Vente d’humains.
Il existait une petite boutique où il était possible d’acheter un humain de compagnie.
Qu’on soit homme, femme ou transgenre, il était possible de venir abandonner son statut et toute responsabilité.
On était alors nourri, logé mais on ne touchait aucune somme d’argent.
*
Elle arriva en soirée, il devait être 23 heures passées mais cela ne faisait rien. La boutique était ouverte 24h/24.
Un peu intimidée, même si elle était préparée depuis plusieurs semaines, elle observa les lieux.
Ça ressemblait à un hôtel de plusieurs étages. Le bâtiment extérieur n’était pas glauque ou sale, mais plutôt bien entretenu et la décoration simple mais contemporaine. Le lieu était plutôt accueillant.
Elle avait les documents nécessaires et angoissait d’avoir oublié un ou plusieurs papiers nécessaires à son abandon.
Il existait un site internet sur lequel il était possible de se renseigner au préalable des différentes démarches.
Qu’on désire s’abandonner ou que l’on souhaite acquérir.
Quelqu’un était à l’accueil et attendait patiemment qu’elle s’avance au guichet pour l’aborder.
— Bonsoir…
— Bonsoir.
La personne n’était pas spécialement chaleureuse.
— Je… suis venue déposer une candidature…
Elle posa son porte-document sur le bar.
— Je vais regarder si tous les papiers sont là…
Dit-il en ramassant la liasse et en vérifiant chaque élément.
Après quelques minutes qui lui semblèrent interminables, il lui sourit.
— C’est tout bon, je vais prévenir ma collègue qui se chargera de vous faire passer un entretien.
Il lui rendit le dossier et appuya sur le bouton d’un appareil téléphonique.
— Vous pouvez aller au premier étage, ça sera sur votre gauche.
Il lui indiqua l’escalier derrière lui, sur sa droite.
Elle le remercia timidement et monta les marches.
Arrivée au premier étage, elle vit la porte sur sa gauche entrouverte. Elle vérifia qu’il n’y avait pas de doute sur le lieu et s’engouffra dans la pièce.
Une charmante dame était assise à son bureau et l’attendait.
Elle l’invita à s’asseoir d’un sourire bienveillant.
Il y avait une moquette au sol qui étouffait ses pas, et la chaise était particulièrement confortable.
— Bonsoir. Quel est votre nom ?
— Coralie…
Répondit-elle en déposant ses papiers sur la table.
— Merci Coralie. Je vais étudier votre dossier. Je ne vais pas vous questionner sur votre passé, ou vos raisons ici, rassurez-vous.
Nous demandons un bilan sanguin pour être sûr que vous ne soyez pas porteur d’un virus dangereux pour la clientelle. Ça m’a l’air bon.
Votre carte d’identité et votre carte vitale serviront à garder une trace de votre identité. Nous vérifions également que vous n’avez aucune dette, évidemment.
Vos justificatifs de fermeture de compte bancaire… très bien. Vous pouvez garder votre argent liquide si vous le souhaitez. C’est votre bien. Tout me semble en ordre.
Elle rangea les documents dans un autre dossier sur lequel elle commença à écrire d’autres informations.
— Je dois vous expliquer certaines choses avant. Tout d’abord, votre identité n’est plus ce qu’elle est ici. Est-ce que vous désirez changer de prénom ?
— Non, ça ira…
Répondit-elle.
— Dans ce cas, on gardera Coralie. Nous ne faisons pas payer de frais de dossier, mais il y a d autres conditions.
Vous vivrez ici, dans une chambre individuelle. Vous travaillerez pour nous en tant qu’aide ménagère, techniquement. Les tâches sont partagées entre les différents occupants, selon un planning qui change régulièrement. Ménage, cuisine, etc.
Je garderai vos papiers.
Si vous avez besoin de quelque chose, passez par Paul ou moi-même. Selon votre demande on pourra ou non y consentir.
Lorsque quelqu’un voudra vous adopter. Je vous expliquerai les règles à suivre.
Jusque là, voici les papiers à signer pour faire partie de la famille.
Elle signa après avoir lu les documents.
Quelqu’un vint la chercher et l’emmena visiter les lieux.
Le bâtiment était sur plusieurs étages.
On lui expliqua que toutes les chambres n’étaient pas occupées et que les occupants pouvaient rester plus ou moins longtemps selon les périodes.
C’était un jeune homme tout à fait charmant qui lui fit la visite. Pas très grand, à peu près comme elle. Elle se demanda ce qui lui avait donné envie d’abandonner sa condition.
