Alice attendait au carrefour des portails de l’Arche du Lion.
Un peu nerveuse et impatiente de revoir son ami.
Elle jouait avec une mèche de ses longs cheveux noirs. Vérifiant qu’ils étaient bien coiffés et qu’aucun épis ne rebiquait.
Elle était un poil en avance et elle vit sa carrure passer le portail d’Hoelbrak.
Il n’eut pas à la chercher longtemps des yeux.
Un sourire se dessina sur son visage lorsqu’il finit par la reconnaître, et s’avança vers elle d’un pas assuré.
— Je pensais être en avance mais tu es déjà là, je t’ai pas trop fait attendre ?
Demanda t-il de sa voix grave.
Il était grand, même pour un Norn. Il avait un tatouage discret qu’on devinait sans problème sur les parties de son corps que son armure ne recouvrait pas.
Elle se demandait toujours comment il pouvait ne pas avoir froid dans sa ville natale, habillé comme ceci.
La peau légèrement foncée, il était chauve et aux yeux clairs. Lorsqu’elle repensait à leur rencontre, elle n’arrivait pas à croire qu’un aussi grand gaillard musclé s’était retrouvé dans cette situation.
*
Il était à terre lorsqu’elle le vit.
Elle s’accroupit pour le soigner et le relever, mais elle ne vit pas l’ennemi qui était caché derrière un rocher.
— Va t-en, laisse moi !
Lui dit-il.
Elle se releva et sortit ses armes.
— Mes petits, je compte sur vous.
Murmura t-elle.
Des insectes et monstres apparurent de nulle part et foncèrent sur la bête.
Elle se rassit près de lui et finit de le soigner, comme si de rien n’était.
— M… merci ?
— Je vous en prie.
Elle se releva sans demander son reste et alla finir le combat contre la bête.
*
Elle se promenait pour récolter des composants lorsqu’elle vit un guerrier se battre contre une bête féroce, certainement un champion.
Elle le regarda de loin, en espérant ne pas le gêner, ne sachant pas s’il était bien venu de sa part de lui donner un coup de main.
Elle coupait son bois à quelques mètres de là, jetant de temps en temps un regard curieux sur la situation.
Elle n’aimait pas se battre contre des bêtes championnes seule.
Soudain, elle vit le guerrier à terre, toujours en train de lutter mais le combat n’était pas fini.
Elle réagit au quart de tour et décida de foncer sur lui pour lui apporter son aide.
Avant que la bête puisse revenir à la charge, elle s’accroupit aux côtés du guerrier et l’aida à se relever.
La bête revenait.
Elle se releva en faisant face au monstre, et elle dégaina ses armes.
— Mes petits, je compte sur vous…
Murmura t-elle.
Elle invooqua des monstres de chair qui semblaient sortir de nulle part, qui foncèrent sur la bête et leur firent gagner un peu de temps.
Elle se rebaissa pour aider le guerrier à terre qui semblait interloqué.
Elle le laissa en plan, et retourna auprès de ses invocations pour leur apporter du renfort.
Le guerrier la suivit et ils finirent la bête sans accroc.
— Merci pour le coup de main.
Dit-il.
La jeune fille renvoya ses petits monstres.
— Je vous en prie.
Elle était sur le point de repartir lorsqu’il l’interpella.
— Quel est votre nom ? On peut se tutoyer ?
Demanda t-il pataud.
— Alice. Alice Sutaren. On peut se tutoyer.
Dit-elle.
— Je peux vous aider à autre chose ?
Ajouta t-elle.
*
— On va faire nos emplettes ? Je te suis.
Dit-il.
Elle qui n’était pas très grande pour une humaine, elle se sentait encore plus petite à côté de lui.
Ils profitèrent de la grandeur de l’Arche et des nouveaux bâtiments rénovés de la place. C’était magnifique et lumineux.
Il n’avait pas grand chose à acheter et après ceci, il lui proposa de se poser pour manger quelque chose.
— Si tu n’as rien à faire cet après-midi, ça te dirait de faire un tour dans mes contrées ?
Proposa t-il.
— Je n’ai rien contre, mais… je n’ai pas de tenue appropriée…. tu aurais dû me le dire avant, j’aurai-
Elle n’eut pas le temps de finir qu’il posa sur le rebord de la table un manteau au duvet blanc.
