Ils étaient ensemble, ils marchaient prudemment et elle se positionnait devant pour éclairer.
Elle entendit puis sentit le danger imminent, elle s’était avancée en faisant signe à son partenaire de faire attention en rester derrière elle.
Il sentit également cette odeur particulière du danger.
Lorsqu’elle s’avança un peu plus, en se rapprochant de la source de cette ambiance, elle se positionnait pour le protéger au moindre risqué.
Il sentit tout comme elle cette oppression, d’être observe.
Il faisait sombre et il entrevit quelque chose, un rapide mouvement qu’il aperçut.
Elle était déjà sur ses gardes et s’apprêtait à l’encaisser pour les défendre mais il avait vu quelque chose d’autre, il avait pressenti un danger plus grand.
Il lui attrapa le bras, la chose la plus proche de lui à portée de main, et la tira vers lui, loin derrière lui, pour la dégager et l’éloigner le plus possible.
Il essaya de prendre sa place et se défendre, mais malgré sa rapidité de réaction, le choc fut violent et une explosion suivie de fumée, se produisit au moment de l’impact.
Elle avait été projetée au sol par son partenaire et le champ de l’explosion l’avait emportée encore un peu plus loin.
Sonnée et désorientée, elle se releva, de mauvais poil parce qu’il avait agit de sa propre volonté et qu’elle ne comprenait pas pourquoi il avait pris cette initiative.
Puis elle le vit.
Il était au sol et ne se relevait pas.
La puissance de l’attaque avait été plus forte que ce qu’elle avait prévu et il semblait avoir perdu connaissance.
Le voyant gisant à terre, elle paniqua. Sa colère laissa place à l’inquiétude.
Il ne devrait pas être aussi sonné, au point de ne pas reprendre connaissance.
Elle accourut à ses côtés et elle le souleva dans ses bras.
— Nao… tu m’entends… ? Pourquoi… ?!
Il ne bougeait pas, son corps était inerte.
Des larmes apparurent au coin des yeux de Chloé.
Il n’avait pas l’habitude d’être dans cet état. Il était plutôt robuste, toujours à faire son meilleur, bourré de confiance en soi, il en faisait toujours trop.
Et là, il était plus que faible, en mauvais point.
Elle imagina le pire.
Il ne pouvait pas mourir avant elle. C’était sa création, elle devait partir avant lui, c’était dans l’ordre des choses, pas lui.
Elle ne pouvait pas sentir son pouls de toute manière, elle n’avait aucun indicateur de son état global.
Il eut un spasme presque imperceptible.
Ses paupières tressaillirent et il réussit à les entrouvrir pour voir sa Chloé.
Il sourit timidement, chose qui sembla lui coûter toute son énergie.
— Ne pleurez pas… Je suis heureux d’être dans vos bras…
— Tais-toi… ! Dis pas n’importe quoi… !
Les larmes embuèrent sa vision et coulèrent sur ses joues.
Il était faible, bien trop faible, et il perdit connaissance.
— Nao… Nao ! Reste avec moi… ! Que quelqu’un m’aide… !
Le désespoir était grand dans le coeur de Chloé.
Est-ce qu’il allait mourir ainsi ? Elle ignorait s’il allait survivre mais quelque chose lui disait qu’il n’en avait plus pour longtemps, lui qui était si solide, leur espèce qui devrait être plus résistante que cela.
Quelque chose dans l’explosion avait été d’une grande puissance et l’avait blessé au plus au point.
Ce n’était pas juste, qu’elle ait été protégée. Dans l’ordre naturel des choses, c’était à elle de le protéger et c’était à elle de partir avant lui.
Elle avait trop vécu, c’était elle qui aurait dû prendre cet impact.
Elle ne put empêcher ses larmes de couler à l’idée qu’il disparaisse ainsi.
Elle se ressaisit, essuya ses yeux avec le revers de sa main, et elle porta Nao.
Il devait rester un espoir.
Elle l’emmena directement chez eux, elle l’allongea sur le canapé du salon.
Flora et Vladislaw étaient là, et ils voyaient que Chloé avait pleuré.
Ils se penchèrent sur le corps de Nao et étaient impuissants.
