pour soigner sa femme.
Chacun avait ses raisons de devenir aventurier : la gloire, la recherche, gagner sa vie, et bien d’autres.
Elle était curieuse des secrets du labyrinthe, toute l’économie ou presque de la ville reposait sur ce donjon.
Les études et la recherche étant trop contraignantes, elle avait décidé de s’engager en tant qu’aventurière et mener ses propres recherches lorsqu’elle en aurait le temps.
Il fallait bien qu’elle vive.
Le premier jour où elle décida de s’engager, elle se rendit à l’entrée du labyrinthe. Préparée, la tenue, les provisions.
Il ne manquait plus que rejoindre un groupe, trouver un ou plusieurs partenaires pour une expédition.
Il était bien entendu hors de question de s’y aventurer seul. Sauf exception des vétérans, et encore.
Il y avait un petit paquet de monde sur la place.
Elle était venue au petit matin.
Un peu intimidée par tant d’aventuriers. Les habitués se connaissaient tous et se saluaient chaleureusement.
Certains groupes étaient déjà formés et n’attendaient que le dernier membre de leur équipe.
Elle se fit bousculer, justement, par un retardataire.
Il arriva à toute allure, il s’excusa et repartit vers ses amis.
— Désolé ! Mon réveil n’a pas sonné !
— On n’attendait plus que toi…
La place commençait à se vider peu à peu.
Les groupes entrant un à un dans le donjon.
Il ne restait presque plus personne, à part elle.
Elle était nouvelle, personne n’avait besoin d’un novice, et les personnes qu’elle avait interrogé pour lui proposer ses services n’avaient pas besoin d’un moine.
Il, l’avait remarquée mais l’ignora et entra sans s’attarder sur la nouvelle arrivante.
Lorsqu’il finit sa quête, il était déjà tard et il se rendit au bar.
Il s’assit à sa table habituelle.
Il s’installa et commanda la même chose que les jours d’avant.
Son sac de butin amassé pas loin, à ses pieds.
Lorsqu’il releva sa tête pour observer la salle, il entendit d’abord une voix familière. Il regarda dans la direction de la provenance du son.
C’était la fille de ce matin. Elle était en train de faire toutes les tables pour demander aux aventuriers s’ils ne voulaient pas la prendre dans leur équipe pour débuter.
Bien entendu, chacun refusait, ils ne connaissaient rien d’elle et une novice ne les intéressait pas.
Il était dur de faire confiance à quelqu’un, de plus une personne de plus c’était aussi partager le butin.
Si le maillon était mauvais, c’était la vie du groupe en jeu.
Il entendit des commentaires à quelques tables de lui.
Deux femmes, une magicienne et une guerrière discutaient.
— Elle va bien finir par se lasser…
— Personne ne va la prendre. Elle est là depuis le début de soirée…
— C’est pas un jeu d’être aventurier.
— Qu’elle retourne chez elle jouer à la poupee…
Ce qu’elles disaient était dur mais il était du même avis que ces femmes.
Ses débuts n’avaient pas été faciles non plus.
Bien que le profit était proportionnel au danger encouru, beaucoup se ravisaient lorsque leur vie était en danger.
Il s’apprétait à détourner le regard et l’ignorer comme ce matin lorsque de nouveaux clients entrèrent.
C’était un groupe de guerriers baraqués. Ils riaient et semblaient de fort bonne humeur.
Ils s’installèrent à une table sans trop de discrétion.
Ils discutèrent bruyament.
Un des hommes, s’arrêta de parler, fit un signe à son camarade en désignant la jeune fille.
Le propriétaire du bar se fichait pas mal de la fille. Du moment qu’elle ne dérangeait pas les clients, il n’y avait pas de problèmes.
Celui qui semblait être le chef de groupe interpella la fillette lorsqu’elle se fit rejeter par la dernière table qu’elle venait de faire.
— Hey, petite ! Viens par ici.
Ses amis riaient intérieurement.
— Oui ?!
Elle releva la tête et ses yeux brillèrent d’un espoir.
— Tu cherches un groupe à rejoindre ?
— … O- oui !
— Tu peux rejoindre le notre si tu veux, on pourra t’apprendre plein de choses.
Le regard vitreux, il n’avait certainement pas de bonnes intentions.
La petite, aveuglée par la joie d’enfin pouvoir être dans un groupe était sur le point d’accepter.
Au fond de la salle, les deux femmes commençaient à s’agiter.
Elles voyaient ce qui était en train de se passer et étaient sur le point de se lever pour donner une leçon à ces messieurs malintentionnés.
Quand tout d’un coup, à quelques tables d’elle, il se leva.
Surprises par cette intervention, venant d’un homme, elles restèrent à le fixer et se rassirent.
Il se dirigea vers les hommes, attrapa la fillette par le bras et la tira derrière lui.
— Je peux savoir ce que vous êtes en train de proposer.
Sur une voix plutôt mençante et froide.
Son regard n’inspirait pas confiance.
Le leader prit peur et ne voulut pas se risquer à des explications dans ce lieu public.
2013.8.7