Meuble [RolePlay]

Ca y est, elle est arrivée devant la porte du bureau du maître des lieux.
Hésitante, elle se frotte le dos de la main.
Elle se rend alors compte de la moiteur de celles-ci.
Elle s’essuit hâtivement dans son tablier.
Elle prend une grande respiration ainsi que son courage, et attrape le heurtoir au dessus des poignées de la double porte, et s’annonce d’un coup, sec.
Le bruit assourdissant de son geste la surprend, et elle craint d’y avoir mis trop de force.
Elle n’a pas le temps de s’en soucier qu’une voix l’invite déjà à entrer.

« Entrez, mademoiselle Chloé. Je vous attendais. »

La pièce est sombre, quelques halos de lumières perçant à travers les rideaux épais devant la fenêtre lui permettent de profiter de la richesse de la décoration : statues, bustes et bibelots sur les étagères. Elle ne remarque pas tout de suite la présence immobile du comte derrière son bureau. Distraite, elle continue sa contemplation, et oublie la longueur de son uniforme légèrement trop long.
Ce qui devait arriver, arriva. Elle marcha sur un pan de la robe et perdit l’équilibre.
Elle étouffa un cri avant de s’échouer sur le bureau en bois massif.
Ses paumes s’appuyant sur la première surface qu’elle pourrait atteindre, malheureusement elle ne put empêcher le choc de son visage contre le magnifique et solide meuble.
Si ce n’était pas une entrée fracassante.

Empêtrée dans les tissus de son uniforme, elle se relève péniblement, vérifiant qu’elle n’avait pas déchiré sa tenue dans son immense maladresse. Puis en second temps, son propre visage.
Son crâne avait fait un bruit assourdissant, et une marque était maintenant visible sur son front et l’arrête de son nez.
Le comte était assis juste là, devant elle, les mains jointes devant son nez, il était immobile, impassible et avait assisté à toute la scène.
La petite Chloé remarqua sa présence tardivement, la douleur laissa place à la honte.
Elle sentit ses joues et ses oreilles se remplir de son sang chaud, et elle ravala tant bien que mal ses larmes.
Elle avait été ridicule et enchaînait les bourdes depuis son arrivée.
Quelle image le maître des lieux pouvait-il avoir d’elle, à présent ?
Le visage dur et inexpressif de l’homme n’arrangeait rien à son ressenti.

« B-bonjour… ! P-pardonnez-moi… ! »

Bredouilla t-elle, en s’inclinant machinalement aussitôt, oubliant la proximité de sa tête, elle se cogna une seconde fois contre ce joli bureau.
Elle étouffe un gémissement de douleur, en se massant le front une seconde fois.
Elle recule alors aussitôt, pour éviter de reproduire cette erreur.
Dans sa hâte, elle marche cette fois-ci sur le pans arrière de sa robe.
Sa chute est inévitable.

Elle sent alors une présence autour d’elle, la stoppant net.
Des bras l’entourent et le visage d’un homme est à quelques centimètres du sien.

« Bonjour, mademoiselle…Chloé ? Pardonnez-moi. Je crains de ne connaître que votre prénom. »

Elle se retrouve ainsi dans les bras du comte, qui a l’air amusé de cette situation, compte tenu du micro-sourire qu’il a au coin des lèvres et qui a du mal à quitter son visage.
Cette proximité est une aubaine, elle arrive à admirer les traits de cet homme malgré la faible luminosité. Subjuguée par sa chevelure ample et soignée, son teint étrangement pâle mais pas moins beau. Ses mains ne sont plus là pour obstruer le bas de son visage, et son expression est beaucoup moins froide à cette distance. Elle entraperçoit même la blancheur éclatante de sa dentition qui se reflètent un court instant dans les pupilles sombres de la jeune servante.
Sans parler de cette voix envoûtante qui résonne en elle, et entre les murs de cette pièce.
Une voix qui paraissait froide aux premiers abords, grondante et rauque qui laissait deviner qu’il avait l’habitude de contrôler et d’imposer un certain respect, mais également posée et assurée, tellement rassurante aux oreilles de Chloé.
Son regard la transperçait et semblait lire en elle.
Le temps semblait s’être arrêté, et elle avait inconsciemment retenu sa respiration.

Quand soudain, elle sentit un liquide tiède couler de son nez.
Un filet rouge vif se dessine sur son visage, de sa narine jusqu’à ses lèvres.
Elle sent le comte plus tendu, il s’éloigne presque aussitôt qu’elle arrive à se maintenir à nouveau sur ses deux jambes.

« Il faudra faire quelque chose pour cet uniforme, qui est vraisemblablement pas à votre taille. »

Dit-il, préoccupé, et en s’éloignant vers son bureau.

2020.03.19

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