Vladislaw prit les épaules de Chloé pour la réconforter tandis que Flora continuait à observer Nao.
Elle qui adorait le taquiner, elle n’arrivait pas à croire qu’il ne se réveillerait pas, il semblait juste dormir. Profondément.
— On doit pouvoir faire quelque chose, hein… ?
Demanda Flora, la voix tremblotante, elle se contrôlait de ne pas pleurer, ni laisser ses émotions prendre le dessus.
— … Je ne sais pas… je vais appeler Gabriel et Alexandra… je ne sais pas à qui je pourrais demander de l’aide… mon Maître n’a pas plus de ressources que moi…
Chloé s’en alla, laissant ses deux acolytes avec le corps de Nao.
Le téléphone à son oreille, elle eut Gabriel à l’autre bout du fil.
— Oui… Gabriel à l’appareil ?
Il était rare qu’il recoive des appels.
— Je… c’est Chloé à l’appareil… je, excuse-moi de te déranger, j’aurais besoin de conseils…
Elle était hésitante et sa voix fébrile, Gabriel n’avait pas l’habidtude de l’entendre ainsi, il s’inquiéta et ouvrit ses oreilles.
— Dis-moi.
— C’est Nao… il a prit une explosion et ne se réveille pas… je ne sais pas quoi faire, je…
— Ok, calme-toi, laisse-moi quelque secondes, j’en parle à Alexandra.
Il revint plusieurs minutes après et Alexandra prit le relai.
— Bonjour Chloé, c’est Alexandra.
— B-bonjour Alexandra… excuse-moi de-
— Ce n’est rien, c’est au sujet de Nao, c’est ça ? Si c’est urgent, je peux te recommander d’aller à l’hôpital où mon frère travaille. Sa femme devrait pouvoir vous aider.
— Mais… Nao est…
— Je sais, sa femme n’est pas humaine, c’est pour ça que je te suggère d’y aller, ils tiennent l’hôpital qui se trouve dans votre ville. Dis à l’accueil que c’est moi qui vous envoi, demande Alexandre et Chrystal. Je vais les appeler pour les prévenir de votre arrivée. Ils devront pouvoir vous prendre en charge. Je viendrai aussi mais je risque d’arriver plus tard, même si je décolle maintenant.
— D’accord. Je vais à l’hôpital et je demande Alexandre et Chrystal, c’est ça ?
— C’est ça. Ne t’inquiète pas, Nao sera entre de bonnes mains. Chrystal était notre médecin de famille.
— M-merci, merci beaucoup. Je fais ça.
— Je t’en prie, on se voit plus tard. À tout à l’heure Chloé.
Ils raccrochèrent et elle retourna dans la salle pour communiquer les instructions.
Flora se mit à rire, nerveusement
— Je pensais pas qu’emmener Nao à l’hôpital serait aussi comique… qui l’eut cru…
— C’est ce que je me suis dit aussi, lorsqu’elle m’a proposée de l’y emmener…
Sourit Chloé, qui arrivait enfin à avoir un peu d’espoir.
*
Ils arrivèrent aux urgences avec le corps de Nao.
L’employé de l’accueil se leva de son siège en les voyant arriver. Il pensa que Nao était déjà mort en se fiant à la couleur de son teint.
Vladislaw qui était calme, s’exprima en premier et expliqua la situation.
— Bonsoir… notre ami a perdu connaissance et nous souhaiterions voir Chrystal et Alexandre. Nous venons de la part d’Alexandra.
L’employé paniqua. Il n’était pas commun de demander à voir Alexandre et Chrystal, mais il n’osait pas les appeler. Il regarda Nao et les autres. Il avait un frisson dans le dos en les voyant.
Est-ce qu’il devait appeler directement la police si Nao était mort ?
Il se décida à appeler Alexandre qui répondit aussitôt, et avait une voix calme.
Il ne l’avait jamais fait et s’attendait à se faire rouspéter mais ce n’était pas le cas.
— Monsieur, il y a des gens qui vous demandent à l’accueil des urgences…
— Merci, je les attendais, j’arrive immédiatement.
— Veuillez patienter un petit moment, il arrive dans un instant…
Dit l’employé en montrant les sièges vides.
