Guirlande [R-18]

Le retour d’Alain à l’école passa presque inaperçu.
Les autres élèves chuchotaient et d’autres l’ignoraient comme d’habitude.
Ils n’avaient jamais été très sociables envers les autres camarades de classe. Cela n’était pas choquant.
Ils restaient entre eux, soudés.
Hélène lui avait permis de rattraper tous ses cours.
L’autre élève suspendu ne tarda pas à faire son retour en grandes pompes. Saluant ses amis et n’hésitant pas à s’exprimer sur la dureté de cette semaine chez lui, en jetant des regards prononcés vers celui qui en était la cause.
Hélène jeta à peine un regard derrière elle et emboîta le pas de son frère pour se rendre en cours.
La journée se passa sans accroche.
Pas de cours d’entraînements aujourd’hui.

Ils étaient sur le point de quitter les lieux d’études.
Dans l’entrée, quelqu’un accourut pour interpeller Alain.
Il ne cacha pas sa surprise.

— Le professeur m’a dit qu’il voulait s’entretenir avec toi rapidement. Il a oublié de te le dire. Il t’attend dans la salle de classe à l’étage.
Expliqua t-il un peu essouflé.

Alain jeta un coup d’oeil à Hélène.

— Je vais rentrer d’abord, prends ton temps.
Répondit-elle, comprenant sa question non formulée.

— Ok, on se retrouve à la maison.
Dit-il en retournant sur ses pas.

Elle se dirigea vers la sortie, quand ce fut à son tour de se faire interpeller, par une autre personne.

— Est… ce que… tu as un peu de temps… ? Je voudrais te dire quelque chose… en privé…

Le garçon semblait gêné et pas très à l’aise.

— Euh… oui ?
Réfléchit-elle.

— Tu veux bien me suivre dans un endroit avec moins de monde… ?
Demanda t-il en regardant le flux d’étudiants passer autour d’eux et sortir.

C’était compréhensible , elle acquiesça et le suivit.
Il était nerveux et elle le ressentait.
Il se dirigea vers le gymnase d’entraînement.
À cette heure-ci, elle était étrangement vide. D’habitude il y avait toujours un ou deux groupes qui révisaient les gestes et techniques. C’était peut-être pas l’heure exacte où ils arrivaient. Elle était déjà venue pour s’améliorer.
Il s’arrêta devant elle.
Elle ouvrit la bouche mais la referma aussitôt. Finalement c’était son problème.

— Tu voulais me dire quoi… ?
Demanda t-elle pour briser le silence.

Il regardait autour de lui, effrayé par quelque chose.
Elle regarda également autour d’elle.

— Il n’y a personne, tu peux parler.
Le rassura t-elle.

La porte s’ouvrit derrière elle et trois autres personnes arrivèrent.
L’élève devant elle s’en alla de manière précipitée, sans même lui adresser une parole et il évita son regard.
C’étaient Ulysse et deux autres garçons, dont celui qui avait interpelé son frère.

— Surveille la porte.
Dit Ulysse au timide, qui acquiesça sans demander son reste.

Hélène commença à rassembler les pièces du puzzle et une peur l’envahit. Qu’est-ce qu’il manigançait ?
Elle était seule contre trois.
Elle resta sur ses gardes et recula d’un pas.

— Qu’est-ce que tu me veux ?
Dit-elle, sur la défensive.

Il s’avança seul vers elle.

Ses acolytes restaient à observer. Étaient-ils là juste pour le rassurer et intimider ?

— Hm… tu vas bientôt le savoir.
Dit-il, en se pavanant, le sourire au coin des lèvres.

— T’approches pas de moi. Mon frère t’a mis une raclée, ça t’a pas suffit ?

Elle jetait un regard aux deux autres garçons, mais ils ne semblaient pas bouger.
Elle n’était pas rassurée mais devait montrer qu’elle n’avait pas peur d’eux. Du moins elle essayait.
Elle ne voulait pas se battre, son frère en avait fait les frais et elle savait qu’elle allait s’attirer des problèmes si jamais ils en venaient aux mains.
Il s’approcha encore, ignorant ses paroles.

— T’es pas moche, tu sais ?
Dit-il en la regardant de manière insistante de haut en bas. Son regard s’arrêtant sur sa poitrine généreuse.

Elle était plutôt jolie, c’était un fait. Le corps bien formé depuis l’adolescense, elle avait développé sa poitrine qui la gênait plus qu’autre chose lors des cours de combat. Musclée comme toutes celles de sa classe, elle avait une bonne morphologie, la peau légèrement hâlée et ses magnifiques cheveux noirs un peu bouclés, avec son regard doux comme ceux de sa mère, aux pupilles marron. Dans un autre contexte elle aurait pris ça bien, mais dans celui-ci, elle se sentait souillée par ces mots et son regard lubrique.