— Je voulais te faire la surprise. Je l’ai fait moi-même. S’il y a besoin je peux y apporter des retouches.
Elle était bouche bée, et tentait de ne pas rougir tellement ce geste lui faisait plaisir.
— Je n’avais pas encore eu l’occasion de te remercier pour ce que tu as fait l’autre jour. Après, rien ne t’oblige de venir dans les contrées froides avec moi, mais au moins tu seras équipée.
*
— Tu es nerveuse ?
Demanda t-il pour la taquiner.
Ils étaient en face du portail.
— N non…
— Allons-y, alors.
Elle n’était encore jamais allée à Hoelbrak.
Le vent et le froid glacial lui mordirent la joue et toutes les parcelles de son corps.
Évidemment, elle était dans son armure légère, une armure carapace qu’elle affectionnait particulièrement mais qui était destiné à un climat chaud tel que les Contrées Sauvages d’Argent ou bien le désert.
Elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu’il sortit le manteau qui était plus une énorme cape, qu’il posa délicatement sur ses épaules et qui l’enveloppa aussitôt.
La doublure intérieure était douce et chaude.
Il y avait même une capuche également doublée.
Elle n’avait que les pieds et la tête qui dépassaient.
Cette cape était magnifique et coupait le vent comme par magie. Elle était enveloppée d’un cocon.
— Elle te plaît ?
Demanda t-il.
Elle hocha vivement sa tête pour lui signifier son appréciation. Ce à quoi il rit à gorge déployée.
Après la visite d’Hoelbrak.
Ils se posèrent dans un bar beaucoup plus chaleureux et intimiste que celui de l’Arche.
Elle appréciait toute ces décorations et mobiliers en bois.
Le feu de cheminée et ses reflets chauds sur le lieux.
Elle avait l’impression d’être dans une maison de poupée grandeur réelle tellement elle était petite par rapport aux chaises.
Elle buvait un chocolat chaud et se sentait extrêmement bien dans ce lieu.
— Tout est tellement plus chaleureux que le Promontoire Divin.
Se dit-elle à elle-même.
— Pardon, tu disais ?
— Rien d’important.
Sourit-elle.
— Non, dis moi.
Les gens riaient et avaient des conversations tout autour.
— … Je me disais qu’il y avait moins de choses à Hoelbrak, et il y fait plus froid qu’au Promontoire, mais étrangement je trouve qu’il y fait plus chaud…
Répondit-elle en rougissant et se cachant à moitié le museau dans le duvet du manteau.
— Si ça te plaît, tu peux t’installer ici.
Répondit-il du tac au tac.
— Enfin, je veux pas paraître grossier mais si tu veux commencer, j’ai de la place chez moi…. enfin… non… oublie.
Finit-il par se raviser en tentant de cacher son embarras.
Elle ne dit rien et continua de siroter sa boisson.
— Ça te dit que je te fasse visiter les environs ?
Elle acquiesça.
*
Légère comme la brise, elle sautait et courait. On aurait pu croire que le blizzard l’emporterait.
Au bord d’une rivière, le climat était moins froid.
Elle avait le regard perdu au loin, vers les montagnes enneigées.
Il l’embêta en l’éclaboussant d’eau.
Ils se chamaillèrent jusqu’à ce qu’elle se retrouve à rouler dans l’herbe avec lui, et qu’elle finisse au dessus de son torse.
— Pour une humaine de petite taille, tu caches bien ton jeu.
Dit-il, en l’observant avec admiration.
Elle se releva aussitôt, en remettant sa cape en place.
Sur le pont en bois.
Elle s’arrêta et contempla le paysage.
Le vent soufflait et la neige également.
Il resta là, à l’observer.
Elle avait l’air tellement triste pendant cet instant.
— Il t’arrive de faire des missions seules ?
— Non… je n’aime pas trop ça…
— Pourtant tu te débrouilles plus que bien. J’ai pu le voir quand tu m’as aidé.
— … Parce que je n’étais pas seule, tu te trompes.
— Je suis certain du contraire. Je peux te le prouver.
— Je préfère pas… même avec mes petits bébés… c’est trop dangereux…
— Dans ce cas, fais équipe avec moi. Je te protègerai s’il arrive quoi que ce soit.
— Tu me dis ça alors que je t’ai sauvé les miches ?
Se moqua t-elle.
2019.04.15