Draps

Le lendemain, lorsqu’il se réveilla, ses souvenirs étaient encore parsemés et il était un peu barbouillé.
Au moins il avait retrouvé son état normal.
Lorsqu’il se tourna vers elle, endormie et nue à ses côtés, il ne put s’empêcher de rougir en repensant aux bribes de la nuit passée.
Il la laissa dormir et se leva, s’habilla pour aller se raffraîchir le visage et ses pensées au point d’eau.
Il réfléchissait à ce qu’il pourrait lui dire, s’il devait s’excuser, s’il devait lui dire qu’il était sérieux et qu’il prendrait ses responsabilités.
Il n’arrivait pas à croire qu’il avait franchi le pas. C’était le point de non-retour et il était anxieux de la réponse qu’elle lui donnerait.
Il était conscient qu’il n’était plus tout jeune. Ils devait avoir au moins 20 ans de plus qu’elle et il ne savait pas ce qu’elle pensait réellement de lui.
Il était ainsi au bord de la riviere, accroupi, perdu dans ses pensées, il avait plongé ses mains dans l’eau fraîche du matin et avait aspergé son visage. Ça lui avait remis les idées en place et il était maintenant bien réveillé.
Il se demandait encore s’il regrettait ou non ses actes d’hier soir.

— Qu’est-ce que j’ai fait…

Elle se réveilla doucement et la première chose qu’elle fit, c’est de le chercher dans le lit, de ses mains qu’elle balada dans les draps.
Personne.
Elle ouvrit les yeux et il n’était plus là.
Elle paniqua et imagina le pire des scénarios.
Des questions multiples se bousculèrent dans sa tête.
Elle avait peur de ne pas être à la hauteur, qu’elle ne soit pas assez bien pour lui.
Peut-être qu’il ne la prenait pas au sérieux et qu’il la considèrait encore comme une enfant…
Elle était effrayée à l’idée qu’il ne la voit pas comme une femme et qu’il la rejette.
Elle s’habilla en vitesse avec son peignoir et une énorme cape.
S’il était réellement parti, il ne devait pas être très loin.
Les draps étaient encore tièdes.
Elle savait que le matin était frais et elle se savait frileuse.
Elle remonta la piste jusqu’à la cascade.
Lorsqu’elle vit sa silhouette de loin, elle soupira de soulagement. Elle était rassurée qu’il soit encore dans les parages.
Ils devaient discuter.

Elle s’approcha de lui et voulut l’attaquer par surprise pour le taquiner et à la fois le punir parce qu’il était sorti sans la réveiller.
Il sentit sa présence et esquiva l’attaque fictive.
La faisant perdre son équilibre, elle faillit tomber. Il la rattrapa par le bras.

— À quoi tu joues ?

Il fut surpris qu’elle soit déjà debout.
Lorsqu’il la vit de plus près, il remarqua ses yeux rouges et gonflés.

— Ça va pas… ?
Demanda t-il inquiet.

— Tu as pleuré ?
Ajouta t-il avec surprise.

Après un instant de silence elle se mit à parler.

— Je… J’ai cru que tu étais parti… que tu m’avais laissée toute seule…

Elle eut du mal à parler et se mit à éclater en sanglots. Elle renifla et essuya ses larmes.
C’était plus fort qu’elle.
Il ne put s’empêcher de la serrer dans ses bras. Il n’avait pas l’habitude de la voir aussi désemparée.

— Qu’est-ce que tu racontes… ? Je ne vais nulle part sans toi…

Il la réconforta comme il put.
Elle se calma petit à petit.
Il la porta jusqu’à leur maisonnée.
Elle était sortie qu’avec son peignoir et il sentait qu’elle avait froid et qu’elle frissonnait.
Il la posa dans sur le rebord du lit, et prit la couverture.

— Il faudra vraiment laver les draps… On peut dire que les draps se souviennent de notre nuit…
Dit-il en soulevant la couverture du bout des doigts et fixant les taches ici et là.

Elle rougit.

— En parlant de se souvenir…

Ce fut à son tour d’être gêné.

— À cause de la drogue d’hier… Je ne me souviens pas très bien de… je veux dire… je n’étais pas dans mon état normal… et je me demandais… si je pouvais me racheter et te montrer mes vrais sentiments…

Elle le regarda sans dire un mot.

— Ça peut ne pas être tout de suite.
Se corrigea t-il.

— C’est juste que… je ne suis pas fier de ma performance d’hier… et je souhaiterais que tu me donnes une deuxième chance… de me déclarer officiellement…

Sur ces mots, il s’agenouilla en face d’elle, prenant ses mains dans les siennes et en la regardant dans les yeux.

— Est-ce que tu m’acceptes à tes côtés. En tant qu’homme, en tant que ton compagnon et ton partenaire… ? Je promets de te chérir jusqu’à la fin de mes jours.

Il avait le regard déterminé.

— Je…

Elle le regarda avec surprise et avec gêne. Elle ne s’attendait pas du tout à cela, et ne savait pas comment réagir à cette déclaration.
Bien entendu sa réponse était déjà décidée.
Elle cherchait ses mots.

— Est-ce que tu m’acceptes en tant que femme… ? J’ai toujours peur que tu me prennes encore pour une enfant…
Osa t-elle demander.

— Bien sûr ! Et cela fait un moment que je ne te regarde plus comme une enfant…
Ajouta t-il, comme un aveu.

— J… Je veux… également te chérir jusqu’à la fin de mes jours…

Il se leva à hauteur de son visage et l’embrassa tendrement.
Elle lui rendit le baiser et ils se retrouvèrent tous les deux dans le lit.
Dans la continuité de la veille, il prit les devants et lui montra à quel point ses sentiments étaient sérieux.

2016.03.09

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