Elle ne prit pas la peine de lui répondre.
Il était maintenant juste devant elle.
Elle ne put s’empêcher de lui donner une gifle qui résonna dans tout le gymnase.
Le coup était parti tout seul et elle se surprit elle-même d’avoir fait ce geste

— Merde.
Pensa t-elle.

Il resta cloué sur place, ne s’attendant pas à se faire gifler. Ses amis étaient tout autant surpris et ne savaient pas s’ils devaient en rire.
Il se sentit humilié et voulut frapper Hélène. Qui était préparée et évita son coup.
Elle se dit qu’elle devait éviter d’envenimer la situation, sans non plus s’excuser pour sa baffe, mais si elle pouvait éviter de se battre, ça serait bien.
Elle évita alors assez facilement tous les coups qu’Ulysse voulait lui asséner.
Plus il essayait et plus il s’énervait, et ses coups devenaient de plus en plus prévisibles.

— Arrête de bouger… !!!
S’écria t-il.

Il s’épuisait tout seul.

— Bon… est-ce que je peux partir, maintenant ?

Elle aurait pu essayer d’ouvrir la porte mais les deux autres acolytes semblaient monter la garde, et elle craignait encore qu’ils ne décident de le rejoindre.
Elle aurait pu également passer par la porte du vestiaire, mais tourner le dos à trois garçons, ce n’était pas la meilleure idée qui soit.

*

D’ailleurs, son frère, qu’en était-il ?
Il était arrivé à la salle de classe où son professeur était supposé l’attendre. Il entra. Personne.
Il entendit la porte se refermer derrière lui et un bruit de serrure.
Quelque chose n’allait pas.
Il voulut ouvrir la porte mais elle était maintenant verrouillée.
Il ragea de l’intérieur. Il essaya de forcer mais s’arrêta.
Il ne fallait pas qu’il abîme le mobilier, sinon ça se retournerait contre lui et il ne voulait pas devoir expliquer qu’un élève ou quelqu’un s’était amusé à l’enfermer dans la salle.
Il s’était fait piéger et il se doutait qu’Ulysse était à l’origine.
La porte n’allait pas s’ouvrir.
Même s’il voulait l’enfoncer, les gonds n’étaient pas dans le bon sens.
Il soupira et se tourna vers les fenêtres.
Il n’était pas si haut, le premier étage. Par chance les fenêtres n’étaient pas verrouillées.
Elles donnaient vers la cour intérieure.
Il fit attention à ne pas se faire mal en essayant de s’accrocher aux aspérités et aux pierres du mur pour descendre petit à petit, atteignant l’étage du dessous et se laisser tomber.
Il se dépoussiéra les vêtements et se releva comme si de rien n’était et il prit le chemin de la maison.

*

— Vous allez me regarder longtemps ?!
S’énerva Ulysse.

— Attrapez la !
Ordonna t-il.

C’était ce qu’elle redoutait et elle prit ses distances.
Elle ne connaissait pas leurs niveaux et essayait de jauger où ils se situaient par rapport à elle.
Ils essayèrent de l’attraper à plusieurs reprises mais elle réussit à esquiver, jusqu’à ce que l’un des deux attrape un pan de ses vêtements, sa manche, et la déchire pendant qu’elle essaye de se dégager.
Ulysse eut le temps de reprendre son souffle et se joignit à l’attaque.
Les nombreux assauts avaient épuisés Hélène.
Elle devait faire attention aux deux garçons et être attentive à leurs mouvements.
Elle se relâcha un bref instant et l’un d’eux réussit à lui attraper le bras, l’autre profita de cette ouverture pour l’immobiliser en lui attrapant l’autre bras.
Elle ne pouvait plus rien faire. Ils étaient plus forts qu’elle à deux, lui imobilisant chaque bras.
Ulysse était satisfait et cela se voyait sur son visage.
Il s’approcha à nouveau d’elle.

— Pourquoi vous faites ça ?!
Demanda t-elle, désespérée, en continuant de se débattre. Sans succès.

Elle espérait une réponse mais au fond d’elle, elle savait que c’était peine perdue, que la réponse serait injuste envers elle.
Il fouilla dans sa poche et en sortit une sorte de fiole.