Il avait des doutes sur ces gens mais essaya de ne pas trop les dévisager.
Alexandre est arrivé et Chloé fut surprise de voir à quel point il ressemblait à Alexandra.
Il remercia son employé et orienta Chloé, Vladislaw, Flora et Nao qui était porté dans les bras de Chloé, vers un couloir qui menait à un ascenseur privé.
Il était plus que rare de voir Alexandre recevoir ainsi des personnes et l’employé resta bouche bée devant cette scène.
Dans l’ascenseur, après que les portes se soient fermées, Alexandre s’exprima.
— Bonjour, ne vous inquiétez pas, je vous amène à un étage où nous pourrons parler en toute sécurité.
— M-merci de nous recevoir…
Chloé était un peu intimidée et voyait qu’ils avaient droit à un traitement spécial.
— Je vous en prie, ma soeur me demande rarement ce genre de service, et vous n’êtes pas n’importe qui pour qu’elle m’ait fait cette demande.
Alexandre était calme, sérieux, on ne savait pas trop ce qu’il pensait ou pouvait ressentir. Il était plus imperméable que sa soeur à ce sujet.
L’ascenseur sonna et les portes s’ouvrirent.
Ils les dirigea vers une chambre vide où il fit signe à Chloé d’installer Nao sur le lit.
Une femme aux cheveux blonds brillants frappa à la porte ouverte et s’approcha d’eux en les saluant.
— Bonjour, je m’appelle Chrystal.
— Je vous présente ma femme, elle s’occupera de vous.
Alexandre sortit de la pièce et s’en alla, les laissant seuls avec elle.
— Bonjour… je m’appelle Chloé, voici Vladislaw, Flora… et Nao.
Dit Chloé en désignant le corps de son protégé sur le lit.
— Enchantée. Je vais l’osculter. Vous n’êtes pas humains, n’est-ce pas ?
Demanda Chrystal, sans aucune animosité.
— Non… nous sommes beaucoup plus âgés que notre apparence peut laisser croire.
— Je vois. Je ne dois pas m’inquiéter pour son pouls, j’imagine.
— Effectivement…
— Puis-je demander ce qui s’est passé ?
Chloé raconta les évènements dont elle se souvenait.
Chrystal finit son examen et les rassura.
— Il a l’air encore en vie, mais extrêmement affaibli, son état est stable mais c’est la première fois que j’ai un patient de votre espèce…
— Est-il possible de mettre en place une transfusion… ?
Demanda Chloé, en suppliant presque.
— … Oui, cela devrait être possible…
— Notre énergie passe par le sang. Dans son état, il ne peut pas ingurgiter mon sang pour reprendre ses forces. Par contre, si je peux lui donner de mon sang par transfusion…
— C’est une solution à tester. Quelle quantité faudrait-il ?
— Autant qu’il faut.
— Dis pas n’importe quoi, Chloé !
Flora s’était interposée pour la raisonner.
— Je vais préparer le matériel. Je reviens.
— Merci…
Dit Chloé.
Après le départ de Chrystal, Flora s’exprima.
— Ce n’est pas de ta faute si Nao est dans cet état. Ne prends pas des décisions que tu pourrais regretter ! Tu n’es pas toute seule et tu n’as pas à prendre cette responsabilité. On est là aussi, s’il y a besoin de plus de sang, je suis là et Vlad’ aussi. Alors arrête de te jeter la pierre. Nao t’a protégé en toute âme et conscience. J’aurais probablement fait la même chose.
— Pardon Flora… je me sens tellement coupable…
— Je sais Chloé… mais tu n’as pas à te sentir coupable.
Flora la serra dans ses bras.
Il était rare de voir Chloé aussi dépourvue et faible.
Vladislaw était resté silencieux dans un coin de la pièce. Cela lui faisait mal au coeur de voir Chloé dans cet état mais il ne pouvait pas faire grand chose de plus.
Chrystal revint et Alexandra arriva aussi.
Elle les salua rapidement et s’approcha tout de suite de Chloé pour lui demander comment elle allait.
— Je suis venue aussi vite que j’ai pu, Gabriel a dû rester sur place.
