Elle sortait souvent la nuit en cachette. Elle attendait que son frère et ses parents dorment à poings fermés.
Alors elle se glissait lentement et à pas de feutre hors de son lit et de la maison.
Elle était attisée par la curiosité de la Terre.
Elle emprunta le portail qui y amenait. Elle n’avait pas peur et ne craignait rien.
Elle se disait qu’au pire des cas elle arriverait à s’enfuir et rentrer rapidement au moindre problème. Elle ne s’éloignerait pas.
Elle arriva dans une grotte derrière une cascade.
Il faisait nuit sombre et elle devinait la cascade au son qui résonnait à ses oreilles. La lumière de la lune se reflètait sur l’eau et éclairait légèrement l’intérieur de la grotte.
Elle réussit à sortir sans se mouiller.
Elle restait là à observer la lune. Elle voyait la lune d’un autre point de vue.
Les arbres, le vent. La terre.
Le vent n’était pas aussi fort qu’en haut. Il était plus doux, ainsi que le bruit des feuilles des arbres.
Elle trouvait ça raffraîchissant.
Elle réfléchissait.
Ça faisait plusieurs nuits qu’elle faisait cela.
Son frère ne l’avait pas encore découvert.
Elle ne pouvait pas le dire à ses parents, ils ne la laisseraient pas y aller seule. Trop dangereux.
Ils auraient demandé à son frère de la surveiller et de l’accompagner.
Elle ne pouvait se résoudre à l’imposer à l’accompagner et perdre des heures de sommeil précieuses.
C’était aussi une occasion de se sentir un peu libre et réviser quelques chants sans déranger les gens.
Sans qu’on la remarque.
Elle aurait pu faire cela chez elle, dans son jardin. Ou alors retourner au terrain d’entraînement. Mais elle risquait d’être vue par les voisins et déranger leur sommeil. Puis ils la prendraient pour une folle.
Une nuit, elle fredonnait, au bord du lac et de la cascade. Soudain, elle entendit une voix.
— Qui est là ?
Une voix grave, féminine.
Elle se tourna dans sa direction. Elle ne voyait pas très bien.
La personne s’avanca.
C’était une fille.
Elle avait une chemise trop grande pour elle, raccommodée comme elle le pouvait avec des ficelles pour ne pas top gêner ses mouvements, elle avait un pantalon et des bottes.
Elle était habillée comme un homme. Ses cheveux, sombres et attachés en queue de cheval.
Si sa voix et sa poitrine ne l’avaient pas trahie, on aurait pu croire à un jeune garcon.
Son visage, ressemblait étrangement à celui qu’elle avait.
Elles se fixèrent mutuellement.
Elles n’étaient pas seules.
Un bruit dans les bois se fit entendre.
Quelqu’un approchait.
Un homme d’âge moyen s’approcha.
— Je ne pensais pas que je tomberai sur deux desserts ce soir.
Dit une voix sarcastique grave.
La jeune fille mystérieuse sentit l’aura hostile de cet étranger.
Elle recula.
Elle posa sa main sur l’arbre le plus proche et aurait pu s’enfuir en courant.
Elle vit l’homme s’avancer non chalemment dans la lumiere lunaire.
Il ne semblait pas marcher tres droit.
Il marqua une pause, observa les jeunes filles alternativement et fonca sur celle qui avait l’air le moins dur a attraper. Celle qui semblait ailleurs, celle a la pleine lueur et pres de l’eau.
Elle ne comprit pas tout fait la situation.
Elle vit l’autre jeune fille reculer, un homme venait d’apparaitre et l’observait.
Il fonca subitement sur elle.
Elle se figea de surprise et de peur.
— Va-t-en !
Cria l’inconnue.
Enfin, ses jambes se décidèrent à bouger.
Elle se mit à courir dans la direction opposée, vers la forêt.
— Merde !
Jura l’autre fille.
Elle courut vers elle, lui attrapa la main et lui indiqua de la suivre.
Celle qui avait les cheveux lachés n’était pas très endurante, elle commençait à peine de courir qu’elle était essouflée.
Elle n’osait pas jeter un regard derrière elle.
Elle ne voulait pas être un fardeau.
Elle décida de lancer un sort d’endurance sur le groupe, même si elle savait que ça n’aurait pas d’effet sur elle. C’était sa condition physique.