— Les douches sont communes, c’est au sous-sol. Les toilettes, il y en a à chaque étage. Est-ce que Mama t’as expliqué d’autres règles ? Hmm… genre celle qui interdit les relations sexuelles entres les occupants. Nous sommes la propriété de Mama. Voici ta chambre. Je vais devoir te mesurer.
Il referma la porte derrière lui et sortit un mètre ruban de sa poche.
Ainsi qu’un bout de papier et un crayon.
— Ne t’inquiète pas, je suis digne de confiance, Mama ne m’aurait pas demandé de faire ça sinon. Par contre il va falloir te déshabiller.
Dit-il calmement.
Elle s’exécuta sans rechigner.
*
Temps d’adaptation.
Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu’elle était arrivée dans cet endroit.
Elle avait pris ses marques, ses petites habitudes et elle s’était habituée à une certaine routine.
Elle se levait le matin assez tôt, elle se préparait.
Toilette matinale, brossage de dents, coiffure appropriée, un peu d’eau sur le visage et elle enfilait l’uniforme qu’on lui avait fournie à son arrivée.
Sa petite chambre avait le stricte nécessaire. Un lit une place, une petite armoire qui contenaient quelques affaires et changes, un miroir tout en longueur. Une petite corbeille.
Les chambres n’étaient pas vérouillées et il existait une certaine confiance entre les occupants. Même si cela n’était pas le cas, il y avait une surveillance permanente et les murs n’avaient pas que des oreilles.
Cela faisait partie du règlement qu’on signait à l’arrivée.
Tout manquement à ces règles, pouvait aboutir sur l’expulsion immédiate, et Mama n’y allait pas de main morte.
Ainsi prête, elle descendait l’escalier pour se rendre à la cantine, ils prenaient leur petit déjeuner et devaient se rendre à la salle de travail.
Il y avait une salle avec des vitres teintées qui permettaient aux visiteurs de ne pas être vus.
L’espace était particulièrement grand, il y avait des bibliothèques, des étagères contenant de quoi se distraire comme du papier, des crayons, de faire des activités manuelles.
Il pouvait y avoir des jeux de société.
Des portes coulissantes en bois donnaient accès à l’extérieur sur un petit jardin que les occupants entretenaient à leur guise. Il y avait quelques arbres mais surtout un espace potager.
Elle se posait soit pour lire un livre, soit pour suivre les instructions d’un livre d’origami sur une feuille qu’elle pliait soigneusement.
C’était reposant de ne devoir penser à rien.
D’autres personnes autour d’elle étaient allongées dans l’herbe à l’ombre, pour profiter de l’air frais.
Une autre faisait un puzzle sur une table plus loin.
Un homme vint visiter.
Il s’adressa à l’accueil qui avait été tenue au courant de sa visite. Il fallait s’inscrire au préalable et prendre un rendez-vous.
Il monta au bureau de Mama et elle discuta longuement avec lui pour lui expliquer comment ça marchait, ou lui rappeler certains points. Et l’interrogea sur sa venue et son objectif.
La raison majoritaire c’était pour avoir de la compagnie.
Il arrivait que certains rares cas cherchaient un esclave, une chose, une poupée.
Mama insistait sur la vérité de la motivation.
Selon le cas, elle s’occupait d’orienter vers le bon profil.
Le tarif n’était pas exactement le même.
Il y avait une base et selon les options que l’acheteur désirait avoir, le prix augmentait.
L’homme était bien habillé et semblait triste et fatigué.
Il lui expliqua la situation et Mama l’accompagna visiter les lieux.
Il semblait chercher de la compagnie, homme, femme, il n’avait pas spécialement de préférence.
Profil célibataire, sans enfants.
Derrière la vitre tintée, Mama lui présenta les différentes personnes disponibles.
Son regard s’arrêta un peu plus longtemps sur la jeune fille qui pliait du papier.
Mama le vit et parla plus en détails de son profil.
L’âge, le caractère, ses mensurations.
L’homme se tut et Mama continua.
Elle l’invita à lui parler de vive voix pour juger directement.
Il y avait une salle à l’écart, il y avait une petite vitre tintée derrière un tableau, et des trous d’aération qui pouvaient laisser entendre la conversation.
Mama les laissa tous les deux dans la pièce. Il y avait une table ronde et deux chaises plutôt confortables.
Une bouteille d’eau fraîche et deux verres.
La jeune femme s’assit et semblait gênée.
L’homme d’âge mûr, s’assit et prit la bouteille d’eau pour remplir les deux verres.
— Bonjour. Mama a insisté pour que je te rencontre. Comment t’appelles-tu ?
— Coralie…
2019.07.26