— Pardon, je ne voulais pas te déranger…
— Chut. C’est tout à fait naturel, ne t’en fais pas pour ça. Comment tu vas, toi ?
— Ca va… je te présente Flora et Vladislaw.
Chloé sourit timidement.
— Nous allons tenter une transfusion, Chloé ? Est-ce que tu es prête ?
— Oui.
Elle s’installa et Alexandra se présenta à Vladislaw et Flora.
— Enchantée, je suis Alexandra. Chloé et Nao ont aidé mon époux et ma fille. Merci encore pour l’autre fois.
Vladislaw lui serra la main sans aucune expression et Flora semblait méfiante.
Nao reprit rapidement des couleurs, il devint moins blanc, et la transfusion put être arrêtée avant que Chloé ne se vide de son sang.
Chrystal avait pris soin de ne pas mettre en danger Chloé, Flora regardait ça d’un oeil méfiant et surveillait.
Chloé avait voulut se relever mais cela l’avait affaibli et Flora était à ses côtés, l’aidant à se rallonger.
Alexandra était venue aussi à ses côtés.
— Restez autant qu’il faut, je m’arrange avec mon frère. Prends ton temps Chloé.
Chloé avait sourit et remercié Alexandra et Chrystal.
Nao était tiré d’affaire.
— Son état est beaucoup plus stable, je peux l’affirmer, la chambre vous est réservée, ne vous inquiétez pas.
Chrystal les rassura et s’en alla, avec Alexandra.
Chloé était allongée à côté de Nao, sur un autre lit d’appoint. Vladislaw s’était rapprochée d’elle et l’avait embrassée sur le front.
— Repose-toi, Chloé. On s’occupe du reste avec Flora. Nao devrait se réveiller aussi.
Avait dit Vlad’.
Flora avait été surprise de cette marque d’attention mais ne dit rien, et fit la même chose.
— Elle est toujours comme ça… ?
Demanda Vladislaw, après que Chloé referme ses yeux.
— Tu veux dire, à s’inquiéter pour nous ? Oui.
— J’ai tellement pas l’habitude de la voir perdre pieds comme ça…
— Ca n’arrive pas souvent… ça me rappelle de mauvais souvenirs…
— Ah bon… ? Quels genres ?
— La fois où elle a failli y rester, elle m’avait dit de m’enfuir parce que j’étais encore trop faible pour pouvoir me battre correctement et me défendre.
— Tu m’avais jamais raconté.
— Ca remonte à très longtemps. Nao n’était pas encore là, pour te dire. C’est son maître qui est allé la chercher pour la ramener.
— Son Maître…
— Il est spécial mais une chose est sure, il tient énormement à Chloé.
— Je vois…
— Chloé… elle prend soin de nous mais elle sait pas prendre soin d’elle. C’est pour ça que j’essaye d’être là pour m’occuper d’elle… quand je la vois comme ça pour Nao… je me demande si elle aurait fait la même chose pour moi…
— Arrête Flora. Tu n’as pas à être jalouse de Nao. Chloé, elle nous aime tous et bien sûr qu’elle aurait fait la même chose pour toi.
— Je sais… mais parfois je doute.
— Vous êtes bizarres avec Nao, vous tenez trop à elle. Moi… j’ai compris que c’était pas de l’amour, elle me l’a fait comprendre. Je ressens un attachement et un lien fort avec elle, mais je reste indépendant. Vous, vous l’aimez tellement qu’on dirait que c’est maladif.
— Ahah ! Peut-être bien. On veut prendre soin d’elle, la rendre heureuse.
— S’occuper d’elle parce qu’elle nous a sauvé.
Prononça Nao.
Les regards se tournèrent vers lui.
— Yo. Je fous quoi ici ?
— Il se réveille et tout de suite, il parle mal.
Soupira Flora.
— Tu as fais quoi pour te mettre dans la merde à ce point ?
— Rien… j’ai juste dégagé Chloé pour me manger l’explosion.
— Une explosion… rien que ça.
Il expliqua leur expédition et ils trouvèrent un endroit avec des pièges. C’était dangereux et ils devaient en parler plus sérieusement.
2021.07.16