La forêt, le bois.
Pénétrer dans cet endroit était dangereux.
Pas seulement pour les bêtes sauvages qu’on pouvait y croiser, mais également pour s’y orienter.
Il n’y avait aucun sentier, les arbustes, les arbres et la végétation, rendaient l’endroit peu praticable.
On pouvait voir qu’au centre de cette forêt il y avait un arbre imposant qui dépassait et semblait percer le ciel, mais personne n’avait pu raconter à quoi il ressemblait de près.
Certains disaient que des assassins s’y cachaient et beaucoup qui s’y aventuraient avec de mauvaises intentions, finissaient par ne jamais revenir.
Cette forêt fut déclarée comme interdite, voir maudite.
Beaucoup trop dangereuse pour le commun des mortels.
Cependant certaines rumeurs disaient qu’elle abritait des remèdes miracles.
Lorsque l’état de la jeune fille empira, le jeune homme qui l’avait prise sous son aile, n’avait plus aucune solution, ni lui ni le médecin de la ville n’avaient de moyens pour l’aider. Alors le médecin lui parla d’un secret.
Il lui raconta la fois où il était allé dans la forêt pour sa défunte femme.
— Peut-être qu’Ils pourront faire quelque chose pour elle… Mais pénétrer la forêt est plus que dangereux… je ne peux rien vous promettre, vous risquez peut-être votre vie.
— Je ne la laisserai pas seule. Peu importe ce que je risque.
Il était aveuglé par ses sentiments.
La jeune fille pouvait encore marcher mais était beaucoup affaiblie.
Elle voulut insister pour y aller seule.
Étrangement elle ressentait quelque chose à l’évocation de cet endroit.
Comme si ses souvenirs lui revenaient.
Ils pénétrèrent dans cette forêt.
Les abords étaient engageants.
Dès quelques mètres, la végétation se fit dense.
— Si nous continuons tout droit, nous devrions tomber sur le tronc de l’arbre millénaire…
Il dégagea le passage pour qu’elle puisse suivre.
Les épines et ronces accrochaient légèrement ses vêtements et sa cape.
Elle reconnaissait cet endroit.
Plus ils approchaient, et plus ils entendaient des bruissements de feuilles et de bois qui craquelaient autour d’eux. Ils sentaient la présence de quelque chose.
De temps à autres, elle jetait un regard derrière elle.
Il était impossible de retrouver son chemin si elle devait retourner sur ses pas.
Son souffle était de plus en plus faible, elle sentait qu’elle n’allait de toute manière pas faire long feu.
— Tu devrais me laisser ici… je… il ne me reste plus longtemps à vivre… merci d’avoir fait autant pour moi alors qu’on se connaissait à peine…
Elle était à quelques mètres de lui, et elle sentit ses jambes fléchir et lentement son corps se rapprocher du sol.
Il se précipita vers elle mais quelque chose le retint.
Quelqu’un venait de sortir des feuillages et de le restreindre par derrière.
Il le força à se mettre à genoux, à terre.
Une autre personne s’approcha de la jeune fille qui était encore consciente mais allongée au sol, le regard perdut.
Elle venait de voir la scène et la force la quittant, elle ne pouvait presque plus bouger.
Elle sentit la présence de plusieurs personnes autour d’elle.
Elle luttait pour ne pas perdre connaissance.
— Que faites-vous ici ?
La voix n’était pas commode et semblait plus qu’irrité de leur présence ici.
— … je… cette jeune fille ne va pas bien et… on m’a dit que je pourrais peut-être trouver un remède dans la forêt…
Essaya d’expliquer le jeune homme, qui tentait de mesurer le poids de ses mots pour ne pas contrarier ces personnes.
— On s’est bien moqué de vous. Le seul remède que vous pouvez trouver dans la forêt, c’est la mort qui mettra fin à toutes vos souffrances.
— Elle est déjà mourante…
Dit-il en désignant la jeune fille d’un signe de la tête.
Sa voix n’était pas aussi sure qu’auparavant. Il baissa la tête.