— Qu’est-ce que-

Elle n’eut pas le temps de s’exprimer.
Il lui attrapa la mâchoire et avec la pipette qui se trouvait sur le bouchon de la fiole, il injecta directement dans le fond de sa gorge, un liquide pâteux qui glissa dans sa trachée. Impossible de cracher ou d’empêcher cela.
Il avait maintenu sa tête et sa mâchoire de sorte qu’elle soit obligée d’avaler.
Elle dut déglutir, en toussant. Il lui avait serré la mâchoire tellement fort qu’elle avait encore mal après qu’il eut relâché son emprise.

— C’est pour punir ton frère. À cause de lui mes parents m’ont passé un savon mémorable. Je vais lui apprendre à rester à sa place.

Ils semblaient attendre quelque chose.

— Qu’est ce que-
— Ah ça ?
Il montra le flacon vide.

— C’est rien. Tu vas vite en ressentir les effets. T’inquiète pas, c’est pas du poison, tu vas pas en mourir.
Rit-il.

Elle ne trouva pas sa remarque drôle, au contraire, elle s’inquiéta, même si elle fut rassurée que sa vie ne soit pas directement en danger.

Il commença un monologue, comme s’il avait besoin de s’exprimer et qu’on l’écoute. Et surtout qu’ils attendaient toujours.

— J’ai eu le temps de faire mes recherches pendant cette semaine chez moi. Chercher ce produit, trouver un moyen pour te le faire boire… c’était pas de tout repos.
Tu seras beaucoup plus docile dans quelques minutes. On va pas occuper le gymnase toute la soirée, ça serait louche, n’est-ce pas ?

Elle se sentit tout à coup fatiguée, plus qu’auparavant.
Elle avait chaud et sa respiration était beaucoup plus lente. Sa vision était plus floue et elle semblait voir le monde au ralenti.
Etait-ce ce qu’elle avait avalé ?
Ses muscles étaient engourdis, et elle sentit ses jambes se dérober sous elle, bien qu’elle tenait encore debout.
Elle n’arrivait plus à se débattre ni contracter ses muscles. Son corps ne lui obéissait plus.
Les acolytes firent un signe à Ulysse pour le prévenir qu’elle ne se débattait plus et semblait ailleurs.

— Ah, j’ai presque failli attendre ! Amenez la dans le vestiaire. Je vais prévenir qu’il n’y a plus besoin de garder la porte du gymnase. Je vous rejoins.

Ils trainèrent le corps titubant d’Hélène qui avait l’air soûl.

— C’était peut-être de l’alcool ?
Se demanda t-elle.

Son esprit était de plus en plus embrouillé.
Même si elle tentait de résister, plus le temps passait et moins elle était consciente.

Les deux la posèrent sur un banc, sur lequel elle s’allongea directement tellement elle ne tenait plus debout ni assise. Ils la regardèrent, et se regardèrent. Elle était vulnérable et ils n’étaient pas sereins de cette situation.
Elle semblait dormir mais ses yeux étaient à moitié dans le vague, de temps en temps elle les rouvrait mais pas longtemps. La manche déchirée était encore dans sa main et il la posa sur le banc.

— Elle me fait de la peine comme ça…
— Je crois qu’on en a assez fait… non ?

L’inquiétude s’entendait dans leur voix.
Ulysse ne tarda pas très longtemps.
Il ne semblait pas vouloir s’arrêter là.
Il s’accroupit pour mieux la regarder.

— On fait moins la maligne dans cet état… hein ?
La narguait-il.

Il essaya de la déshabiller.

— Tu fais quoi ?!
S’écria l’un de ses acolytes, paniqué.

— Bah, on va s’amuser.
Répondit-il, ne voyant pas où était le problème.

— Ah… d’accord.

Il ne voulait pas le vexer mais d’un autre côté, il voulait partir pour ne pas être mêlé à cela.
Son camarade avait l’air de penser la même chose, au vu de son regard qu’il lui adressait.

— J’ai envie d’aller pisser…
Dit soudainement celui qui était resté silencieux.

— Putain, tu fais chier. Dépêche-toi, ou je vais m’amuser sans toi.
Répondit Ulysse, le dos tourné aux deux autres.

— Euh… moi aussi…
Ajouta l’autre.

— Grouillez-vous, je sais pas combien de temps le produit va faire effet. En tout cas c’est trop drôle comment elle est totalement à notre merci.

Il toucha ses bras puis posa ses mains sur sa poitrine pour la malaxer.

— Les gars, ses seins sont ouf !

Il s’amusait comme un enfant qui découvrait le corps d’une femme.

— On revient vite. Tu nous attends hein !
— Ouais… c’est pas sûr si vous prenez trop votre temps.

Il ne leur adressa même pas un regard.

Ils s’étaient rendus aux toilettes en se dépêchant, dès qu’ils furent assez loin, ils chuchotèrent.

