La petite dernière de la famille, ne sachant pas que faire de son avenir, elle se passionnait de lecture et décida de prendre un travail à mi-temps.
Celui de danseuse dans un club de strip-tease l’intrigait. Elle eut la chance de tomber sur un établissement propre et respectueux.
Ils recrutaient et son visage plut à l’employeur.
Elle apprit les bases et se fit une petite réputation.
— Angie, c’est à ton tour.
Elle avait choisi ce pseudonyme, trouvant celui d’Angel ou Angélique un peu trop prétentieux pour sa personne.
Ses longs cheveux blonds et ondulés lui donnaient vraiment un air d’ange. Sa tenue légère en dentelle blanche accentuait sa peau claire.
La lumière lui donnait un air éblouissant.
Sa danse était lente mais majestueusement érotique. C’était son style.
Le dehanché au rythme de la musique, elle faisait fi des yeux rivés sur elle.
Son moment fut fini en un rien de temps.
Il arrivait de temps en temps qu’on l’appelle pour une danse voire une danse privée. Mais ce soir, elle avait fini.
Elle retourna au vestiaire et se changea.
Elle attrapa un élastique qui traînait et regroupa grossièrement ses cheveux emmêlés pour les attacher en chignon vite fait.
Elle avait un pull un peu trop large pour elle, un jeans slim et un parka bien épais pour lui tenir chaud.
Plutôt frileuse, et sachant qu’elle rentrerait de nuit, elle avait prévu sa tenue.
Elle fit un signe rapide à ses collègues et à son employeur pour signifier qu’elle rentrait.
*
Elle marchait tranquillement lorsqu’elle sentit une présence la suivre. Les pas étaient légèrement calés sur les siens.
Elle n’était pas aussi douée en self-défense que ses frères et soeur mais elle ne voulait pas se laisser faire.
Elle se força à garder son calme et ne pas laisser paraître qu’elle s’en était rendue compte, mais plus elle réfléchissait à un moyen de semer la personne, plus les pas se rapprochaient.
Elle paniqua et finit par se mettre à marcher plus vite et à courir.
Elle voulait voir à quelle distance était l’autre personne, et par curiosité, elle se retourna pour jeter un coup d’oeil.
À ce moment là, elle bouscula de plein fouet un homme.
Il la rattrapa alors qu’elle allait chuter en arrière.
— P-pardon !
Bafouilla t-elle encore sonnée.
— Est-ce que ça va ?
Dit-il, en jetant un regard derrière elle.
Il avait aperçut la silhouette qui la poursuivait.
Elle reprit ses esprits et se remit sur ses gardes, peut-être qu’il était de mèche avec l’autre poursuivant.
Elle le fixa pour essayer de jauger si elle devait le craindre également.
La voyant le dévisager de la sorte, il ne put s’empêcher de sourire et la rassura sur le champ.
— J’ai l’air si louche… ?
Il avait les cheveux ébouriffés, noirs, et les yeux d’un gris clair. Son regard s’arrêta sur ses magnifiques yeux clairs qui brillaient dans la nuit. Il avait la peau foncée.
Son manteau long noir était ouvert. Il portait un simple pull et un jeans droit.
Voyant qu’elle ne répondait toujours pas, il continua de lui parler.
— C’est pas très sûr de se balader seule à cette heure-ci. Je suis du quartier, je te raccompagne chez toi ?
— J-je travaille pas loin, ca m’était jamais arrivée avant… euh, merci…
Expliqua t-elle brièvement.
Après quelques minutes de marche, il brisa le silence gênant.
— Moi aussi je bosse de nuit. Tu fais quoi, toi ?
— Je… danse…
Dit-elle embarrassée.
— Oh, t’es au Carré Secret ?
— Oui… et vous, vous faites quoi ?
Elle esquiva le sujet.
— Tu peux me tutoyer, t’sais. Vu que je te tutoie aussi… je ne suis pas si vieux.
Dit-il en la regardant.
— Moi, je bosse à LunaVilla, je sais pas si ça te parle ?
Elle fit « non » de la tête.
— C’est un sauna, hamman et jacuzzi pour les couples libertins. Je m’assure que tout se passe bien et qu’il n’y a pas d’abus ou d’harcèlement. Si ça te dit de juste venir te détendre, hésite pas à passer, c’est gratuit pour les filles selon les jours, mais je peux te faire entrer.
Il lui sourit.
Elle lui fit signe de tourner à un carrefour.
— J’habite plus très loin, merci de m’avoir accompagnée…
— Je t’en prie. Ça m’a fait faire une petite balade. T’as pas quelqu’un qui peut venir te chercher le soir, après ton taf’ ? Si tu veux, je te file mon numéro, j’suis à même pas 10 minutes, mais rentre pas seule, tu sais pas ce qu’il peut arriver…
— Je.. d’accord…
Elle sortit son téléphone pour noter. Il se rapprocha d’elle pour vérifier que le numéro était le bon.
— Bipe-moi, comme ça j’aurais aussi ton numéro.
Sourit-il.
— T’es sûre que c’est pas loin ? Je veux pas te forcer mais ça ne me dérange pas de faire quelques mètres de plus.
Dit-il vraiment inquiet.
— Oui, c’est la boutique juste dans la rue.
— Ok. Bonne nuit alors.
— Merci encore. Bonne nuit.
Elle marcha jusqu’à la devanture de la boutique Laine&Lin et sortit sa clé pour ouvrir et refermer derrière elle. Elle fit attention à ne rien déranger et pénétra dans l’arrière boutique.
Elle emprunta la petite porte derrière un rideau.
C’était le portail qui menait à sa maison.
Elle souffla.
Le portail était dans une petite pièce.
Le jour était en train de se lever.
Elle se dirigea vers sa chambre, en traversant l’immense couloir.
C’était calme.
Elle retira ses vêtements en les laissant par terre, près de son lit, et se jeta sous sa couverture pour dormir.
Les rideaux étaient fermés, comme d’habitude.
Son esprit vagabonda sur les derniers évènements.
Elle savait que ses parents étaient inquiets quand elle allait dans le monde des humains, mais elle les avait rassurés en les assurant qu’elle savait se défendre un minimum.
Elle ne savait pas si elle devait leur parler de cette mésaventure.
Elle s’endormit en ayant le visage de cet étrange inconnu en mémoire.
*
Il faisait nuit.
Elle était dans la ruelle de la boutique d’Hélène et Alain. Elle marchait tranquillement pour rentrer, elle ouvrit la porte et la referma derrière elle.
Une ombre s’écrasa devant la porte vitrée, elle sursauta. L’ombre grossière se transforma en la silhouette qui la poursuivait et se collait devant la vitre. La fixant. Elle eut un mouvement de recul.
Elle hurta quelque chose, ou quelqu’un.
Il y avait quelqu’un derrière elle.
Elle n’osa pas se retourner.
Une main se posa sur son épaule.
Elle sentit la respiration dans son cou, lorsqu’elle tourna la tête pour savoir qui c’était, elle reconnut la chevelure de l’inconnu. Il se pencha vers elle et elle sentit ses dents pointues s’enfoncer dans la chair de son cou.
*
Elle se réveilla en sursaut. Le coeur battant.
Ce n’était qu’un cauchemar.
2018.06.8