Son agresseur prit en considération ses explications un peu plus sérieusement.
— Il dit qu’elle est mourante.
Dit-il haut et fort, s’adressant aux autres personnes qui étaient également sorties des feuillages.
L’une d’elle s’avança vers le corps de la fillette, s’accroupit et ota sa capuche pour mieux voir son visage.
Elle contrôla son pouls et hocha la tête d’affirmation vers ce qui semblait être le leader de la bande.
Ce dernier se figea lorsqu’il vit à découvert le visage.
— Alys…. ?
Souffla t-il.
Il attrapa son prisonnier par le col et s’emporta.
— Qu’est-ce que vous lui avez fait ?!
— R-rien du tout… ! Je l’ai rencontrée amnésique… vous la connaissez… ?Bégayait-il, craignant pour sa vie.
Il jeta le garçon après l’avoir jaugé de haut en bas, pour savoir s’il mentait. Puis se dirigea d’un pas sûr vers la supposée « Alys ».
Il lui releva la tête tendrement pour la porter au creux de son coude.
Il retira minutieusement les lunettes.
Il esquissa un sourire se rappelant qu’elle avait une mauvaise vue.
Leur regard se croisèrent mais elle ne le reconnut pas tout de suite.
Sans ses ronds de fer sur le nez, il la reconnaissait encore mieux. Cependant elle, voyait un peu moins bien.
— Qui êtes… vous… ?
Demanda t-elle avec le reste de ses forces.
Le coeur de l’homme se resserra de plus belle.
Elle avait en effet aucun souvenir de lui.
Il reprit ses esprits et se releva presque immédiatement avec elle dans ses bras.
— On rentre. Tuez-le.
Dit-il s’adressant à ses compagnons, désignant l’intrus.
La jeune fille puisa dans ses forces pour réagir.
Elle tira sur un bout de tissu du vêtement de la personne qui la portait.
— Pitié… ne le tuez pas… ! Des larmes coulèrent sur ses joues. Il a tellement fait… pour moi… !
Suppliait-elle.
— … Gardez-le en vie pour l’instant. On va le ramener, et on avisera.
Soupira t-il.
Les mots d’Alys le touchèrent et il ne put se résoudre à achever celui grâce à qui elle était retournée auprès d’eux. La mère supérieure saurait quoi faire de lui.
Les compagnons l’assomèrent et l’embarquèrent par dessus leur épaule.
— Il pèse son poids, le bougre…
— Qui est-ce… ?
Demanda l’autre compagnon désignant la captive.
Alys luttait encore pour garder ses yeux ouverts, malgré sa myopie, elle scrutait son porteur. Il dégageait quelque chose de chaleureux qui lui rappelait son passé. Elle reconnaissait ce sentiment qui emplissait sa poitrine.
— C’est une Ignorée. Elle a été choisie pour succéder à la mère supérieure.
Dit-il sans ajouter plus de détails.
— Quoi… ? Rien que ça… ? Mais comment… ?
— C’est une longue histoire, mais elle s’est faite enlever il y a plusieurs mois et on a rien pu faire…
Raconta t-il.
Ces mots furent écho avec sa mémoire.
Cet enlèvement, elle s’en souvenait.
*
Elle était avec son amie dans la forêt.
L’air avait changé.
Elles avaient décidé d’aller chercher quelques herbes médicinales et elle l’accompagnait toujours pour plus de sécurité. Elles ne risquaient pas grand chose mais quelque chose ne présageait rien de bon.
— Il y a eu des passage d’humains par ici… je peux encore sentir leur présence. Partons. Vite. Il n’y a pas de patrouilles par ici actuellement.
Elle prit sa main et prirent le chemin du retour.
Elle marcha dans quelque chose.
Elle connaissait la forêt comme sa poche, ce n’était pas dans ses habitudes de se prendre les pieds dans une racine. Ce n’en était pas une.
C’était un piège à loup.
Elle s’arrêta un instant et se figea.
Le piège avait été bien camouflé et elle aurait dû être plus prudente.
2019.06.09