Elle chanta un autre sort de rapidité.
Elle posa des barrières de force derrière elles.
Elles s’étaient arrêtées un instant derrière un arbre.
Celle à la queue de cheval avait remarqué qu’elle faiblissait.
— Hé, ça va aller ?
— … Ah… Ah… Oui, ça va, on peut continuer…
Elle était complètement essoufflée.
À moitié courbée, les mains sur ses jambes.
Cela se voyait qu’elle luttait.
Elle lui reprit la main et la guida.
Soudain, l’homme se retrouva devant elles.
— C-Comment ?!
— J’avais pourtant… Mis… Des pièges…
— Alors, c’est toi la sorcière… ?
L’homme semblait aussi avoir couru et était essouflé.
Elle fit reculer la faible derrière elle, et semblait vouloir engager le combat.
— Amusons-nous !
Il riait.
Il engaga, elle riposta du mieux qu’elle put.
Celle en retrait reprit son souffle, observa le combat et commença a cantonner faiblement mais rapidement des formules.
Elle ne pouvait pas rester là sans rien faire.
Elle ressentit une chaleur à ses pieds qui finit par l’englober. Ce n’était pas une chaleur comme une autre, elle était douce et agréable.
Elle tourna sa tête furtivement vers elle.
Elle devait rester concentrée.
C’était un avantage considérable de l’avoir à ses côtés.
Elle était beaucoup plus rapide, elle fut protégée par une sorte de bouclier invisible lorsqu’il fut sur le point de la blesser
Elle en profita et mis fin au combat.
Elle planta son épée dans le ventre puis la ressortit et lui trancha la gorge.
Elle put souffler.
Elle fouilla le cadavre. Rien d’intéressant.
Elle se retourna vers l’autre qui la ressemblait étrangement.
— Ça va ?
— Oui… Merci de m’avoir aidée…
— C’est à moi de te remercier.
Elles s’observèrent.
— Comment t’appelles-tu ?
Finit par demander la farouche.
— Ange.
— Hélène.
— Je… Merci beaucoup. Je te suis infiniment reconnaissante. Je ne sais pas quoi faire pour te remercier…
Elle la regarda sans rien dire.
— Ah… ! Prends ceci en guise de remerciement…
Elle retira sa cape et lui donna.
— … Merci mais je.
— Je suis désolée, je dois rentrer tout de suite. Accepte ceci, jusqu’à notre prochaine rencontre !
— Att-
Ange partit en courant dans la direction d’où elles venaient.
Quelle étrange rencontre.
Pensèrent-elles toutes les deux.
Hélène rentra chez elle.
C’était une cabane cachée sous des branches et des feuilles.
Lorsqu’elle arriva devant la porte, elle était entrouverte.
Elle s’inquiéta. Elle était sûre d’avoir fermé la porte avant de partir faire une balade.
Un homme sortit et alla à son encontre.
Elle se figea.
— Que faisais-tu ?
— Papa… Je.
— Je t’ai déjà dit que c’était dangereux de sortir la nuit.
Il la jaugea.
— D’où vient cette cape ?
— Je… J’étais allée jusqu’au lac… Il y avait une fille qui me ressemblait… Et un rôdeur…
— Un rodeur ?! Hélène !
— Papa… Je suis désolée…
Il soupira.
— Tu n’es pas bléssée ?
— Non… La fille avec qui j’étais m’a donnée cette cape…
La cape lui allait comme un gant, comme si elle avait été taillée pour elle.
— Elle te ressemblait dis-tu ?
Cela l’intriguait.
Ange essouflée, prit le portail.
Elle arriva dans son monde, il ne faisait pas encore jour.
Elle était sauvée, il fallait qu’elle rentre sans que sa famille le remarque.
Elle marcha normalement jusqu’à chez elle.
Elle entra par la porte d’entrée et la referma avec le moins de bruit possible, puis monta les escaliers à pas de feutre jusqu’à la chambre qu’elle partageait avec son frère.
Elle ouvrit la porte, tout doucement et pris soin de la refermer sans bruit.
Elle se retourna et se retrouva nez à nez avec son frère.
Elle sursauta. Elle était dans de mauvais draps.
— Où etais-tu ?
Murmura t-il.
Elle était en sueurs et n’avait plus sa cape.
— Où est ta cape ?
2012.05.30