— Mec, ça craint. On fait quoi ?
— Je sais pas… on peut pas le laisser tout seul avec elle, je sais pas jusqu’où il peut aller, et d’un autre côté… il nous écoutera pas si on lui dit d’arrêter…
— Ou il va plus jamais traîner avec nous.
— Merde. Il faut prévenir quelqu’un. Il faut qu’il y ait l’un de nous deux qui reste avec lui, et l’autre qui aille chercher de l’aide.
— Dans tous les cas, on va être dans de beaux draps. Mais je veux pas avoir ça sur la conscience si jamais il arrive un truc de grave à Hélène… elle mérite pas ça.
— Allez, pierre feuille ciseaux.

— T’as qu’à dire que j’ai une gastro et que je peux pas être là. Gagne du temps, il faut pas paraître suspect sinon il risque de se douter qu’on a vendu la mèche…
— Ok. Fais vite.

Ils se séparèrent.

Pendant ce temps.
Ulysse avait commencé à la peloter sans vergogne.
Elle réagissait à peine, elle était droguée.
Un de ses amis revint.

— T’es tout seul ?
— Euh… il est pas bien, il a la gastro je crois.
— Il déconne, il fallait que ça arrive maintenant ! Tant pis pour lui.
— O-ouais… il est grave dégouté.
— Bon, on commence sans lui.
— Tu faisais quoi ?
— Je réfléchissais à quoi lui faire. Tu veux toucher ses seins ?
— Euh… okay…
— Fais pas ton timide, elle se souviendra de rien, t’inquiète.

Il y alla sans trop de conviction.

— Qui commence ? Tu veux être le premier ?
— À… faire quoi ?
— Quelle question ! À la baiser !

Il se crispa. Il fallait qu’il trouve une excuse pour ne pas à avoir à le faire.

— Mais… tu ne crois pas que c’est risqué… ? Ça se trouve elle a des MST…
— Mec. Tu me prends pour qui. J’ai des capotes.

Il sortit de sa poche une girlande de préservatifs.

— T’as pensé à tout.
— Une semaine, gars. J’ai eu le temps de réfléchir. Après, on peut même y aller à deux. Soit en sodomie, soit la fellation. Tu préfères quoi ?
— Euh… j’ai pas réfléchi. Je pensais… qu’on allait juste la punir…
— Bah, c’est ça la punition. Et en plus on va prendre du bon temps.
— Je… je pense pas que je vais réussir à bander… toi, si ?
— J’ai la gaule depuis tout à l’heure, à force de la peloter. Bon, tu te décides… ?

— Je… crois que je vais te laisser y aller en premier. P’tre que ça m’excitera…
Dit-il, en se dégoutant lui-même de prononcer ces mots.

— Si tu veux.

Il commença à enlever la boucle de sa ceinture pour descendre son pantalon. Son pénis était en érection et était à l’étroit dans son caleçon.

— T… t’es sûr qu’on… va pas avoir de problème avec ça… ?
Demanda t-il inquiet.

— Tant qu’on se fait pas choper. Je t’ai dit, j’ai pensé à tout. Je sais qu’aujourd’hui, le gymnase et les vestiaires sont vides, normalement… et même si quelqu’un débarquait, on lui dirait qu’il n’a rien à faire là. S’ils voient des jeunes en train de faire leur affaire, ils savent déguerpir, tu ne crois pas ?
— … Euh si, tu as raison.
— Tu réfléchis trop, c’est pour ça que t’arrives pas à bander.
— Ça doit être ça…

Il priait pour que quelqu’un arrive, et vite.

2020.04.10

2 réflexions sur “Guirlande [R-18]

  1. james dit :

    ah ben, j’ai failli justement écrire en commentaire du texte précédent : « pourvu que l’histoire suivante soit pas une variante ». me voilà fixé.

    en plus j’étais là « elle a écrit des textes avec des créatures malfaisantes qui prennent l’apparence de l’être aimé pour mieux manipuler leur proix, rien ne peux être pire, encore moins dans le contexte d’une école ». mais là, le fait que cela soit ancré dans un contexte plus classique, avec Ulysse qui semble n’avoir aucun remord, aucune conscience, brrr ça fait froid dans le dos.
    je me suis surpris à lire le dernier paragraphe plus rapidement, pour que cela cesse.
    je commence à réaliser qu’entre tes mains, le don d’écriture est une arme à double tranchant. ce texte est encore plus dur que d’autres étaient doux.

    ceci dit, ce texte est excellent. je m’en voudrais si mes remarques te laissaient à croire que je regrette de l’avoir lu.

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